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Après la guerre des pixels, la guerre des fonctions ?

La photo numérique a déjà une dizaine d’années mais, jusqu’à maintenant, les constructeurs se sont sur tout occupés à numériser les fonctions déjà présentes pour la plupart avec les appareils à film. Il n’est pas exclu que les choses changent et que, désormais, à la guerre des pixels succède la guerre des fonctions.

L’avantage, avec la prospective, est que la marche de la technologie est telle que, quelle que soit la prédiction, il y a fort peu de probabilités pour qu’elle ne se réalise pas un jour ou l’autre. Ces précautions étant posées, il n’est pas exclu de penser que l’année 2007 marquera un tournant pour la photo numérique, tout comme l’année 2005 l’avait fait pour d’autres raisons. 2005 a été l’année de la bascule. Jusque-là, la photo numérique commençait à prendre une part de plus en plus importante mais, en 2005, la ‘ photo numérique ‘ est devenue ‘ la ‘ photo tout court. 2006 a été une année relativement calme. Elle aura principalement été celle de la baisse du prix des reflex. Désormais, un reflex d’entrée de gamme vaut ce que valait autrefois un compact un peu évolué. Mais quelle que soit la rapidité avec laquelle le numérique s’est installé dans le monde de l’image, il n’a rien inventé ; il n’a fait jusque-là que singer ce qui se faisait depuis des décennies avec le film. Si l’on excepte la visée sur écran, bien sûr impossible avec le film (quoique… le Polaroid…), les fameuses fonctions et autres ‘ modes ‘ de nos appareils d’aujourd’hui ne font que répliquer ce qui se faisait déjà. Il y a assez peu de fonctions réellement nouvelles, tirant vraiment parti de ce qu’il devient possible de faire avec le numérique et qui n’existaient pas avant. Dire qu’il y en a ‘ assez peu ‘ ne veut pas dire qu’il n’y en a pas, mais disons que les débuts sont pour le moins timides. Nous prenons le pari que 2007 sera l’année où l’on verra éclore des services nouveaux dans les appareils photo. Le premier est la notion de géolocalisation, le deuxième touche à la connexion, le troisième à la prise en compte du sujet et le dernier, un peu plus fourre-tout, vise à rendre l’appareil moins monolithique. Voyons-les un par un.

La géolocalisation

Qu’une prédiction sur ce que l’on devrait peut-être trouver au menu des appareils photo en 2007 commence par la géolocalisation a quelque chose d’absurde, de complètement incohérent. Aujourd’hui, le GPS est (ou peut être) absolument partout. Il est dans les voitures, dans les téléphones, dans les baladeurs, on en voit même dans les chronomètres de poignet utilisés par les coureurs à pied (qui utilisent la fonction GPS non plus pour trouver leur chemin, mais pour calculer la distance parcourue). Le GPS est absent dans un seul objet technologique : l’appareil photo. Carence étonnante car, parmi les activités qui ont un besoin pressant de cette géolocalisation, la photo figure dans le peloton de tête. Cette affirmation vous fait hausser les sourcils ? Réfléchissez à la façon dont vous gérez vos images et aux outils logiciels que vous utilisez. N’importe quel logiciel est capable de retrouver une photo stockée sur votre ordinateur par date (même Windows est capable de le faire !). Aucun, en revanche, n’est capable de retrouver une photo par lieu. Aujourd’hui, ça n’est pas très grave, mais dans quelques années, lorsque vous aurez des piles de DVD d’images de famille, de vacances, etc., les choses risquent d’être très différentes. La mémoire fonctionne largement autant (si ce n’est plus) par lieu que par date. On se souvient aisément des vacances passées en Italie il y a quatre ou cinq ans, mais pour ce qui est de se souvenir de la date exacte…L’utilisation du GPS en photo est on ne peut plus simple. Les photos comportent un ensemble de champs (dits champs Exif) dans lesquels l’appareil inscrit la date de prise de vue et un certain nombre d’indications que votre logiciel de retouche peut afficher. Ces champs Exif prévoient un emplacement pour les données GPS. Si elles sont remplies, la prochaine génération de logiciels de catalogage pourra effectuer des recherches non seulement par date, mais par lieu. Pour l’instant, seul Sony semble avoir commencé à bouger avec un petit accessoire externe, mais gageons que, d’ici peu, ce service GPS fera partie des fonctions ordinaires d’un appareil photo.

La connexion

Tout l’univers technologique s’est converti au sans-fil et personne ne s’en plaindra. Désormais, les ordinateurs portables se connectent à Internet en Wi-Fi, on récupère les images prises avec les téléphones portables en BlueTooth. Même les claviers et souris, qui ont été les plus farouches défenseurs du câble, finissent par succomber aux sirènes du sans-fil. Il ne reste plus guère qu’une seule famille d’appareils à rester obstinément avec un fil à la patte : l’appareil photo. Des tentatives ont été faites, par Kodak d’abord avec son EasyShare One et par Nikon surtout, qui persiste avec ses gammes de compacts Coolpix Wi-Fi. Mais, jusque-là, cette option n’a pas encore remporté l’adhésion qu’elle mérite. Gageons que les prochaines générations d’appareils photo feront, une bonne fois pour toutes, une croix sur ces maudits câbles.

Le personnage au centre du calcul

Techniquement, la photo est une chose très simple. Un appareil photo, c’est une ouverture de taille réglable par laquelle passe la lumière (le diaphragme), un moyen de limiter le temps pendant lequel la lumière arrive sur la surface sensible (l’obturateur) et donc un récepteur dont la sensibilité est variable (le capteur et ses amplificateurs électroniques).La bonne exposition dépend du choix judicieux de ces trois paramètres. Sur cette base et en y ajoutant la gestion du flash et celle de la mise au point, les constructeurs ont développé une flopée de ‘ modes ‘ aux noms parfois pompeux et qui ne sont en fait rien d’autre que des ensembles de préréglages. Il n’y a strictement aucune intelligence dans un ‘ mode ‘ d’appareil photo. Vous voulez un mode Paysage ? Définissez un préréglage qui privilégie un diaphragme fermé (et donc un temps de pose long) et une mise au point sur l’infini. Un mode Portrait ? Facile : activez le flash, privilégiez le calcul de l’exposition pour le centre de l’image avec un diaphragme ouvert (et par conséquent un temps de pose court) pour raccourcir la profondeur de champ, etc. Les appareils étant devenus de petits ordinateurs fonctionnant à grand renfort de microprocesseurs, définir des ensembles de préréglages que l’on peut rappeler d’une pression sur une touche ou en sélectionnant une ligne de menu est d’une simplicité enfantine, et cela permet de publier des fiches techniques impressionnantes.Les choses sont en train de changer, avec la vague récente des systèmes de détection de visage. Pour une fois, un compact ne se contente plus d’appliquer des formules préparées à l’avance, mais se configure en fonction du sujet. Le système repère les visages et effectue le calcul de l’exposition et de la mise au point sur eux. Simple et judicieux. Le plus en avance sur ce terrain est Fuji qui a développé un petit microprocesseur dédié et commence à le généraliser sur ses derniers modèles. On verra également apparaître cette fonction sous forme logicielle sur les productions des autres constructeurs. Ce dernier point est lié au fait que les fonctions avancées sont généralement développées par de petites entreprises tierces qui vendent leur technologie aux grands constructeurs. L’une des plus en avance est Fotonation. Fotonation fournit de la connectivité à certains Nikon, le système anti-yeux rouges aux Samsung et vient récemment de présenter un dispositif de détection de visage qu’on trouve déjà sur les Pentax, et qu’on verra chez d’autres marques.

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La rédaction