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Avec Moves, vous n’aurez plus aucun secret pour Facebook

On a appris la semaine dernière que Facebook s’était payé Moves, une appli qui, comme bien d’autres, vous permet de suivre votre activité physique? Mais qui est surtout en mesure d’emmagasiner des données personnelles avec une efficacité redoutable.

Sans tambour ni trompette. Le rachat de Protogeo Oy par Facebook n’a pas provoqué la même tempête médiatique que la méga-acquisition de WhatsApp ou les interrogations qui ont suivi celle d’Oculus VR. Et pour cause : les sommes en jeu étaient clairement moindres, même si elles n’ont pas été communiquées. Pourtant, la nature de l’appli que cette start-up finlandaise a lancé, Moves, amène vite à se poser des questions sur ce qu’en fera Facebook dans le futur. 

Moves, qui a connu un petit succès -4 millions de téléchargements sur iPhone et Android depuis son lancement- se présente comme un «tracker » d’activité, à la manière des bracelets connectés Gear Fit ou Fitbit. Il vous suffit de le télécharger pour que votre smartphone, grâce à son accéléromètre, compte le moindre de vos pas, calcule les calories que vous dépensez, la distance que vous parcourez… Jusqu’ici, rien que des fonctions parfaitement classiques. « Un outil incroyable pour les millions de gens qui souhaitent mieux connaître leur activité physique quotidienne » a vanté la machine de com’ de Facebook dans un communiqué. 

 Sauf que Moves va beaucoup plus loin dans le « quantified self ». Le programme récupère également en permanence les données du GPS de votre mobile et retranscrit sur une frise chronologique l’ensemble de vos mouvements et activités de la journée avec précision. Il vous propose même de renseigner sur une carte les lieux que vous avez fréquentés, avec l’aide de la base de données de Foursquare. En ce sens, il ressemble davantage à un produit comme feu Latitude de Google : Moves capte tous vos déplacements, sait où vous allez, combien de temps vous restez à un endroit, quand vous utilisez la voiture, les transports en commun etc. Et en garde une trace jour après jour, semaine après semaine, dans un journal que vous pouvez consulter à tout moment.

Tout cela est bien entendu parfaitement privé, même si Moves permet de partager ponctuellement ses « performances » avec ses amis. En revanche, les données personnelles qu’il génère sont accessibles par le biais d’une API à une cinquantaine de programmes tiers, qui vont de l’appli de diététique à des carnets intimes, en passant par ce site (voir capture cu-dessous) qui pioche dans vos données perso pour vous montrer vos déplacements minute par minute sur une carte. Génial, ou carrément flippant, c’est selon. 

Moves, de l’or pour Facebook

Fidèle à son habitude, Facebook a souhaité désamorcer d’emblée toute polémique en indiquant que le service continuerait à fonctionner de façon autonome et qu’il ne comptait pas récupérer les données personnelles récoltées par Moves. Un discours bien rôdé, répété à chaque acquisition depuis le rachat d’Instagram, qui devait aussi, selon Zuck, continuer à « continuer à grandir indépendamment de Facebook ». Ce qui est certes toujours le cas… Même si depuis un an et une modification des conditions générales d’utilisation d’Instagram, vos données sont désormais partagées avec la maison mère.

Moves pourrait-il suivre un chemin identique ? Le service doit en tout cas faire briller les yeux de certaines huiles du côté de Menlo Park. Pensez donc, une appli qui récupère en continu des informations précises et pertinentes sur les activités et la position d’un individu…  C’est de l’or pour une entreprise comme Facebook, dont le business model repose justement sur la connaissance intime de ses utilisateurs et donc des pubs toujours mieux ciblées !

Quoiqu’il arrive à Moves dans le futur, Facebook, pas fou, a rapatrié ses têtes pensantes, qui ne seront plus si « indépendantes » que ça. D’après les informations du Wall Street Journal, les fondateurs de la société et tous ses employés vont quitter Helsinki et seront dispatchés bientôt entre les bureaux londoniens et californiens de la firme américaine. Il y a donc de fortes chances qu’elle utilise leur savoir faire pour améliorer ses compétences là où elle n’a jamais fait mouche : la géolocalisation.

Facebook n’a en effet toujours pas trouvé le bon moyen pour doper l’usage de services géolocalisés, qui ont pourtant un énorme potentiel pour lui offrir un nouveau relais de croissance publicitaire : voici trois ans, il a même choisi d’arrêter Facebook Places (Lieux, en français), un outil qui permettait d’indiquer à ses amis l’endroit où l’on se trouvait. Un bide.

Mais Facebook n’a pas pour autant cessé de faire  des efforts pour s’imposer sur ce secteur potentiellement juteux. En 2012, il a racheté Glancee, une petite start-up spécialisée dans la géolocalisation passive et permanente. Et il vient d’activer une fonction –optionnelle, soit- qui permet d’être tenu automatiquement au courant si des amis sont à proximité.

Moves pourrait bien être le socle de la géolocalisation Next Gen pour un géant des réseaux sociaux, qui se cherche encore en la matière. Ce qu’il souhaite avec une telle appli ? Vous pousser à utiliser une nouvelle fonction qui vous permettrait de partager en permanence votre position… et que vous trouviez ça cool. Dans ce cadre, Moves est une arme de destruction massive, qui pourrait bien provoquer, après demain, de nouvelles polémiques quant au respect de nos vies privées. En attendant, de nombreux utilisateurs de la première heure ont supprimé leur compte Moves dès qu’ils ont appris que Facebook avait mis la main sur cette petite perle. 

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Par : Opera

Eric le Bourlout