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Le TGV Est sur les rails virtuels

Au centre de formation de la SNCF, à Lille, 150 conducteurs découvrent le TGV Est sur deux simulateurs. Au c?”ur du système, des données IGN permettent de démultiplier le réalisme de l’environnement de conduite.

De gros nuages noirs s’amoncellent à l’horizon : ça y est, il neige à gros flocons, le paysage blanchit. 300 km/h, 280 km/h : des chiffres rouges, qui indiquent au conducteur la vitesse à laquelle il doit rouler, s’affichent au centre du tableau de bord. Serge Reisch, stagiaire conducteur, entame la man?”uvre de décélération. Un scénario choisi par Christophe Dumoulin dans la banque d’événements intégrée à son poste de commandes de formateur. L’objectif : apprendre à ralentir…Déjà conducteur expérimenté pour les trains Corail de la ligne Paris-Strasbourg, Serge Reisch suit une formation de trois semaines au centre de formation traction de la SNCF à Lille (59). L’objectif : se spécialiser dans la conduite de trains à grande vitesse sur la ligne TGV Est.

La cabine de TGV ‘ répliquée ‘

Pour former les conducteurs du TGV Est, 14 nouveaux simulateurs ont été livrés à la SNCF par la société CorysTESS, conceptrice de solutions de formation et de simulation. Et parmi eux, deux simulateurs dits ‘ répliques ‘, qui reproduisent au bouton près l’environnement de conduite réel d’un TGV. Près de 60 % de la formation des conducteurs a désormais lieu sur ces machines. Une partie de l’examen final est même réalisée sur le simulateur réplique, l’autre partie, l’oral, étant réalisée à bord d’un véritable TGV.Pas moins de cinq PC reliés entre eux par un réseau Ethernet et fonctionnant avec Windows XP : telle est l’architecture informatique de ce jeu vidéo géant. Un premier PC est dédié à la simulation du paysage en 3D, un autre contient les données relatives à la modélisation des voies et de la signalisation. Deux autres ordinateurs gèrent l’interface homme-machine du poste de commande du formateur et les images projetées dans la salle à l’intention des stagiaires. Enfin, le cinquième PC est chargé d’imprimer un mouvement réaliste à la cabine de conduite.Le plus ? Les données IGN insufflées au c?”ur de l’interface 3D, qui permettent au simulateur d’afficher le véritable paysage entourant le tracé de la ligne TGV Paris-Strasbourg. Ponts, tunnels, collines ou rivières : tout est représenté dans le simulateur. Certains points de repère, comme la gare de l’Est à Paris, la gare d’arrivée à Strasbourg, et les gares TGV nouvellement construites sur le tracé ont même été recréés en 3D au moyen du logiciel AC3D, auquel la société Corys TESS a ajouté un plug-in spécifique.Le réalisme est encore accentué par le système de vérins sur lequel est suspendue la cabine de TGV : ‘ Ce procédé permet de reproduire les mouvements de la cabine en fonction de la vitesse, et sa position en fonction de la pente, explique Christophe Dumoulin, formateur spécialisé TGV au centre de formation de Lille. De plus, l’ordinateur calcule en temps réel les modifications de la vitesse en fonction du relief, ce qui donne des sensations d’accélération et de décélération vraiment réalistes. ‘‘ Pour pouvoir conduire un TGV, il faut apprendre à respecter un certain nombre de procédures particulières, explique Christophe Dumoulin. Par exemple, être capable de piloter sans l’aide des indications données par la signalisation latérale au sol. ‘ En effet, au-delà de 220 km/h, il devient tout simplement impossible de les lire.Enfin, le conducteur doit apprendre à adapter son comportement à la grande vitesse : savoir traiter le grand nombre d’informations reçues, mais aussi être capable de reprendre la main rapidement en cas d’urgence…

Il crée les scénarios

Depuis son poste de formateur, Christophe Dumoulin joue le rôle des agents qui régulent la circulation des trains depuis le poste de commande à distance* de Pagny-sur-Moselle (54). Sur son écran, il voit un schéma de la ligne Paris-Strasbourg avec ses aiguillages et sa signalisation, mais aussi une reproduction du tableau de bord de son élève. ‘ Une flèche m’indique en temps réel la commande que le stagiaire est en train d’actionner, explique Christophe. Je peux alors agir sur la signalisation à l’endroit de la ligne où il se trouve pour demander, par exemple, un arrêt d’urgence du TGV. ‘En cabine, Serge Reisch presse le bouton situé sur la gauche de son tableau de bord. La sensation de décélération est sensible, les personnes présentes dans la cabine doivent s’agripper aux parois pour ne pas trébucher. A 300 km/h, il faut compter 3 km de freinage avant de s’arrêter…* Cela fera lobjet de notre reportage la semaine prochaine.

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Judith Bregman