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AMD détaille ses nouveaux processeurs Ryzen 3000 pour détrôner Intel

En amont de l’E3 et de sa conférence, AMD organisait son Tech Day, l’occasion de présenter en avant-première ses nouveaux processeurs Ryzen de troisième génération, taillés pour bousculer Intel et séduire les joueurs.

Depuis le Computex, il y a environ deux semaines, durant lequel AMD a dévoilé ses Ryzen 3000, un vent rouge souffle sur la planète high tech. AMD semble revenir plus fort et plus remonté que jamais, prêt non seulement à raccrocher les wagons mais aussi à batailler pour la première place et l’occuper enfin à nouveau.

Le message est clair. AMD a pendant longtemps encaissé les coups sans trop en rendre, il est temps d’inverser la donne. Lisa Su, la PDG d’AMD, ne dit rien d’autre quand elle déclare quelques secondes après être montée sur scène que sa société va présenter « la plate-forme PC gaming ultime la plus innovante » et qu’elle veut être « en tête sur les prix » dans un marché où les processeurs de gaming hautes performances coûtent rapidement une fortune. En l’occurrence, côté CPU, Lisa Su parle des processeurs Ryzen de troisième génération (architecture Zen 2), destinés à faire réagir et trembler Intel. Côté GPU, c’est à sa nouvelle gamme de cartes graphiques, la série Radeon 5700, introduite succinctement lors du Computex, qu’il revient d’incarner la réplique à Nvidia.

Cinq Ryzen pour offrir le meilleur rapport qualité-prix ?

Tout en rappelant régulièrement l’omniprésence unique de ses produits dans le monde du gaming – AMD est le seul présent dans les quatre marchés du jeu (mobile, Cloud, console et PC), Lisa Su a précisé qu’il n’était question lors de cette annonce pré-E3 que du PC, du PC et encore du PC. Les « joueurs sur PC sont les plus exigeants et les plus insatisfaits », a-t-elle commenté, et c’est pourtant le sourire aux lèvres que la patronne d’AMD a détaillé sa gamme de processeurs pour PC gaming (de bureau, pas portable), la série Ryzen 3000. Elle se compose de cinq processeurs pour l’instant.

AMD
  • Les Ryzen 5 3600 et 5 3600X contiennent, tous les deux, six cœurs pour 12 threads. Le premier est cadencé à 3,6 GHz (max à 4,2 GHz) pour une enveloppe thermique (TDP) à 65 W et un prix minuscule de 199 dollars.
    Le second, le 3600X, est un peu plus rapide avec une fréquence de base à 3,8 GHz et un Boost à 4,4 GHz. L’enveloppe thermique est fixée à 95 W et le prix frôle les 250 dollars.
     
  • Le Ryzen 7 3700X affiche huit cœurs, 16 threads et il est cadencé à 3,6 GHz pour une fréquence haute maximale (Boost) de 4,4 GHz. Mais là, où AMD fait mal c’est sur les deux derniers chiffres, la TDP et le prix. La première serait de 65 W et le second, donné pour 329 dollars. C’est ce modèle qu’AMD souhaite populariser auprès des joueurs qui cherchent le compromis entre prix et performances.
     
  • Le Ryzen 7 3800X embarque également huit cœurs pour 16 threads. Il propose une cadence de base de 3,9 GHz pour un maximum de 4,5 GHz. Son enveloppe thermique est moins contenue (105 W) mais son prix reste très abordable : 399 dollars.
     
  • Le Ryzen 9 3900X est évidemment le plus puissant. Avec ses 12 cœurs pour 24 threads, donc, il affiche 3,8 GHz au compteur et 4,6 GHz au maximum pour la même enveloppe énergétique de 105 W. Son prix est fixé à 499 dollars.
     

Ces cinq références seront disponibles le 7 juillet.

01net.com – P.F.

Un processeur gaming pour la Full HD et bien au-delà…

La nouvelle architecture Zen 2, gravée en 7 nm, promet des processeurs « plus rapides, qui chauffent moins, avec une consommation électrique plus faible ».

Pour être plus spécifique, en quelques chiffres, AMD avance un gain de 15% (IPC, instructions par cycle) qui devrait se faire sentir dans tous les programmes et un doublement des calculs en virgule flottante pour assurer les muscles nécessaires aux applications créatives.

Mais le chiffre qu’on retiendra, c’est un x2 de la taille du cache mémoire du processeur. Pourquoi ? Parce que ce gain devrait permettre de réduire fortement la latence dans les jeux, ce qui était un des travers de la génération précédente, lié au choix d’architecture modulaire. Est-ce que cela va permettre de faire jeu égal avec les processeurs Intel ? La question est bonne et la réponse définitive ne pourra survenir qu’après des tests.

Néanmoins, AMD semble le penser. S’il faut toujours prendre les chiffres fournis par les constructeurs avec des pincettes, il semblerait que la société de Lisa Su arrive à tenir tête désormais aux puces Intel pour le gaming. La magie de la gravure en 7 nm et d’une architecture améliorée ?

La patronne d’AMD s’est donc livrée au classique petit jeu des comparaisons entre son 3900X et l’Intel Core i9 9920X, un processeur 12 cœurs (lui aussi – même si le modèle huit cœurs est plus adapté au jeu), cadencés à 3,5 GHz avec un Turbo Boost de 4,4 GHz (et une enveloppe thermique de 165 W). Un processeur sorti à la fin de l’année 2018.

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Il semblerait qu’en thread simple (avec Cinebench R20 1T) le Ryzen 9 mette 14% de performances en plus dans la vue de son concurrent, tandis qu’en multithread, l’écart se réduit à 6%.

Toujours selon AMD, dans différents jeux en 1080p, comme Call of Duty Black Ops III ou Counter Strike GO, la puce AMD domine également le processeur Intel. Elle dépasse les 200 images par seconde dans Call of et flirte avec les 430 fps sur CS. Dans d’autres titres, comme Rocket League, Devil May Cry 5 ou encore Civilization VI, Intel prend la main mais AMD reste proche de son concurrent et maintient le cap au-dessus des 200 fps la plupart du temps.

Au-delà de ces chiffres qu’il faudra vérifier, un point essentiel est à retenir. Le Ryzen 9 fait jeu égal ou presque avec avec le Core i9 d’Intel qui coûte plus de deux fois plus cher que lui, à environ… 1 100 dollars !

A noter qu’en 1440p (2560 par 1440 pixels), avec un jeu comme Tom Clancy’s The Division 2, l’AMD Ryzen 9 3900X affiche en moyenne 90 images par seconde. C’est plutôt une belle performance et le place à peu près ex-aequo avec le Core i9-9900K, la brute de neuvième génération chez Intel, cadencée à 3,6 GHz, Turbo Boost à 5 GHz (TDP de 95 W) et vendu à peu près au même prix que le processeur AMD, soit environ 500 dollars.

Toujours pour comparaison rapide, en descendant dans la gamme, le Ryzen 7 3800X tiendrait, selon AMD, la distance face à un Core i7-9700K (positionné à peu près au même prix). Tandis que le 3600X pourrait équivaloir à un Core i5-9600K (dont le prix recommandé est d’environ 260 dollars). Le message est clair : pour jouer, les puces AMD constituent désormais une alternative pertinente.

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Un travail de réduction et de titan

Mike Clark, corporate fellow et architecte de la gamme Zen, nous expliquait lors d’une session technique que le travail d’optimisation de l’architecture Zen 2 n’avait pas été simple.

En premier lieu parce qu’AMD tient parole et fait en sorte que ces nouvelles puces soient compatibles avec son socket AM4, qui équipe déjà environ 10 millions de cartes mères dans le monde. Cela a imposé de fortes contraintes aux concepteurs des nouvelles puces, mais cela signifie également que vous pourrez installer ces nouveaux Ryzen 3000 sur une carte mère un peu ancienne. Le socket étant commercialisé depuis 2016, il devrait l’être au moins jusqu’en 2020. Tout au moins si la feuille de route actuelle est maintenue, nous laissait entendre M. Clark.

En deuxième lieu, créer cette architecture n’a pas été évident parce qu’il a fallu trouver des astuces pour contourner la règle historique qui veut qu’une réduction du processus de production réduise également le voltage maximal, ce qui limite, par ricochet, la fréquence maximale atteignable. Or, la troisième génération de processeurs Ryzen passe au 7 nm et augmente la fréquence proposée avec un maximum à 4,6 GHz, contre 4,35 GHz sur les modèles précédents.

Il faut préciser que la gravure en 7 nm a dégagé de la place sur le die. Les unités d’exécution appelées Core complexes (CCX) sont 47% plus petits que sur la génération précédente.
Là où un CCX occupait 60 mm2 sur un processeur Ryzen de deuxième génération, il ne prend plus que 31,3 mm2 désormais. En définitive, la présence de deux cœurs sur le même socket aboutit à un accroissement des performances de x1,98, nous expliquait Mike Clark.

Le passage au 7 nm a également permis de restructurer, déplacer et intégrer différents éléments clés. On citera sans entrer dans le détail l’introduction d’un nouveau prédicteur de branche, une amélioration du prefetch (quand le processeur va chercher en mémoire des données ou instructions pour les placer dans une mémoire plus accessible et rapide).

Côté front end toujours, on trouve justement un cache micro-op plus grand (de quoi gérer les instructions 4K, notamment) et enfin un cache de niveau 3 deux fois plus gros que sur dans les modèles Zen et Zen+. Ce cache agrandi s’accompagne d’une nouvelle hiérarchie des caches, avec des transferts rapides entre les différents niveaux de cache (notamment grâce à la technologie maison Infinity Fabric et à un bus accru grâce au PCIe 4.0.). Tout cela aboutit a priori à corriger un des problèmes que les générations précédentes rencontraient en jeu.

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Par ailleurs, pour ne rien laisser au hasard, David McAfee, Senior Director pour AMD, nous a indiqué avoir travaillé avec Microsoft pour optimiser la prise en charge de ses nouveaux processeurs dans Windows 10 à partir de la mise à jour de Mai. La capacité du système d’exploitation à faire varier la fréquence du processeur en fonction des besoins serait ainsi bien plus efficace. Elle serait passée d’environ 30 ms à tout juste une à deux millisecondes.

Des puces pensées pour le streaming

AMD voit plus loin que la question de la puissance brute et des usages « classiques ». Ainsi, la nouvelle génération de Ryzen est pensée pour faciliter la vie de ceux qui streament leurs parties en ligne. L’objectif étant de ne pas grever les performances dans le jeu et d’offrir une expérience fluide à ceux qui regardent la partie.

Lisa Su s’est là aussi adonné à son petit jeu des comparaisons en opposant son Ryzen 9 3900X au Core i9 9900K. Pour un stream en Full HD de The Division 2 sur Twitch, en qualité optimale (Slow et 10 000 Kbit/s CBR), sa puce affiche 98,6% de frames expédiées avec succès aux spectateurs sur Twitch, tandis que la puce Intel, à en croire la patronne d’AMD, fait plutôt dans le diaporama, avec seulement 2,1% d’images envoyées avec succès.

On peut s’étonner que ce soit le processeur principal qu’on charge de cette tâche mais selon Mithun Chandrasekhar, Senior Product Manager pour la gamme Radeon, les joueurs professionnels ou exigeants économisent leur carte graphique pour ce genre de travail.

Au-delà des 12 cœurs ?

Après avoir déroulé la présentation de ces cinq nouveaux processeurs, Lisa Su s’est amusée à moquer gentiment les fans de la marque. « Après la conférence du Computex, les gens me demandaient  : “mais quand est-ce que vous allez plus loin ? Qu’est-ce que vous gardez en réserve ?” ».

AMD étant le « challenger » face à Intel, il pourrait attendre de voir quelle va être la réaction du géant de Santa Clara avant de dévoiler d’autres cartes. Mais Lisa Su voit les choses différemment. Confiante dans ses produits, elle ambitionne de frapper fort et de battre le fer tant qu’il est chaud. Ça tombe bien, en ce moment, il est bouillant.

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Aussi a-t-elle dévoilé ce qui se cachait au-delà des 12 cœurs pour la gamme Ryzen desktop de troisième génération. Et le futur s’appelle Ryzen 9 3950X et embarque 16 cœurs. Une première pour des processeurs de cette gamme en 7 nm, à défaut d’être une première « tout court », puisque les CPU Threadripper ont déjà eu droit à ce traitement.

Le 3950X aura donc 16 cœurs (tous les cœurs des deux dies), pour 32 threads, une fréquence de base de 3,5 GHz, un Boost de 4,7 GHz et un cache total de… 72 Mo. Son enveloppe thermique sera équivalente à celle de son petit frère, à savoir 105 W. Il sera disponible pour 749 dollars en septembre prochain.

Apparemment, AMD n’entend pas s’arrêter de sitôt dans sa reconquête d’un marché où Intel paraît empêtré dans une forme d’attentisme et d’immobilisme. AMD en profite donc pleinement et son message est limpide : ce début d’été est le moment idéal pour mettre à jour votre PC de gaming sans vous ruiner.

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Pierre Fontaine, envoyé spécial à Los Angeles