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Produisez vos artistes préférés

Le réseau social MySpace a révolutionné le rapport entre musiciens et fans. MyMajorCompany transforme les admirateurs d’un artiste en producteurs, pour une mise de 10 euros.

Devant le Kibélé, un restaurant du 10e arrondissement de Paris, dont la cave se transforme en salle de concert intimiste le week-end, c’est l’effervescence. Une vingtaine de personnes discutent sur le trottoir en attendant le concert de Tom Gé. ‘ Je l’ai découvert sur MySpace avant d’aller le voir en concert, raconte Stéphanie, la trentaine. Puis, j’ai misé 100 euros sur lui sur le site MyMajorCompany. C’est sympa de pouvoir aider un artiste dans sa carrière. J’aime aussi l’idée qu’on ne puisse plus nous imposer ce que nous écoutons. ‘Tout est dit. Grâce aux maisons de disques communautaires qui ont pignon sur Internet comme MyMajorCompany, les fans ont pris le pouvoir. Ils s’investissent et investissent pour faire connaître leurs artistes préférés.Dans les escaliers menant à la cave voûtée, Jean-Marc confirme la tendance. ‘ J’aime et je participe. C’est la première fois que nous pouvons faire entendre notre voix ‘, explique celui qui est à la fois le père de Tom Gé… et son producteur.Un peu plus tard, le concert commence. La salle est bondée. Avec son air d’adolescent romantique et timide, Tom Gé est accueilli sous les applaudissements d’une foule qui lui est tout acquise. Quand il entonne la ballade Audrey, plusieurs fans murmurent les paroles qu’ils connaissent par c?”ur.

Fini le laborieux parcours artistique

Derrière le site MyMajorCompany, il y a plusieurs jeunes routards de l’industrie musicale, dont Sevan Barsikian et Michaël Goldman, fils de Jean-Jacques. ‘ Nous représentons un label de musique et faisons deux promesses aux internautes : un contact privilégié avec l’artiste qu’ils soutiennent et un gain d’argent si leur artiste marche ‘, résume Michaël Goldman.Comment tout cela fonctionne ? La petite équipe du site reçoit des candidatures d’artistes ?” pas moins de 6 000 dans les quatre premiers mois du site lancé en décembre dernier ! Elle ne se prive pas non plus d’aller à la découverte des artistes présents sur MySpace. C’est ainsi que Michaël Goldman a repéré Tom Gé et l’a invité à participer à l’aventure. ‘ Nous faisons une première sélection comme dans les radio – crochets ou la Star’Ac. Ensuite, ce sont les internautes qui choisissent. ‘ Pour le jeune producteur, Internet est un énorme gain de temps. ‘ Avant, c’était laborieux car il fallait aller aux concerts pour voir un artiste, se souvient Michaël Goldman, qui a fait ses classes comme directeur artistique chez BMG. Aujourd’hui, tous les directeurs artistiques passent plus de temps sur MySpace. ‘Même sur Internet, l’espace est limité. MyMajorCompany ne souhaite pas présenter plus d’une quarantaine d’artistes à la fois, estimant que trop de choix rend la navigation décourageante. Il veut aussi s’assurer que ses artistes ont un univers musical assez développé afin de ne pas résumer leur carrière à une chanson à succès.Pour l’instant, une douzaine d’artistes ont été retenus. Cinq ont réussi à fédérer assez d’internautes producteurs pour atteindre le seuil des 70 000 euros, la mise minimale par internaute étant de 10 euros. A cette somme, le site ajoute 30 000 euros de sa poche pour assurer la production et la promotion d’un premier album.‘Pour Grégoire [le premier artiste produit par MyMajorCompany, Ndlr], tout est allé très vite. Deux jours après avoir atteint les 70 000 euros, il était en studio ‘, raconte Michaël Goldman. Le chanteur n’a pas hésité ensuite à faire appel à ses 347 producteurs non seulement pour la conception de son clip, mais aussi pour le tournage. Une quarantaine d’entre eux y ont fait de la figuration en chantant sa chanson en play-back. L’artiste et ses producteurs attendent la sortie de l’album prévue en septembre. Mais on devrait bientôt l’entendre sur les ondes.Quant à Tom Gé, à la fois incrédule et plein d’espoir depuis son premier contact avec Michaël Goldman en mars, il court toujours après ses 70 000 euros. ‘ Si ça marche, ce sera vraiment professionnel. C’est un label, quoi ! ‘ Ce musicien de 23 ans, qui doit encore travailler comme veilleur de nuit, trempe dans la musique depuis l’âge de cinq ans : ‘ J’avais un groupe, puis j’ai commencé à jouer en solo, il y a deux ou trois ans. Sur MySpace, j’ai une assez grosse écoute. ‘ L’auteur compositeur interprète ne court pas après les maisons de disques ; son bonheur, c’est la scène. Comme un CD est nécessaire pour convaincre les salles, il avait enregistré quelques morceaux dans le studio-maison d’un copain.

Les fans sur le Net, une petite famille

Quand il est contacté par MyMajorCompany, Tom Gé demande quelques jours de réflexion et prend conseil auprès d’un avocat. Convaincu, il accepte.‘ Ce qui est impressionnant, c’est la force d’Internet. En plus de MySpace, j’ai des clips sur YouTube et Dailymotion. Mes concerts sont plein de gens qui m’ont connu sur Internet. C’est devenu une petite famille. Et puis, ça motive quand on a cent messages le soir. ‘ MyMajorCompany n’a pas encore changé sa vie. ‘ Au début, c’est l’horreur. On va voir tout le temps si la mise monte, conclut-il. Mais je continue à enregistrer en home studio, et je fais davantage de concerts. ‘ Bref, la vie normale d’un artiste qui se lancewww.mymajorcompany.com
Pour découvrir le chanteur Tom Gé :
www.mymajorcompany.com/tom-ge
www.tom-ge.com

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Isabelle Boucq