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Test : Le légendaire Leica signe enfin son vrai retour numérique

Le premier télémétrique numérique plein format de l’histoire donne une seconde vie aux célèbres optiques M de Leica.

L'avis de 01net.com

Leica M9

Les plus

  • + Le premier télémétrique plein format (24 x 36)
  • + Une construction théoriquement irréprochable
  • + Un look légendaire
  • + Un type d'appareil idéal pour la photographie de rue et le reportage
  • + Les erreurs du M8 corrigées (pas besoin de filtre IR, meilleure montée en ISO)

Les moins

  • - Prix vertigineux
  • - Prise en main sans grip
  • - Ecran 230 000 points seulement

Appréciation générale

5 / 5

Note de la rédaction

Note publiée le 17/03/2010

Voir le verdict

Fiche technique

Leica M9

Format de capteur Plein format 24 x 36
Définition du capteur 18 Mpx
Type de capteur CCD
Sensibilité ISO min 80
Voir la fiche complète

Leica M9 : la promesse

Jadis seigneur incontesté de la photographie, Leica a eu bien du mal à négocier le virage du numérique. Mais après quelques années de traversée du désert, la marque germanique accouche enfin d’appareils numériques dignes de ce nom : le X1, que nous avons déjà testé, mais surtout le flambant M9, célèbre modèle de la série M à visée télémétrique.

Leica M9 : la réalité

Coupons court aux polémiques : ce M9 n’est pas un nouvel appareil, sur le plan esthétique et ergonomique. Le M9 est un appareil avec une histoire – celle de la série  M – qui a troqué sa pellicule pour un capteur numérique et un écran. C’est-à-dire que son but n’est pas d’innover mais de coller au design et à la prise en main des anciens modèles afin de ne pas perturber les vieux de la vieille. Cela étant clarifié, parlons du monstre.

Leica M9 : enfin un capteur plein format !

Si Epson – avec ses R-D1 et R-D1x – et Leica – avec son M8 – avaient déjà lancé des télémétriques numériques, leur capteur était au format APS-C, c’est-à-dire les mêmes que ceux des reflex d’entrée de gamme, soit plus petits qu’une pellicule 24 x 36 mm.
D’où la rage de certains photographes qui voyaient leur focales modifiées – un 24 mm devenait un 36 mm – et perdaient, du coup, le grand-angle qu’ils utilisaient avec bonheur en argentique. Le capteur CMOS de 18 mégapixels « made by » Kodak répond donc à une attente énorme et offre enfin aux photographes une alternative crédible à la pellicule.

Qualité d’image époustouflante
Il en a de la chance ce capteur d’image. Marque d’excellence par définition, Leica ne sort que des optiques au pire bonnes, sinon excellentes, voire incroyables. Ça se sent sur ce M9 : le piqué des images est tout simplement sans équivalent et, en pleine et moyenne lumière, les détails et couleurs sont fantastiques. Il faut pousser l’appareil dans les hautes sensibilités pour le prendre en défaut.
Leica est encore loin d’égaler les japonais Canon et Nikon sur le traitement du bruit numérique et s’il pousse à 2 500 ISO, nous avons effectués nos tests en basse lumière plutôt à 1 250 ISO, valeur maximale où le bruit numérique n’est pas trop présent. Pour information, le M9 a été testé avec une optique fournie par Leica, un Summarit 50 mm F2.5, ainsi qu’avec un Voigtländer Nokton 40 mm F1.4.

Le retour du grain
Cette faiblesse, Leica tente d’en faire une force en amadouant les photographes avec le grain. Objectivement, l’argument se tient : acheter un Leica, c’est photographier de manière différente et sortir des images parfaites – froides, diront certains – que les appareils hyper technologiques (Canon EOS 5D Mark II et Nikon D3s par exemple) produisent à la pelle avec leurs 25 600 ISO et plus.
A défaut de proposer une grande précision d’image en hautes sensibilités, Leica a donc travaillé l’identité du bruit numérique pour le rendre distinctif, unique en quelque sorte. Les puristes de la technologie râleront sans doute, mais les photographes rêvant de Cartier-Bresson y trouveront pleinement leur compte, les clichés ayant vraiment du caractère.

Traitement Jpeg noir et blanc de qualité
A 5 000 euros le boîtier nu (et quelques milliers de plus pour les optiques), il est certain que les photographes experts « shooteront » en RAW (le négatif numérique).
Mais les plus fainéants d’entre eux pourront compter sur le rendu noir et blanc de l’appareil, tout simplement excellent. En réglant à la main la netteté et le taux de contraste, on peut obtenir des fichiers Jpeg noir et blanc vraiment convaincants, très proche (voire équivalent) du rendu argentique.

Balance des blancs automatique perfectible
D’une justesse impressionnante sur le X1, la balance des blancs automatique est beaucoup moins précise sur le M9. L’appareil a tendance à jaunir les images sous certains éclairages (lampes à incandescence un peu chaudes, lampe magnésium). Rien de catastrophique pour qui photographie en RAW.

Adobe Photoshop Lightroom 2 livré, compatibilité Aperture 3
Que vous soyez Mac ou PC, vous n’aurez pas d’argent à sortir pour le logiciel de traitement d’image. Avec un prix aussi élevé, Leica livre Adobe Photoshop Lightroom 2.6 (télécharger la version d’essai : Mac ou PC) dans la boîte du M9.
Cette dernière mouture du logiciel de développement numérique prend donc en charge les fichiers RAW du M9, de même que le tout nouveau Aperture 3, d’Apple, réservé aux détenteurs de Mac, donc. Dans les deux cas, les fichiers sont parfaitement gérés.

Le plaisir de « shooter » avec un télémétrique
Pourquoi investir dans un appareil au design vieillot, qui pousse « seulement » à 2 500 ISO et n’a même pas de mode rafale qui tue ? Pourquoi mettre 5 000 euros dans un M9 et non pas dans un D3s de Nikon ? Parce que ce sont des appareils totalement différents et qui produisent des images bien distinctes.
Si Canon et Nikon restent les rois de la photo de sport et de nature, les appareils télémétriques prennent tout leur sens pour des photos plus humaines. De par la qualité de leurs optiques d’une part – les optiques fixes sont plus lumineuses et délivrent de meilleures images – mais aussi de par l’aspect moins intrusif et plus discret des appareils.
Avec le D3s autour du cou, vous êtes un photographe, c’est sûr : les gros objectifs impressionnent, la taille en impose. Avec le M9, vous êtes perçu de manière transparente, les sujets sont moins inquiets, plus spontanés, vous passez partout, considéré comme un touriste et non comme un « voleur d’images ». Et ça, mine de rien, ça change la donne.

Lenteurs générales

Tout comme les voitures d’exception, cet appareil d’exception n’est pas dénué de défauts. Si certains sont des choix plutôt que de vrais défauts – choix de ne pas faire évoluer l’ergonomie, de conserver un design de 50 ans -, d’autres sont de vrais défauts.
Le premier, surprenant, est sans doute la définition de l’écran. Avec seulement 230 000 pixels, Leica n’offre pas le meilleur écran de la création : de simples appareils à 300 ou 400 euros disposent d’un écran de 460 000 pixels !
Autre grief, la lenteur de l’électronique. Outre un allumage un peu poussif de 3 secondes – autant le laisser allumé -, la revue des images est mollassonne, de même que le zoom au sein des images. Sans doute le processeur peine-t-il à éditer des images RAW de 17 Mo. La mémoire tampon souffre, elle aussi, d’une certaine lenteur et, passé 5 images en rafale, la LED d’occupation de la mémoire voit rouge.
Selon Leica France, ces problèmes de lenteur ne sont pas liés à l’électronique mais au programme et tout devrait s’améliorer dans les prochaines semaines, avec la publication d’un nouveau firmware. Nous ne manquerons pas alors de mettre à jour ce test. Heureusement, télémétrique oblige, une fois allumé, l’appareil prend des photos de manière parfaitement instantanée : l’esprit de l’instant décisif de Cartier-Bresson est sauf !

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