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Un impact relatif sur l’emploi et fort sur la productivité

Les nouvelles technologies se diffusent dans la poche, en voiture, à la maison ou au bureau. Mais créent-elles réellement de la valeur et des emplois ?

On voit des ordinateurs partout… sauf dans les statistiques de productivité ! Ce paradoxe énoncé par Robert Solow, prix Nobel d’économie en 1987, s’appuie, entre autres, sur les conséquences des fusions, absorptions et autres restructurations qui ont sclérosé les systèmes d’information, devenus à la fois peu interopérables, obèses et rigides. L’arrivée d’internet et de ses standards de communication a fini par offrir un espéranto salutaire.Aujourd’hui, ce paradoxe est remis en cause. C’est du moins l’opinion qu’a affichée Jacques Mairesse, chercheur au Crest (Centre de recherche en économie et statistique) lors d’un récent colloque à l’université Jean-Moulin à Sceaux : “A l’époque, il n’existait pas d’enquête sur les investissements informatiques dans les entreprises. ” Il faut dire que ce type d’exercice s’avère périlleux : incompatibilité entre les normes des différentes comptabilités nationales, nomenclatures antagonistes, omniprésence de l’informatique dans la maison, le bureau, la voiture, et même dans le corps humain.

Les entreprises contraintes à la restructuration

Néanmoins, le taux d’investissement en technologies de l’information et des communications (TIC) par rapport au produit intérieur brut (PIB) a doublé en vingt ans et représente désormais environ 20 % du total des investissements en équipement – 160 milliards de francs en 1999.En revanche, loin de créer 20 % des emplois, le secteur des TIC a surtout été accusé de les détruire. Pourtant, selon Laurent Gille, auteur de l’étude Les technologies de l’information et des communications et l’emploi en France au Bipe (Bureau international des prévisions économiques), les TIC seraient responsables de 0,6 à 1,6 % de la croissance du PIB.Plus étonnant : depuis 1995, après l’innovation dans les produits et la gestion de la qualité, les entreprises se restructurent, tant au plan financier qu’organisationnel. Dans ce contexte, l’innovation ne porte plus seulement sur la conception de produits, mais sur l’amélioration des procédés industriels ou des processus économiques – notamment dans la logistique d’approvisionnement et de distribution. “Ce type d’innovation est plus favorable à l’emploi de la main d’?”uvre d’exécution, qui n’avait cessé de décliner depuis 1994, souligne Nathalie Greenan, chargée de recherche au Centre d’études de l’emploi. Mais il ne faut pas perdre de vue que, au niveau sectoriel, les emplois gagnés s’accompagnent de suppressions dans d’autres entreprises. “Toutefois, “tant que l’ergonomie, la facilité, la convivialité, l’interopérabilité et les prix des produits et services TIC ne sont pas là, on peut retomber dans le paradoxe de Solow, explique Laurent Gille. Ce qui manque encore, ce sont des produits qui trouvent un marché au niveau de la demande finale. L’autosatisfaction de l’industrie TIC lui a porté tort. Il reste un véritable problème d’innovation. “Après la douche écossaise de la net économie, Laurent Gille pose la question : “Que se passerait-il si la demande en utilité des TIC augmentait de 20 % ? ” Et il propose un modèle économique prospectif, basé sur les données de la Comptabilité nationale.

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Eliane Kan et Erick Haehnsen