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Photo Filtre, c’est lui !

Ce jeune homme, passionné de dessin et de programmation, a créé la référence des logiciels de retouche photo.

Des téléchargements à foison. Des demandes régulières de traduction. De très bons papiers dans la presse. Des sites créés à la gloire de PhotoFiltre… Lorsqu’on lui demande s’il est fier d’être l’auteur d’un tel phénomène, Antonio Da Cruz sourit timidement et refuse ces lauriers. Au chômage depuis dix mois, Antonio n’aime pas parler de lui. De toute évidence, ce trentenaire d’origine portugaise n’aime pas non plus que l’on s’inquiète de son sort. ‘ Après dix ans passés à développer des applications pour de grands comptes (Orange, BNP Paribas, etc.), j’avais besoin de prendre du recul. Dès la rentrée, je vais me remettre sérieusement à rechercher un emploi. Mais en ce moment, je reconnais que le succès de PhotoFiltre m’oblige à passer de cinq à six heures devant mon PC. ‘A défaut de prendre la grosse tête, ce qui ne lui ressemblerait pas, Antonio tente de comprendre le succès de son logiciel. Jamais il n’aurait imaginé qu’en trois ans PhotoFiltre deviendrait une référence de la retouche photo, toutes langues et tous genres confondus. Lorsqu’il décide de se lancer dans le développement de logiciels en 2001, ce passionné de dessin ne cherche ni gloire, ni argent. C’est d’abord, dit-il, pour ‘ permettre à des gens comme moi d’éviter d’attendre cinq minutes lorsqu’on applique un filtre sur une image ‘. Dans la chambre de son appartement de banlieue parisienne, il possède un vieux coucou équipé d’un Pentium 200 et de 40 Mo de mémoire vive. Suffisant pour développer des logiciels, mais trop ancien pour retoucher ses premiers croquis dans Photoshop. Sa patience atteint ses limites, et c’est ainsi que l’esquisse de PhotoFiltre apparaît. ‘ Même si j’apprécie beaucoup Photoshop, la lenteur de ma machine était un frein. Je me suis donc lancé dans la création d’un programme exclusivement composé de filtres. A développer, je me suis aperçu que c’était en fait très simple ‘, se souvient ce titulaire d’une licence en informatique.

Enseigné à l’école… adopté en entreprise

Après quelques semaines de développement naît donc PhotoFiltre 1.0, un logiciel uniquement composé de masques, ou filtres, destinés à embellir des photos personnelles et autres images. Lâché sur la grande Toile, son programme séduit rapidement les sites de téléchargement par la taille du fichier (quelques centaines de Ko), par sa simplicité et, surtout, par son efficacité. De www.telecharger.com à www.framasoft.net, PhotoFiltre récolte les médailles.Puis, en 2002, ce sont les premiers articles dans la presse. Et là, c’est le décollage ! ‘ Je suis passé de 1 000 à 6 000 visiteurs par jour. Je ne comprenais pas cet attrait soudain. En fait, c’est un utilisateur qui m’a expliqué : Micro Hebdo venait de sortir un article sur PhotoFiltre ‘, raconte-t-il en s’excusant presque de ne pas avoir lu l’article en question.Sélectionné par la presse puis adopté par les internautes, PhotoFiltre devient une référence. On en parle même jusque dans les cours de récréation puisque ‘ des enseignants l’utilisent en support de cours ‘, s’étonne son créateur, ajoutant que ‘ PhotoFiltre est aussi à l’origine de sites persos où l’on peut lire des modes d’emploi et des astuces. ‘ C’est ensuite du côté de la machine à café que PhotoFiltre s’invite, avec une utilisation croissante en entreprise. ‘ Des patrons, qui ne souhaitaient pas dépenser des centaines d’euros dans des logiciels de retouche d’images, m’ont demandé s’ils pouvaient installer PhotoFiltre. En principe, mon logiciel est gratuit pour le seul usage privé, mais je ne peux rien contrôler. Donc je laisse faire… ‘

Traduit en huit langues… bientôt neuf

Nouvelle étape vers la reconnaissance : l’internationalisation. PhotoFiltre est déjà traduit en huit langues. ‘ Je recevais beaucoup de demandes de traduction. J’ai fait confiance aux bénévoles. Le seul petit problème, c’est que je suis incapable de savoir si les versions russe et tchèque sont bien traduites ‘, rapporte-t-il en révélant au passage qu’une version coréenne est en cours…N’ayant pas la structure nécessaire pour maîtriser ce succès, Antonio est heureusement épaulé par les habitués de son forum. ‘ Grâce à eux, je sais si un magazine ou un site Web a parlé de PhotoFiltre. Par exemple, la semaine dernière, j’ai appris qu’un magazine brésilien avait testé et apprécié mon logiciel. ‘ En échange, ce bosseur essaie de répondre aux centaines de mails reçus quotidiennement. Perfectionniste, il parvient souvent à corriger plusieurs bugs dans une même journée. Cet acharnement à satisfaire ses utilisateurs complique, hélas, son affaire. ‘ Au départ, je voulais faire un logiciel gratuit, facile à utiliser et très léger. Désormais, on me demande de faire du sous-Photoshop ‘

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Fabrice Auclert