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Warcraft le commencement : une nouvelle fresque fantasy pour tous ?

Warcraft : le commencement, dernier film de Duncan Jones, est dans les salles depuis mercredi et, en exclusivité, en France. En effet, les Américains devront attendre le 10 juin pour admirer et suivre les aventures fantastiques du monde d’Azeroth. Carton ou pas ?

Quand Blizzard se lance dans le cinéma, les fans retiennent leur souffle. Surtout quand le film aborde l’univers – ô combien complet – d’Azeroth, le monde de Warcraft et World of Warcraft. Un monde que des millions de joueurs sur la planète connaissent et arpentent depuis des mois, voire des années pour les vétérans et amateurs des titres du studio. Certains l’ont parcouru puis délaissé, faute de temps, mais gardent toujours un œil sur ce qui s’y passent et y reviennent, à l’occasion, lors de la sortie d’une extension d’un des plus grands MMORPG de la dernière décennie. Ça sent le vécu ? Normal.

Et c’est bien à ceux qui aiment ou ont aimé les jeux de la licence Warcraft de Blizzard que le film s’adresse avant tout. Quoi qu’on en dise. Si Blizzard et Universal pensaient pouvoir attirer des milliers de spectateurs, pour la plupart peu familiers avec l’univers des jeux vidéo, le duo pourrait bien connaître quelques déconvenues. On ne rentre pas dans Azeroth, comme ça, aussi facilement que dans Harry Potter, par exemple.
Et pour faire autant d’entrées qu’un Seigneur des Anneaux/Hobbit ou encore, allez, soyons fous, qu’un Star Wars, il aurait fallu muscler la communication. Mettre en avant des ouvrages en librairie, voire mener des actions promotionnelles (happening) dans des lieux fréquentés par le plus grand nombre et pas forcément des gamers.

World of Warcraft Legion Extension
Blizzard Entertainment – La prochaine extension du MMORPG World of Warcraft, baptisée Legion, sortira au mois d’août prochain

Et, comprenons-nous bien, le film n’est ni mauvais, ni mal réalisé. Le scénario n’est pas non plus bancal. Toutefois, force est de constater que Duncan Jones ne donne pas les principales clés pour comprendre Azeroth et ses tenants et aboutissants.

Ce qui nous a poussé à regarder ce film de deux façons, avec les yeux des fans absolus, que nous sommes, et également avec ceux du spectateur en quête d’heroic fantasy…

Warcraft, un film divertissant pour avertis

Warcraft the beginning the movie
Universal/Blizzard Entertainement/Legendary – Entre cités de pierre et de bois archaïques construites par les Orcs et ville magique dissimulée dans les nuages, les décors du film sont enchanteurs.

Comme un jeu Blizzard, le film de Duncan Jones a une bordée d’atouts pour convaincre… le spectateur féru de l’univers du studio. A commencer par la dimension épique de la fresque qu’on lui propose qui rappelle celle des jeux, notamment des donjons à plusieurs ou des Raids.

Ici, pas de méchants, pas de gentils bien identifiés. Simplement deux points de vue divergents. D’un côté, les Orcs qui veulent fuir leur monde mourant et en trouver un autre plus accueillant qu’il compte bien, mentalité guerrière et primale oblige, soumettre à grand coup de haches. De l’autre, des Humains qui vivent en presque harmonie avec les Elfes (ni de la Nuit, ni de Sang contrairement à la mythologie Azeroth), les Nains et une nation de Mages, et qui se voient confrontés à l’arrivée massive des Orcs. 

C’est l’histoire de la bande à Lothar

Au milieu de tout cela, les héros du film : un commandant d’armée humain tiraillé entre son rôle de père et de militaire (Lothar), un apprenti magicien un peu renégat et très doué (Khadgar), une semi-Orc esclave mais à la destinée hors du commun (Garona), un chef de clan Orc qui ne souhaite pas que lui et ses semblables soient les artisans de la perte de leur peuple entier (Durotar), peuple perverti par un démoniste Orc corrompu (Gul’Dan).

Warcraft le commencement le film
Universal/Blizzard/Legendary – Les Orcs, la plus belle réalisation animée du film !

D’ailleurs, impossible de ne pas parler de la modélisation des Orcs qui est tout simplement bluffante, du physique, aux expressions en passant par les animations des divers pagnes et bijoux de guerre, c’est sans doute la grande réussite du film. Film ou démo technique d’effets spéciaux ? C’est parfois à se demander si la seconde ne prend pas le pas sur le premier. Du reste, les acteurs leur prêtant leur corps et leur voix (déformée) sont à peine reconnaissables sous les multiples couches de textures et pixels mais le travail réalisé ici est titanesque. Et puisqu’on parle casting, celui-ci est plutôt bon mais on sent que certains ont eu du mal à rentrer dans la peau de leur personnage.

C’est notamment le cas du Roi des Humains (Dominic Cooper) ou encore de Lothar, incarné par Travis Fimmel, l’un des acteurs de la série Vikings.

Warcraft le commencement
Universal/Blizzard/Legendary – Le Roi des Humains incarné par Dominic Cooper n’a pas réussi à tout à fait nous convaincre, malgré sa sublime armure et ses beaux atours

En revanche, pour Ben Foster (Medivh, sorte de super Saroumane) ou encore Clancy Brown qui est dissimulé sous les traits d’un chef de clan Orcs et qui, pour les cinéastes avertis incarnait le Kurgan dans Highlander, on sent que les personnages ont été bien compris. Sans parler de Gul’Dan incarné par Daniel Wu Yanzu, un acteur et réalisateur américano-chinois qui est sans doute la très bonne surprise du film.

Pas de doute, c’est très très beau !

Tout ce petit monde évolue dans un monde magnifique à la mise en scène soignée, à l’ambiance sonore fidèle, et surtout aux effets spéciaux globalement très réussis. Ainsi, on retrouve les régions de Warcraft et WoW, notre cœur se serre devant les premières images de Stormwind (non pas Hurlevent !) nous rappelant l’émotion ressentie alors que notre paladin niveau 1 faisait ses premiers pas la forêt d’Elwynn tuant des lapins pour faire de l’XP… Hum on s’égare.

Warcraft the beginning
Blizzard/Legendary/Universal

Parmi les autres éléments qui plairont aux fans, les différentes répliques tirées des jeux, les multiples clins d’œil faits à certains personnages et créatures de l’univers que seuls les joueurs sauront saisir à leur juste valeur. Et que ce soient les armures, les armes ou encore les créatures fantastiques (le griffon de Lothar notamment), tout est comme nous les imaginions dans nos petites têtes de joueurs lorsque nous contemplions les pixels des jeux.

Mais tout n’est pas rose en Azeroth

Warcraft n’est pas non plus un chef d’œuvre du cinéma fantastique. Pour les non-initiés, il se consommera comme un énième film d’aventures et d’action dans un monde imaginaire. Pire, il pourra même passer pour une œuvre très moyenne aux yeux des puristes, rompus au 7e Art.

Warcraft : le commencement
Universal/Blizzard/Legendary

En effet, impossible de ne pas souligner la pauvreté de certains maquillages ou autres effets magiques. Nous pensons notamment aux Elfes qui n’ont rien de la majesté ni du côté félin que l’on pourrait leur prêter. De plus, leurs oreilles nous ont donné l’impression d’avoir été bricolées assez rapidement et, bien que fidèles à l’esprit Warcraft, on les aurait voulu plus belles. Nous ne vous parlerons pas des yeux illuminés de magie des sorciers, parfois convaincants, parfois ratés.

Enfin, impossible de ne pas regretter que certains personnages clé de l’univers de Warcraft ne soient pas présents et, pour ceux qui ont la chance d’être dans le scénario, passent souvent de vie à trépas en un clin d’œil. C’est qu’on s’y attacherait presque…

Reste que Warcraft le commencement est le premier film d’une série. Pour le moment, le second opus n’est pas encore annoncé mais, considérant la fin de ce volet avec une référence biblique forte (Moïse sauvé des eaux), il y a fort à parier que Blizzard, Legendary, Universal et consorts ont déjà prévu une potentielle suite. On ne s’en frotte pas les mains d’avance mais la curiosité nous poussera sûrement à re-franchir le seuil des salles obscures pour aller voir de quoi il retourne.

Un film 100% d’animation n’aurait-il pas été plus pertinent ?

En somme, au sortir du cinéma, le bilan est en demi-teinte. Reconnaissons que le travail effectué par Duncan Jones est titanesque et qu’il n’est jamais simple de mettre en image des univers riches et complexes (Peter Jackson pourra en témoigner).

Blizzard/Legendary/Universal

Et bien que l’interaction entre acteurs humains et acteurs 3D frôle la perfection, on regrette toutefois que le film ne soit pas constitué à 100% d’animations 3D. Les elfes, les nains et les magiciens auraient gagné en fluidité de mouvement et d’expression. Voire en détails. Et ce n’est pas comme si Blizzard – et Mike Morhaime, PDG du studio et un des producteurs du film, ne savait pas faire ! Ses développeurs et artistes animateurs prouvent, à chaque sortie de jeu, qu’ils sont capables de repousser sans cesse le niveau de détails et de réalismes des scènes animées, toujours plus époustouflantes les unes que les autres.

Preuve supplémentaire que le 7ème Art démange le studio de plus en plus : les courts-métrages réalisés à l’occasion de la sortie du jeu Overwatch, le 24 mai dernier, montrent l’ampleur du talent à disposition pour la création de contenu audiovisuel.

Azeroth mérite de triompher au cinéma. Il le vaut bien. La richesse de son univers exige le meilleur, et les spectateurs, fans de la première ou juste curieux, devraient également avoir droit à ce qu’il y a de mieux. C’est à ce traitement que Blizzard nous a habitué au fil des jeux et des années… Il est temps de faire la même chose… au cinéma.

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Aymeric SIMÉON