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Snapdragon 8cx : Qualcomm attaque Intel de front avec son processeur ultra-puissant pour Windows 10

Plus qu’une simple déclinaison d’une puce mobile, le Snapdragon 8cx a été conçu dès le début pour évoluer dans un vrai environnement PC. Avec comme objectif de tacler les processeurs Intel dans les ultraportables. Le début d’une vraie guerre ?

« Le Snapdragon le plus puissant qu’on n’ait jamais conçu », assène Miguel Nunes, vice-président de Qualcomm et responsable du développement du Snapdragon 8cx. C’est ce processeur que la firme américaine vient d’annoncer lors de son événement annuel à Hawaï. Un jour après avoir dévoilé le Snapdragon 855, destiné aux smartphones, Qualcomm annonce cette fois son premier vrai processeur pour ordinateur.

Pas un simple composant mobile mis dans un ordinateur comme le fut le SD835, non plus qu’une petite évolution de fréquence comme l’est le SD850 (un Snapdragon 845 surcadencé) mais un vrai processeur dédié aux ordinateurs sous Windows 10.
Développé conjointement avec le SD855 et donc lui aussi gravé en 7 nm par TSMC, il intègre des partie CPU et GPU spécifiquement conçues pour être à même de tenir tête aux processeurs mobiles d’Intel.

Plus gros, plus puissant, mais toujours l’énergie en tête

Conçu dès le départ pour un usage informatique (« computing »), le Snapdragon 8cx intègre un CPU (processeur) Kryo 495 qui diffère en puissance du Kryo 485 du Snapdragon 855. Exit les trois cœurs intermédiaires, le Kryo 495 est une puce octocore qui profite de 4 cœurs haute puissance (les « Prime Core ») et de quatre cœurs basse puissance. Trois cœurs haute performance en plus donc et une fréquence de fonctionnement « pas encore arrêtée » qui devrait être elle aussi plus haute. Sans oublier un maximum de mémoire cache (10 Mo en tout) pour un accès rapide à une grande quantité d’informations.

Non seulement la partie processeur devrait être bien plus performante que celle du SD855, mais côté GPU (carte graphique), le gain de performance est impressionnant sur le papier.
Ainsi, l’Adreno 680 du SD8cx serait x3,5 plus performant que l’Adreno 540 du Snapdragon 835 utilisé dans les Always Connected PC que nous avons déjà testé (Asus NovaGo et HP Envy X2). Selon nos calculs, l’Adreno 680 serait ainsi x2,3 plus performant que l’Adreno 640 du Snapdragon 855 fraîchement annoncé.

Une belle promesse graphique qui ne devrait pas saboter la batterie. Selon les promesses de Qualcomm (à vérifier donc), l’Adreno 680 serait énergétiquement 60% plus efficace que l’Adreno 630 des SD845/850 à tâche graphique égale. Ça reste à voir, mais il est sûr que la finesse de gravure à 7 nm doit aider !

L’héritage du processeur mobile

Le Snapdragon 8cx a beau cibler un usage PC, il n’en reste pas moins qu’il provient d’un SoC (System on a Chip), une puce tout-en-un dotée de facultés de communication avancées. Il intègre ainsi le tout dernier modem 4G de Qualcomm, le X24, celui-là même qui équipe le nouveau Snapdragon 855 pour smartphones annoncé il y a deux jours. Ce modem 2 Gbit/s permettra à l’ordinateur de conserver sa connexion à Internet… même en veille. « Dans son mode veille, le Snapdragon 8cx reste connecté à Internet et continue de relever les messages, par exemple », explique Miguel Nunes. « Tout ça pour une consommation de seulement 30 mW ! ».  
A ce modem s’ajoute une compatibilité avec le Wi-Fi 802.11ad compatible 60 Ghz, le Bluetooth 5.0 ou encore le quick charge 4+ (pour recharger rapidement la batterie).

L’autre point fort de la puce provient de l’architecture ARM, célébrée pour sa consommation énergétique très réduite et, incidemment, son excellente efficacité énergétique en – en dessous d’un certain seuil de puissance. Lors de la présentation, le Snapdragon 8cx a été présenté pour 7W seulement, ce qui ferait que « toutes les machines conçues par nos partenaires seront évidemment dépourvues de ventilateurs ». Cela signifie également qu’elles devraient offrir des autonomies records : « nous ne voulons pas compter en heures mais en jours », a promis Miguel Nunes.

Face à un Core i5-U de 15W de TDP

Miguel Nunes a fait directement allusion aux performances d’un « Core i5 U de 15W de TDP » (ndlr : la TDP est l’enveloppe thermique d’un composant. Elle est exprimée en watts et indique l’effort de dissipation thermique nécessaire à son bon fonctionnement) pour illustrer les slides de comparaisons de performances.
Interrogé par nos soins plus tard, le Core i5 de référence serait soit le 8250U ou le 8265U assez proches en termes de performances. Selon les mesures de Qualcomm (forcément partiales), une fois calés à 7W, le Core i5 se ferait largement dominer par le nouveau Snapdragon 8cx. Tant en termes de performances pures que d’endurance.

S’il faut prendre ces mesures avec des pincettes – et attendre de pied ferme de faire souffrir les premières machines qui arriveront avec nos procédures de test – une chose est sûre : Qualcomm semble confiant, suffisamment pour identifier précisément la cible qu’il veut abattre. Avec le risque, évidemment, de décevoir si les performances ne sont pas au rendez-vous…

Des ressources cachées pour le futur

Adrian BRANCO / 01net.com – Miguel Nunes, Senior Director of Product Management chez Qualcomm.

« Les parties matérielles des autres modules (Hexagon 690 et Spectra 390 pour l’image) sont exactement les mêmes que celles du Snapdragon 855 », décrit Miguel Nunes. « La seule différence d’utilisation tient dans les systèmes d’exploitation qui les pilotent. Contrairement à Android, sous Windows 10, il n’y a pas encore tous les outils pour en tirer pleinement parti. Donc, dans un premier temps, les développeurs n’auront pas accès à tout le potentiel de la puce », justifie-t-il avant d’ajouter que « dans ce marché, nous voulons être les activateurs. Il y a donc de fortes chances que, à termes, nous développions avec nos partenaires des outils logiciels pour utiliser l’Hexagon ou le module Spectra ».

L’intérêt de la chose ? Profiter de la puissance de ces éléments dans le cadre de machine learning ou de traitement d’image. Des coprocesseurs qui sont, pour l’heure, absents des CPU x86 classiques. Quand on lui demande si, une fois activé, l’Hexagon pourrait se comporter comme une sorte de Intel Movidius Myriad X, Miguel Nunes répond du tac-au-tac « Oui. Les deux puces (Intel et Qualcomm Hexagon) ne sont bien évidemment pas similaires mais oui, on pourrait envisager de développer des outils d’IA qui soient propulsés par l’Hexagon. »
De même, le module Spectra 390 pourrait être employé pour l’analyse ou le traitement d’image – il peut traiter jusqu’à 1,32 milliard de pixels par seconde ! – mais « il faudra du temps pour que les besoins et les outils émergent ».

Une logithèque native qui grandit doucement

Si les problèmes de performance de la première génération d’Always Connected PC sous Snapdragon 835 pourraient être oubliés si ce Snapdragon 8cx tient ses promesses, une faiblesse reste de mise : le manque d’applications natives.
Les démonstrations que nous avons pu voir montrent que le moteur d’émulation du code x86 vers ARM a bien progressé, peu d’applications ARM sont disponibles. « Il nous faut lutter contre 30 ans d’héritage du PC x86 » reconnaît Miguel Nunes avant de préciser « que cela va prendre un peu de temps, mais que nous ferons tout pour que cela évolue ».

Pour montrer leur investissement dans le domaine du logiciel, ce sont des intervenants de Microsoft et Symantec qui sont venus sur scène à l’invitation de Qualcomm. Le tout avec de jolies slides qui illustraient le bourgeonnement de l’écosystème des applications ARM natives.  

La partie n’est pas gagnée pour Qualcomm – on parle quand même de s’en prendre à Intel et AMD ! – mais si le Snapdragon 8cx tient ses promesses et si l’offre logicielle continue de s’étoffer, les Always Connected PC pourraient devenir, à termes, des ultraportables de choix avec leur grande endurance et leur connectivité permanente.

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