Passer au contenu

Snapdragon 8cx Gen 3 : nous avons pris en main un prototype de PC avec la nouvelle puce de Qualcomm

Si la machine était un prototype de type « debug », nous avons pu constater que le PC répondait (enfin !) de manière confortable. Les premières machines commerciales équipées en 8cx Gen 3. arriveront début 2022… mais il faudra attendre plus longtemps si vous voulez un M1 killer.

Tout juste annoncé, le Snapdragon 8cx Gen3 est passé quelques heures entre nos mains. Si les premiers PC commerciaux devraient arriver dans le courant du premier semestre 2022, Qualcomm a mis à la disposition de la presse quelques prototypes de type « debug » lors de son Snapdragon Summit à Hawaï.
Puce la plus haut de gamme de Qualcomm dans la catégorie PC, ce processeur basse consommation ne boxe cependant pas dans la même catégorie que les M1 d’Apple.

S’il est lui aussi gravé en 5 nm, ce SoC minuscule vise à offrir les performances d’un Core i5, une connexion 5G permanente dans des machines ultraportables sans ventilation et avec une durée de vie de batterie « allant jusqu’à 25h ».
Cette dernière affirmation porte cependant en elle une limite : elle dépend de la capacité de la batterie intégrée par les constructeurs. Or, jusqu’ici, aucun de ces partenaires n’a jamais joué sur ce terrain de l’ultra durée de vie – tous ont préféré pour l’heure concevoir des machines extrêmement fines.

SoC dimensionné pour la productivité

Avant de vous donner notre ressenti, attardons-nous un peu sur la puce dont nous vous avons parlé il y a quelques jours lors de l’annonce. Le Snapdragon 8cx Gen 3 promet une vraie montée en puissance par rapport aux Gen 1 et Gen 2 – ce dernier n’était d’ailleurs qu’une resucée du Gen 1.
La partie CPU reste octocore, mais la structure ne passe pas par des cœurs basse consommation : le Kryo nouvelle génération mélange quatre « très » gros cœurs Cortex-X1 à quatre « gros » cœurs Cortex-A78. La promesse d’un CPU 60% plus performant mélange les gains en single thread (+40%) à un bond massif en multithread (+85%).

Pas de quoi s’en prendre cependant au M1 car, selon Miguel Nunes, responsable du développement de la puce, ce n’est pas le but : « Il s’agit d’un SoC qui vise la productivité », nous expliquait-il. Et Qualcomm ne cherche pas à impressionner.

« Nous sommes une entreprise pilotée par le business, nous ne développons pas des puces ‘’héros’’ pour épater la galerie. Ce que nous voulons, c’est produire en gros volumes pour maximiser notre retour sur investissement. Et pour l’heure, les volumes qui sont réalisables sur la plate-forme Windows 11 ARM sont à chercher dans l’entrée et le milieu de gamme ». Voilà une réponse claire aux fantasmes de « M1 killer ».

Un vrai prototype et non une machine finale

« Surtout pas de benchmark, ce n’est pas un produit final, mais un prototype » nous a-t-on martelé lorsque nous avons demandé à manipuler seuls la machine.
Une mise en garde répétée à plusieurs reprises que nous avons respectée, mais nous avons quand même pu tester deux choses : la qualité de la navigation dans Windows 11 et sur le Net (en 5G via le navigateur Edge), ainsi que la compatibilité Adobe ARM, via les performances d’export de fichiers RAW en Jpeg via Adobe Lightroom.

Comme vous pouvez le voir sur les photos, entre les prises cachées pour connecter des nappes debug, le logo Snapdragon collé, une dalle médiocre, une batterie qui chargeait lentement, etc., ce petit PC portable fleurait bon le prototype de démonstration assemblé comme preuve de concept.
Mais les performances générales étaient bien là. Contrairement, au premier 8cx, nous n’avons perçu aucune lourdeur. De prime abord et avant tout benchmark officiel (ainsi que deux ou trois semaines en immersion avec un produit commercial), le niveau Core i5 est atteint. Mais avec une puce qui consomme nettement moins que la concurrence et qui est connectée en 5G.

Performances confortables… avec les apps natives

Côté système d’exploitation, on sent vraiment la différence de réactivité. Le 8cx premier du nom était déjà plus pêchu que les Snapdragon 835 et 850 que nous avions testés (tous sous Windows 10). Mais ici, ce 8cx Gen 3 et Windows 11 réagissent au doigt et à l’œil. Pas de ralentissement quand on plonge dans les sous-menus des paramètres système, rien non plus quand on charge 20 onglets dans Edge avec deux pages sous YouTube et une sous Dailymotion : le moteur de rendu graphique tient bon.

Vient ensuite le test des (trop rares) applications Adobe natives Windows ARM 64, comme Lightroom CC. Et là encore, le constat est bon : éprouvée avec un pack de 100 fichiers RAW 20 Mpix issus du Sony RX10 Mark IV, l’application est restée parfaitement fluide.
Pas de curseur qui « résiste » quand on bouge un paramètre, le comportement semble similaire à celui d’une puce x86. Vient ensuite l’export des 100 fichiers en version Jpeg pleine définition avec filtre de netteté écran. Bilan : 3 min 37 pour ces 100 fichiers (avec comme inconnue et potentiel facteur limitant la vitesse de lecture/écriture d’un disque dur que l’on peut imaginer en eMMC et non en PCIe). Soit 2,3 secondes par fichier, ce qui correspond bien à la cible d’un – petit – Core i5.

Mais ce constat de performances très suffisantes ne s’entend qu’avec les applications natives. Le navigateur Chrome qui, pour des raisons obscures, n’est toujours pas disponible en version Win ARM64 (alors que Google compile bien en ARM pour Android et macOS), n’est pas aussi véloce, loin de là.
Si Windows 11 permet bien d’installer et d’exploiter la version x64 (c’est un beau progrès !), l’émulation, quoique satisfaisante, ne saurait égaler une app native.

Le pari de la connectivité avant celui de la puissance

La super puissance, comme nous le verrons dans un prochain article, Qualcomm croit pouvoir l’apporter « quand ce sera le bon timing », avec sa culture de faire des volumes et pas seulement un produit marquant. Une stratégie qui est très frustrante, pour ceux qui voudraient une alternative sérieuse aux x86 avec Windows, mais qui a du sens niveau business. Ce qui ne veut pas dire que Qualcomm estime arriver en situation d’infériorité.

Lire aussi : On a essayé la console Razer à base de Snapdragon G3x, de Qualcomm

« Entre notre 8cx Gen 3 et notre 7c+, nous cherchons à démocratiser des machines qui intègrent par défaut une connectivité 5G », explique Miguel Nunes.

Quand on l’interroge sur la pertinence de cet équipement pour le grand public, il répond que « le marché PC est fragmenté en une multitude de segments. Et dans un premier temps nous visons l’éducation ou encore le milieu professionnel. Qu’il s’agisse d’une entreprise qui, en période de transformation numérique post-covid, a compris l’importance d’avoir des employés toujours connectés indépendamment de la qualité des réseaux Wi-Fi où ils travaillent. Ou encore d’écoles, notamment dans des pays où les seules connexions fiables à Internet sont des connexions 4G ».

Si le 7c+ devrait être intégré dans des machines au tarif très agressif, le 8cx Gen 3 reste une puce produite en 5 nm, donc chère à produire. Sans doute pour plus de flexibilité sur les prix, Qualcomm a fait le choix du modem externe.
Non seulement la puce est ainsi moins complexe à développer et à produire, mais en plus les constructeurs vont pouvoir sélectionner l’un des trois modems compatibles – X55, X62, ou X65 ce dernier promettant des téléchargements jusqu’à 10 Gbits/s en agrégation mmWave et Sub-6 – selon le tarif cible.

Pour le grand public, pour qui la connectivité est un plus et non l’argument central, le tarif ainsi que la compatibilité des apps et l’autonomie, seront d’une importance clé. Un défi de taille, surtout face au M1 d’Apple, que l’on retrouve dès 1 129 euros dans un MacBook Air 8Go/256Go…

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.