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Cartes 2001 : la carte à puce en plein essor

Malgré la crise des télécoms, le marché de la carte à puce est en pleine effervescence. Multiapplicative et dotée de plus en plus de fonctions, elle répond aux nouvelles exigences du commerce électronique et de la sécurité informatique.

Si les industriels de la carte à puce souffrent du ralentissement de la téléphonie mobile, principal vecteur de croissance du marché ces dernières années, le petit rectangle de plastique inventé il y a vingt-cinq ans par Roland Moreno se porte bien. On a pu effectivement le constater avec le dynamisme du salon Cartes 2001, dont la seizième édition s’est tenue au Cnit du 23 au 25 octobre. “Le marché de la carte à puce en est encore à ses balbutiements, et son potentiel est immense”, proclame avec optimisme Annette Elholm, l’organisatrice du salon.Ce potentiel tient en premier lieu à l’adoption de la carte à puce au niveau mondial. Si la technologie a conquis le marché français et l’Europe dans les années quatre-vingt-dix, elle commence tout juste à décoller en Amérique et en Asie. Des continents où l’utilisation de la carte à puce va devenir massive, grâce à l’essor de la téléphonie mobile et à la migration vers le standard international de cartes de paiement EMV (Eurocard, MasterCard, Visa). Ainsi, les prévisions font état d’un doublement du marché d’ici à 2005, avec une production qui atteindra alors 4 milliards de cartes (voir graphique).Ce succès, les cartes à puce le doivent d’abord à une véritable percée technologique. De plus en plus puissantes, elles s’apparentent désormais à un micro-ordinateur. Les puces à architecture Risc 32 bits, qui ont été commercialisées cette année (microcontrôleurs d’Infineon ou Incard), atteignent une puissance de calcul déjà équivalente à celle d’un PC 486.

Faire cohabiter plusieurs applications sur une carte

Cette évolution des capacités ouvre aussi la voie aux cartes multiapplicatives. Ces dernières abandonnent les vieux systèmes propriétaires au profit de systèmes ouverts standards, tels Windows for SmartCard, Mutos et surtout Java. Avec, à la clé, la possibilité pour l’utilisateur de charger et faire cohabiter sur la carte plusieurs applications en fonction de ses besoins. Avec l’architecture distribuée d’un système comme Java, il devient possible en effet d’accéder de façon dynamique à différents services, présents en partie sur la carte, en partie sur les réseaux.Les applications de ce type de carte semblent vastes, qu’il s’agisse d’ajouter aux cartes de crédit des services de carte de fidélité (cartes GemShare et GemVision de Gemplus), ou de permettre à un téléphone portable d’effectuer des transactions bancaires (Simera e-motion de SchlumbergerSema). Mais, comme le déplore laconiquement Daniel Lebourhis, du cabinet d’analystes Metagroup, en visite sur le salon, “les cartes multiapplicatives sont prêtes, mais reste à trouver les idées ou les start-up qui permettront le développement de ces nouvelles applications”.Si ces applications concrètes font encore défaut, les fabricants, eux, ne manquent pas d’idées pour développer le potentiel de la carte. Ainsi Gemplus a dévoilé un prototype, baptisé Sumo, qui intègre, dans le plastique de la carte, sept puces de mémoire flash pour un volume de stockage de 224 Mo. Un chiffre qui tranche avec les quelques kilo-octets de mémoire disponibles sur les cartes actuelles. Sumo pourrait être utilisée, selon le fabricant, pour résoudre le problème de violation des droits d’auteur lors du téléchargement de fichiers multimédias (musique, vidéo, livre électronique, etc.). Plus globalement, une telle carte permettra aux utilisateurs d’avoir sur eux, de manière sécurisée, toutes leurs données personnelles.

Vers la suppression du lecteur

Une autre tendance révélée par le salon est l’intégration, directement sur la carte, de fonctions jusqu’à présent assurées par les lecteurs. “Le tandem carte-lecteur est le couple infernal de la carte à puce depuis des années, le coût et les problèmes d’interopérabilité étant des freins à la diffusion de la carte”, explique Charles Copin, responsable des conférences de Cartes 2001.Pour rendre caduque l’utilisation du lecteur, SchlumbergerSema a intégré à la puce de sa carte e-gate l’interface ISO standard de la carte à puce et un contrôleur USB. D’autres fabricants vont plus loin encore, en transformant la carte à puce en terminal à part entière. C’est le cas de Gemplus, qui a dévoilé le prototype d’une carte dotée d’un dispositif d’affichage digital (voir photo), mais plus encore de la Smart-Codes de SEP Technology, munie d’un écran et d’un clavier, qui génère un code à usage unique pour sécuriser les transactions en ligne.

Le support idéal pour conserver mots de passe autres données statiques

Enfin, Cartes 2001 a montré une nouvelle fois l’importance de la carte à puce pour sécuriser de bout en bout les réseaux informatiques. Associée aux infrastructures de PKI, elle apparaît comme le meilleur support pour stocker et sécuriser les données statiques (mots de passe, numéros de cartes bancaires, etc.) ainsi que les clés privées et publiques du chiffrement asymétrique.La mise en ?”uvre cette année de la signature électronique pour le paiement de la TVA sert d’ailleurs de détonateur. “Bien sûr, il est possible de tout sécuriser sans carte à puce, constate Frédéric Engel, directeur marketing Europe d’ActivCard.Mais, à titre de comparaison, il sera toujours plus facile de s’entendre avec un assureur si votre porte blindée a trois points plutôt qu’un.”

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Laurent Sounak et Francisco Villacampa