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USA Interactive : naissance d’un géant du commerce électronique

E-commerce, sites de contenu, portails communautaires, B-to-B… USA Interactive rassemblera toutes ces activités laissées en dehors du périmètre de rachat de USA Networks par Vivendi. Avec 4 milliards de dollars de trésorerie, cette
société rentable peut partir à l’assaut de ses concurrents.

Pas de fardeau Internet pour J6M.com. Jean-Marie Messier ne reprendra pas les actifs Internet de USA Networks,
rachetée lundi pour 12,9 milliards d’euros. Ce réseau de sociétés Internet, au chiffre d’affaires de 3 milliards de dollars en 2000, passera sous le contrôle de USA Interactive, une
entreprise créée de toutes pièces, dans laquelle Vivendi Universal n’aura qu’une minorité du capital. La direction en sera assumée par Barry Diller, l’actuel PDG d’USA Networks ?” également connu pour être un féru d’Internet.Echaudé par l’échec de Vizzavi , le PDG de VU ne nourrit plus les mêmes ambitions qu’AOL Time Warner dans l’Internet. Pas de FAI maison, ni de sites d’e-commerce emblématiques, Vivendi Universal cantonne désormais ses ambitions à la
distribution de ses contenus sur tous les supports, y compris le Net.Le rachat de MP3.com, au printemps dernier, dans le cadre de la création d’une plate-forme de distribution de musique en ligne, PressPlay, s’inscrit dans cette logique. Inversement,
l’exploitation des sites d’e-commerce de USA Networks sortira du champ de compétence de Vivendi Universal.Cependant, Jean-Marie Messier a affirmé, lors d’une conférence de presse à New York, que son groupe cherchait à conclure des accords commerciaux sur le long terme avec USA Interactive. Le positionnement de Vivendi Universal sur ce
dossier n’est pas sans rappeler le choix de distribuer PressPlay
à travers les portails Yahoo!
et MSN.Le montage financier du rachat de USA Networks reprend cette idée. Vivendi Universal ne pourra contrôler, s’il le souhaite, que 12,4 % du capital de USA Interactive. De plus, il a renoncé à son droit de veto pour toutes les opérations
financières qui dépassent 10 % de la capitalisation de la société.

4 milliards de dollars qui font peur

L’autonomie octroyée à USA Interactive positionne d’emblée le nouveau groupe en position de force pour dominer l’Internet. USA Interactive joue les premiers rôles dans la vente de billets de spectacle (TicketMaster), les sites de
rencontre (Match.com), le voyage en ligne (Expedia.com) et le commerce électronique au sens large (sites commerciaux et fourniture de plates-formes transactionnelles).L’entité revendique 9 % du marché du commerce électronique américain en 2000. Elle compte porter cette part à 20 % d’ici à quelques années.Cette croissance s’effectuera de deux façons. Tout d’abord, la croissance organique du chiffre d’affaires. Ce dernier a crû de presque 16 % sur les neuf premiers mois de l’année 2001, atteignant 2,5 milliards de dollars. En 2002, il est
attendu à 4,3 milliards de dollars, et le bénéfice avant impôts à 620 millions de dollars.Ensuite, USA Interactive mènera une stratégie de croissance externe. Du côté de ses concurrents, l’heure est à l’inquiétude. C’est que Barry Diller dispose d’une trésorerie de 4 milliards de dollars pour devenir l’acteur incontournable
du secteur.Ce dernier a précisé lundi dans
News.com
qu’il négociait des offres de rachat avec une douzaine de sociétés Internet, notant qu’il existait “de formidables opportunités parmi
elles”
.

Seul eBay fait mieux

Du côté des analystes, on salue les performances et le potentiel de développement du nouvel ensemble. USA Interactive a réussi à assurer une forte croissance de ses activités Internet tout en étant rentable (194 millions de dollars
d’Ebitda sur les neuf premiers mois de l’année 2001). Comme le soulignait Barry Diller, lundi,
seul eBay fait mieux en termes de rentabilité.” En se servant du cash flow provenant des actifs de divertissement pour construire et développer un portefeuille d’activités interactives touchant à la billetterie, au merchandising
et aux voyages, nous pensons que USA Interactive est désormais bien placée pour développer davantage son secteur à très forte croissance “, a commenté Chris Dixon, analyste chez UBS Warburg.Fort de la confiance des investisseurs, USA Interactive envisage de faire coter sous un seul nom ses divers actifs après le premier ou le deuxième trimestre 2002, ce qui grossirait encore ses liquidités, et donc le nombre de ses proies
potentielles.

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Gérald Bouchez