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Ils ne jurent que par les ordinateurs d’antan

Ils parlent d’Atari avec des trémolos dans la voix, trouvent du génie aux micros des années 1980, assurent que leur vie s’est arrêtée au 8 bits. A l’ère du gigaoctet, incroyable ce que ces vieilles machines comptent de nostalgiques !

La fin des années 1970, le début des années 1980… vous n’avez peut-être pas connu cette ère technologique. L’informatique personnelle n’avait pas grand-chose à voir avec celle d’aujourd’hui, dominée par le couple Intel/Microsoft. Le foisonnement créatif était impressionnant. Les constructeurs cherchaient, innovaient à tour de rôle. Chaque ordinateur était convoité, couvert de gloire durant quelques mois. Puis vite oublié, lorsqu’il était remplacé par une machine plus incroyable encore. Cette période de la micro a ses passionnés, collectionneurs d’‘ ordinosaures ‘ que sont les Sinclair, Amstrad, Atari ou Commodore. Des machines aux couleurs et au design variés, fonctionnant avec des cassettes, des disquettes et quelques traits de génie.

Des trentenaires revenus à l’adolescence

Nombre de ces passionnés sont des garçons, trentenaires, qui assument leur appartenance à la ‘ génération Casimir ‘ et une certaine nostalgie de leur adolescence. Ils ont grandi dans le culte de l’an 2000, qu’ils se représentaient, sur les plateaux de l’émission TempsX, avec trottoirs roulants, téléportation, ou steaks de pétrole. Quand ils ont découvert leur premier micro, entre 10 et 15 ans, cet an 2000-là leur a semblé plus proche. Marqués pour la vie : tous les nostalgiques que nous avons interviewés ont choisi l’informatique pour métier… Adultes, leur passion s’avère débordante. Ainsi cette confidence de Fabrice Montupet, 36 ans, fan nivernais de vieux Apple et du TI99/4A, de Texas Instruments. Il se passe rarement une journée sans qu’il n’effectue des recherches ou ne se plonge dans la lecture de documents d’époque. Toujours en quête d’informations techniques ou historiques. Ces passions sont parfois encombrantes : à Paris, Philippe Dubois n’hésite pas à consacrer environ 300 euros (1 968 F) par mois pour acquérir de vieilles machines dans des brocantes ou sur le Net. Un petit musée qui surcharge son appartement ! Mais il ne désespère pas d’obtenir un local pour ouvrir au public sa collection de quelque 400 pièces.

Fini les vieux micros rachetés 10 francs !

Près de Toulouse, dans le cadre de l’association Silicium, René Speranza récolte depuis 1989 des micros d’antan, qu’il remet à neuf. Cet homme est fasciné par la dimension historique de ces ordinateurs, qui sont à l’informatique populaire ce que les incunables sont au livre. Il travaille à la sauvegarde de ces témoignages d’une époque pourtant proche, mais déjà oubliée. ‘ C’est tout un patrimoine qui, si on n’y prend pas garde, partira à la trappe ‘, prévient-il. Et de rappeler que ces Apple II, Commodore et autres Tandy ‘ s’autodétruisent ‘. Comprenez que, faute de pièces de rechange, ils disparaissent… Combien sont-ils ces passionnés ? En France, le noyau dur en compte deux cents, qui se retrouvent dans les expositions ou sur les forums. On y regrette le temps où ‘
les ordinateurs ne plantaient jamais
‘. Plus rarement, en tout cas, car les systèmes étaient beaucoup moins sollicités. On y admire les développeurs capables de créer des programmes s’exécutant avec quelques kilo-octets de mémoire. On y parle aussi mécanique. Car, pour faire tourner ces machines, disparues corps et âme (ou plutôt matériels et logiciels) depuis longtemps, il est souvent indispensable de demander une pièce, un logiciel ou un conseil à un autre passionné. Le nombre d’utilisateurs cherchant à jouer sur un PC ou un Mac antédiluvien serait en forte croissance. ‘
Depuis trois ans, le nombre de collectionneurs a quasiment doublé
‘, confirme Philippe Dubois, qui se désole de voir les prix flamber. Il y a quelques années, on trouvait encore des ordinateurs à 10 F. Une époque révolue.

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Laurence Beauvais