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Antiporno : la conseillère de David Cameron méconnaît le Net, preuve en 3 tweets

Claire Perry, la membre du Parlement qui a porté le projet de censure de la pornographie en ligne en Grande-Bretagne, a fait, en quelques tweets, la démonstration de son incompréhension du Net.

En Grande-Bretagne, le porno n’est plus le bienvenu en ligne. Le gouvernement britannique a décidé d’imposer des filtres anti-porno aux fournisseurs d’accès du royaume. Claire Perry, membre du Parlement et conseillère du premier ministre David Cameron sur les questions de l’enfance et la lutte contre la pornographie en ligne, est le moteur de cette réforme bien pensante.

Récemment, des hackers qui goûtaient peu la volonté de contrôle de Claire Perry ont hacké son site et y ont évidemment mis du contenus pornographiques. C’est là que les choses ont pris une tournure quelque peu surréaliste, mettant en lumière une méconnaissance profonde de ce qu’est Internet et du fonctionnement du Web.

Arroseur arrosé

Paul Staines, fondateur d’un blog britannique assez connu pour ses prises de positions virulentes et pour ses indiscrétions sur les coulisses de Westminster, répondant au pseudonyme de Guido Fawkes, comme le personnage historique et le héros de V pour Vendetta, s’est amusé de la situation en postant sur son blog une photo du site « defacé ».

La capture d’écran était accompagnée de quelques commentaires grinçants : « Au moins son site Web sera bloqué quand les nouvelles lois prendront effet… » ou encore « NSFW [Not Safe For Work, NDLR, faisant référence à l’expression qui veut que ce contenu peut causer des problèmes s’il est consulté sur son lieu de travail] si vous travaillez dans un endroit ennuyeux ».

Premier dérapage

La potacherie aurait pu s’arrêter là. Mais Claire Perry a visiblement tweeté avant que ses propres conseillers n’aient pu lui expliquer la situation.

Première étape, quelques heures après que Guido Fawkes a posté son billet, elle déclare sur Twitter : « Ce bien connu lobbyiste @guidofawkes a hébergé un lien qui distribue du porno via mon site Web ». Une phrase qui prouve qu’elle ne comprend pas que son site Web est piraté.
Ce dont Paul Staines s’amuse d’ailleurs : « Une fois de plus un peu perdue avec la technologie ? Nous n’avons délibérément pas mis un lien vers votre site Web vulgaire – nous avons juste pris une capture d’écran SFW [Safe For Work, NDLR, sans contenu choquant donc]».

Deuxième étape, quelque temps plus tard, nouveau tweet : « Mes excuses à tous ceux qui sont affectés par le hack de mon site Web, sponsorisé par @GuidoFawkes – cela montre clairement à qui nous avons à faire ».

Guido Fawkes répondait aussitôt à ce message : « Je vous suggère de retirer immédiatement cette déclaration diffamatoire ».

Menaces de part et d’autre

Troisième étape, encore un tweet : « En discussion avec le Sun on Sunday pour être sûre qu’ils connaissent la position de leur éditorialiste politique @GuidoFawkes ». Paul Staines tient en effet une chronique hebdomadaire qui paraît dans l’édition dominicale du Sun, quotidien britannique très populaire. Un dernier message qui laisse flotter quelques menaces dans l’air même si le rédacteur en chef du Sun n’a « aucun pouvoir » sur le blog de Paul Staines.

Là encore, ce dernier répondait : « Seul l’un de nous deux à distribuer du porno sur le Net aujourd’hui, et ce n’était pas moi… ».

Vote populaire

Devant l’incompréhension manifeste du côté de Claire Perry et la tournure que prend la situation, le blogueur a saisi la balle au bond et demande à ses lecteurs s’il doit poursuivre la membre du Parlement, si cette dernière ne présente pas des excuses publiques. Sur 2782 votant, 2404 était favorable à une poursuite en justice à l’heure où étaient écrites ces lignes, soit 86,41%.
Dans une interview accordée au Guardian, Paul Staines, semble osciller entre amusement et consternation : « Si les lecteurs disent de la poursuivre et qu’elle n’a pas présenté ses excuses, nous enverrons une assignation », avant de continuer : « je déteste poursuivre les gens […]. Mais il lui a été demandé de se rétracter ». Il enfonce définitivement le clou : « Je ne pense pas qu’elle comprenne. Le rédacteur en chef du Sun dirige le Sun. Je dirige le blog. Pourquoi n’appelle-t-elle pas le rédacteur en chef du Times également ? […] Ca fait un peu cours de récréation, n’est-ce pas ? Je vais le dire à la maîtresse… »

Surveillance et contrôle

La décision d’interdire le porno par des filtres imposés aux FAI n’est pas très populaire. Les deux principaux arguments avancés par ses détracteurs sont qu’il sera facile de contourner ses filtres et que la liberté voudrait que chacun puisse choisir de mettre en place selon son bon vouloir.
La neutralité du Net est-elle concernée par le porno ? La liberté individuelle est-elle malmenée par ce genre de décision ? Certainement, autant qu’elle l’a été quand il a été imposé à certains FAI anglais de bloquer l’accès au site The Pirate Bay.

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Sources :
Premier porte de Guido Fawkes

Sondage de Guido Fawkes

Guardian

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Pierre Fontaine