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Bricoleurs de génie

Mêlant l’Histoire à la fiction, Les fils de Lénine est une série réalisée par deux jeunes cinéastes de 25 ans. Leur aventure est hors du commun dans le monde de la vidéo amateur, puisqu’ils s’attaquent au genre le plus coûteux du cinéma : le film de guerre.

On peut être amateur et fournir un travail de professionnel. Max Le Quément et Bryan Cavroy l’ont prouvé en réalisant le premier épisode de leur série Les fils de Lénine à seulement 25 ans. Tous deux diplômés d’une école de design industriel et de graphisme, ils sont amis depuis le collège. Et complices de travail sur un projet commun. ‘ Ce qui nous attire le plus dans la réalisation d’un film, ce n’est pas la technique mais l’aventure humaine ‘, explique Max. Et, de ce point de vue, les deux amis ont dû se lancer dans les travaux manuels d’envergure. ‘ Notre film est un prolongement imaginaire de la Seconde Guerre mondiale. Les Américains et les Russes ont vaincu l’Allemagne mais s’affrontent désormais en Sibérie orientale, près de Vladivostok. Il nous fallait donc fabriquer des uniformes, des armes mais aussi un champ de bataille avec de nombreux acteurs. ‘ Pour rassembler tous ces moyens, Max et Bryan se sont fournis auprès de collectionneurs et de circuits parallèles. ‘ Nous avons de la chance, car les armes russes sont bradées. Un fusil-mitrailleur russe de la dernière guerre se négocie à 300 euros, ce qui n’est pas cher comparé à une mitrailleuse allemande ‘, s’amuse Max. Les deux amis ont également acheté une machine à coudre pour confectionner les uniformes et les écussons. Ils ont dû apprendre à vieillir les sacoches et les ceintures pour plus de réalisme. ‘ Nous avons même fabriqué une tourelle de char russe T34 en taille réelle d’après une maquette. ‘ Mais le plus impressionnant est sans doute le champ de bataille lui-même : un pré à vaches où les deux réalisateurs ont creusé des tranchées de trois mètres de profondeur, étayées par des planches en bois. ‘ Pour les explosions de mine, nous avons utilisé une astuce de Steven Spielberg sur ses premiers films : une plaque de bois posée sur le sol et recouverte de terre. Quand le soldat pose le pied, la plaque se soulève brutalement ‘, confie Max Le Quément.

Acteurs professionnels bénévoles

Pour le choix des acteurs, Max et Bryan ont travaillé en professionnels. ‘ Nous sommes allés prendre une pile de CV à La Maison du Film Court, à Paris, et nous avons convoqué les comédiens pour passer des auditions. Nous avons retenu ceux qui nous semblaient les plus proches des rôles, mais aussi ceux avec qui l’alchimie passait. ‘ Ces comédiens professionnels, Max et Bryan n’ont pas eu besoin d’argent pour les embaucher. Leur détermination et leur travail ont suffi pour séduire les candidats : ‘ Les acteurs ont tous travaillé bénévolement sur le tournage. Nous les avons convaincus grâce au sérieux et à la crédibilité de notre projet. ‘ Une économie importante pour le budget du film !Les prises de vues ont été réalisées avec un Sony DSR-PD170 et un Canon XL2 (gagné lors d’un concours vidéo amateur). ‘ Nous avons filmé caméra au poing, sans trépied ni stabilisateur, pour donner au film un aspect ” reportage de guerre “. ‘ Band of Brothers, diffusée l’été dernier sur France 2, est la série qui constitue leur modèle.Une fois le tournage terminé (une semaine et quelques nuits blanches dans le froid et sous la pluie), Max et Bryan se sont lancés dans le montage sur Mac avec Final Cut Pro 2 et ont appliqué aux images quelques effets numériques comme les retouches colorimétriques et le vieillissement de certains plans.Tout cela a demandé évidemment beaucoup de temps et d’argent aux deux jeunes réalisateurs. Pas seulement pour la gloire. Leur objectif ? Quitter le domaine amateur pour atteindre le milieu professionnel et trouver un producteur. Car, si le talent et la motivation leur ont permis de faire leurs armes au champ d’honneur, pour aller plus loin, l’argent reste le nerf de la guerre !

Prisonniers américains

Pour simuler la neige, une bâche en plastique posée sur le sol et recouverte de confettis a été retouchée au montage en noir et blanc. L’illusion est parfaite. Les blessures, elles, ont été obtenues avec de la pâte peinte à l’acrylique.

Leçon de couture

Max et Bryan ont appris à utiliser une machine à coudre pour confectionner les nombreux uniformes du film. Toutes les armées sont représentées : Allemagne, France, Russie, États-Unis.

Une simple animation

Le passage de l’escadrille de bombardiers est le fruit d’une intégration d’image dans l’image. Le feuillage des arbres est filmé, puis on incruste un calque des avions dans le ciel. Le mouvement est une simple animation.

Aux armes !

La reconstitution d’une mitrailleuse russe de la Seconde Guerre mondiale a été effectuée à l’aide de pièces trouvées dans les poubelles ! Un joli travail de bricolage qui passe d’autant mieux à l’image que larme était remplie de pétards pour simuler le feu.

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Édouard Maire