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Virus informatif

L’air de rien, le football est en train de propager un terrible virus dans la sphère “communicationnelle “. Résumons rapidement les faits : les droits télévisuels…

L’air de rien, le football est en train de propager un terrible virus dans la sphère “communicationnelle “. Résumons rapidement les faits : les droits télévisuels de la Coupe du Monde 2002 ont été exclusivement vendus pour la France à TF1. Sans plus de polémiques, les politiques ayant sans doute, en ce moment, peu à c?”ur de se fâcher avec la chaîne la plus regardée de France. Pour la radio, les droits sont allés à la plus petite des radios périphériques, RMC, laquelle ne couvre même pas tout le territoire national. Au grand dam des autres ?” RTL, Europe 1, Radio France ?” qui ne cessent de pester, rechigner, s’énerver et polémiquer. L’intéressant dans l’affaire est ce que leur répond Gérard Bourgoin, président de la Ligue nationale de football. Il déclare : “Si les radios veulent, une fois que le match a eu lieu [voilà la phrase à retenir, ndlr], en faire un large résumé, libre à elles. Elles auront accès aux stades et pourront envoyer leurs journalistes faire leur métier. Le droit à l’information n’est absolument pas remis en question.” Bourgoin narre donc la nature schizophrénique du football : pendant le match, c’est un spectacle qui, en tant que tel, a le droit d’être vendu en exclusivité à tel ou tel. Mutatis mutandis, après le match, celui-ci devient ?” ou redevient ?” un événement que n’importe qui peut commenter. Si cette conception des choses est un virus, c’est qu’on voit comment elle va toucher d’autres aspects de notre vie. Un candidat à la présidentielle pourrait par exemple considérer que l’annonce de sa candidature est un spectacle qu’il est en droit de vendre en exclusivité à un média. Ce n’est qu’après, que sa candidature deviendrait un événement que chacun serait en droit de commenter. Ou bien, imaginons un juge qui écrirait un livre mettant en cause le président de la République. Son éditeur pourrait considérer que ce livre, en dépit de son enjeu événementiel pour la République, est d’abord un spectacle dont il reste libre de vendre “les bonnes feuilles” à qui l’agrée, et qui ne pourra devenir un événement, discutable par tous, que lorsque le livre sera en librairie. On la compris : le virus du football a déjà bien sévi.* Journaliste et essayiste

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Arnaud Viviant*