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Agnès Touraine, pdg de Vivendi Universal Publishing : “Nous privilégions les synergies de contenus en créant de nouveaux produits culturels”

Promue PDG de VUP le 20 septembre dernier, Agnès Touraine orchestre la convergence de son pôle d’édition et de jeux avec les activités cinéma et musique d’Universal. Explication concrète de cette mise en commun des contenus et premier bilan pour le Nouvel Hebdo.

Il y a un an, Vivendi et Universal fusionnaient sous le signe de la convergence sur internet. Aujourd’hui, on a l’impression que vous privilégiez plutôt des synergies au coup par coup entre filiales…Y a-t-il a vraiment une grande différence entre convergence et synergies ? Prenons, au hasard, Le Petit Larousse [un dictionnaire édité par VUP tout comme Le Petit Robert, ndlr]. Pour ” convergence “, le Larousse donne la définition suivante : “Action qui tend au même but, au même résultat “. Pour ” synergie “, il est écrit : ” Mise en commun de plusieurs actions concourant à un effet unique avec une économie de moyens “. C’est pratiquement la même chose ! Cela dit, on peut effectivement dire que Vivendi Universal privilégie les synergies, et pas seulement pour les économies d’échelle que nous avons déjà réalisées [200 millions d’euros cette année, 400 millions prévus en 2002, ndlr]. Synergies c’est plus concret, moins théorique que convergence, donc plus approprié pour décrire ce que nos équipes font au jour le jour.Concrètement, quelles sont les premières synergies visibles pour le consommateur ? L’objectif est de décliner nos produits sur tous les supports : livre, disque, film pour le cinéma ou la télévision, CD-Rom, internet. On peut ainsi multiplier les revenus à partir d’un même concept. Prenons l’exemple de Jurassic Park III, sorti le 8 août dernier en salles. Il a associé toutes les filiales de Vivendi Universal : le film a bénéficié d’une pro-mo sur les sites web du groupe, notamment sur Vizzavi ; VUP a publié le livre dans la collection Pocket ; Universal Music s’est chargé de vendre le CD de la musique originale ; Universal Interactive lancera en novembre le jeu vidéo Jurassic Park Survival sur Playstation 2 ; Universal Studios distribuera le film en cassette vidéo et DVD l’an prochain ; et en bout de chaîne il sera programmé sur Canal Plus… Dans le même ordre d’idées, le film La Momie va également inspirer un jeu vidéo qui sera décliné sur Playstation, Gameboy et PC. Ces synergies cinéma-jeu sont tout à fait emblématiques de ce que la fusion Vivendi Universal a rendu possible. Avant, Universal se contentait de vendre les droits de ses films à des éditeurs qui développaient leurs jeux sous licence à l’extérieur. Aujourd’hui, Universal Interactive peut développer ses propres jeux grâce au savoir-faire de studios mondialement reconnus comme Sierra ou Blizzard, qui appartiennent à VUP. La Fox a adapté l’héroïne du jeu Tomb Raider, Lara Croft, au cinéma. Verra-t-on bientôt un film Universal tiré d’un jeu signé Vivendi ? Universal Studios envisage effectivement de réaliser des films à partir de certains livres et jeux vidéos édités par VUP. Il est trop tôt pour en parler, mais je vous laisse imaginer ce qu’il est possible de faire avec des jeux qui se sont vendus à des millions d’exemplaires comme Warcraft, Half Life ou Diablo. Dans l’immédiat, nous avons un projet de CD-Rom d’apprentissage des langues à partir de films Universal. Les synergies se multiplient aussi dans d’autres domaines : Universal Music a par exemple sorti un CD à partir du livre La France en chansons édité par Larousse, et VUP va publier une biographie de Claude Nougaro à l’occasion de son concert à l’Olympia [propriété de Vivendi Universal] en novembre. Au total, VUP et Universal Music ont déjà quinze projets croi-sés pour l’année prochaine. De son côté, Canal Plus devrait produire cinq séries d’animations à partir de nos livres pour la jeunesse…Quelle différence faites-vous entre les synergies ” made in Vivendi Universal ” et celles ” made in AOL-Time Warner ” ? A mon sens, AOL-Time Warner privilégie les synergies marketing : AOL fait systématiquement de la promo pour les productions Warner ou les publications Time auprès de ses abonnés, et inversement. Mais, à ma connaissance, cela ne va guère plus loin. Vivendi Universal a choisi de privilégier les synergies de contenus, c’est-à-dire la création de nouveaux produits culturels.

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ropos recueillis par Jean-Christophe Féraud et Frédéric Roy