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C’est à une borne d’ici !

En Auvergne, les services publics tentent de se rapprocher des usagers grâce à la visiophonie.

‘ Mais qu’est-ce que c’est que ce truc ? ‘ Telle est, en substance, la réaction de Béatrice lorsqu’elle a été confrontée pour la première fois au Point Visio Public de Vorey (Haute-Loire). Pour ne pas l’effrayer, son conseiller ANPE ne l’avait pas prévenue que son rendez-vous mensuel n’aurait pas lieu en agence, mais à distance, par le biais d’une borne de visiophonie.Auparavant, cette coiffeuse au chômage passait plus d’une demi-heure sur les routes sinueuses qui séparent son domicile du Puy-en-Velay, où se trouve l’agence ANPE la plus proche. ‘ Aujourd’hui, j’ai moins de dix minutes de trajet pour utiliser le visiophone. C’est un vrai gain de temps. ‘A Vorey, 1 500 habitants, dans la communauté de communes de l’Emblavez, la permanence trimestrielle de l’agence pour l’emploi n’existait plus depuis des années. Alors, lorsqu’en 2005, le conseil régional d’Auvergne a choisi cette commune pour tester la visiophonie, personne n’y a trouvé à redire. La région cherchait en effet à pallier l’absence de services publics dans des zones rurales à très faible densité de population.‘ Au début, j’ai eu peur que ce machin soit compliqué à manipuler, mais en fait c’est très intuitif ‘, s’amuse Gérard, à la recherche d’un emploi depuis plusieurs années. Conçu par une filiale de France Télécom, le Point Visio Public (le PVP) relève du photomaton, aussi bien pour son apparence que pour sa simplicité d’utilisation. En quelques instants, l’interlocuteur apparaît en plein écran grâce à E-conf, le logiciel de visioconférence développé par le département recherche et développement de France Télécom.

Moins impersonnel que le téléphone

Et à écouter les utilisateurs, ça marche. Jane, 54 ans, trouve ses rendez-vous avec son conseiller ANPE ‘ plus ludiques ‘ que dans une agence. ‘ Les entretiens sont plus rapides, constate Béatrice. Vous n’êtes plus seule à chercher des offres d’emploi, c’est votre conseiller qui le fait devant vous. ‘ Et ‘ c’est beaucoup moins impersonnel que le téléphone ‘, ajoute Gérard.De l’autre côté de l’écran aussi on se félicite. ‘ Dans le département, beaucoup de gens ne peuvent pas forcément se déplacer jusqu’à nous, alors c’est un vrai progrès ‘, explique Elodie Henry, une des conseillères de l’ANPE du Puy-en-Velay.‘ Avec cette technologie, les demandeurs d’emploi se rendent beaucoup plus souvent aux convocations que nous leur adressons ‘, renchérit le directeur de l’agence, Sébastien Faure-Rouquié. En un an d’utilisation, le taux de présence aux convocations des demandeurs d’emploi de la communauté de communes serait ainsi passé de 66 % à 85 %.

Des services en ordre dispersé

A Vorey, seules l’ANPE et la Mutualité sociale agricole (MSA) ont mis en place des consultations par visiophonie. Néanmoins, en fonction des accords passés entre les communautés de communes et les services publics, d’autres organismes, telles la Caisse d’allocations familiales ou la Caisse régionale d’assurance maladie (CRAM), s’y essayent aussi. ‘ A terme, nous souhaiterions que la mission locale et la Chambre de commerce se joignent à nous ‘, espère Cécile Gallien, directrice de la communauté de communes de l’Emblavez.Mais la médaille a aussi son revers. Car, derrière l’apparente modernité du système, l’utilisation du PVP est encore contraignante. L’ANPE l’utilise principalement dans le cadre de convocations pour les bilans mensuels d’actualisation. C’est l’agence qui sélectionne des plages horaires fixes dans la semaine pour contacter les usagers. Inutile, donc, de tenter d’entrer en communication en dehors de ces temps de disponibilité, la ligne ne répondra pas. A l’inverse, la MSA laisse à l’initiative de ses adhérents le soin de consulter ses conseillers pendant des plages horaires déterminées.

La borne trouve ses limites

‘ En fait, le succès d’utilisation de la borne dépend surtout du niveau d’implication des organismes dans ce système ‘, observe la directrice de la communauté de communes. Alors que tous les conseillers ANPE ont été formés à l’utilisation du PVP, seule une personne à la MSA est capable d’assurer cette prestation. Selon Cécile Gallien, les adhérents de la MSA sont, par ailleurs, plus sceptiques quant à l’utilité du service : ‘ Beaucoup sont retraités et disposent de plus de temps pour se déplacer directement. ‘ Résultat, le démarrage de la visioconférence à la MSA est plus timide qu’à l’ANPE.Et même si l’image permet un contact personnalisé, ‘ cela ne remplace pas un rendez-vous en chair et en os ‘, nuance Gérard. ‘ En fait, je ne pense pas que cette technologie ait vraiment apporté quelque chose en plus, même si elle est intéressante, estime Grégory Petitclerc, un des deux animateurs de la communauté de communes chargés de former les usagers à l’utilisation de la borne. Devant le visiophone, l’entretien est plus direct mais manque un peu de contact humain. Du coup, je me retrouve souvent obligé de jouer les assistantes sociales après un rendez-vous. ‘ Après un an d’expérimentation, les résultats ont été jugés convaincants par le conseil régional. Au point que le nombre de bornes installées dans la région devrait passer de 18 en 2006 à 90 d’ici trois ans

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Benoît Méli