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Ryzen 4900H et SmartShift : les armes fatales d’AMD pour les PC portables gamers

Un processeur surpuissant équipé de 8/16 cœurs, une gestion unique de l’énergie : avec le fleuron de ses Ryzen 4000 mobiles et sa technologie SmartShift, AMD pourrait se faire une place dans les PC de jeu. A condition que sa future gamme Radeon Mobile soit au niveau. 

Aujourd’hui, un PC portable pour gamers rime avec Intel et Nvidia. Dans ce segment, AMD ne part pas de loin : il ne part de rien. De l’aveu même des équipes d’AMD que nous avons rencontrées dans leurs bureaux texans d’Austin le mois dernier, « avec notre génération Ryzen 3000 Mobile nous sommes passés de 0 % à 6 % ». Un rien qui pourrait grossir encore un grand coup avec l’annonce des Ryzen 4000 mobiles.

Des puces qui ont comme ambition de manger des parts de marché non seulement dans les ultraportables avec les modèles 15 W… mais aussi dans le segment gaming/création avec des SoC en 45W : avec un Ryzen 4900H intégrant 8 cœurs physiques (8 cœurs/16 threads) cadencé à 3,3 GHz et qui pousse la chanson jusqu’à 4,2 GHz en mode Boost, AMD semble tenir un champion de puissance. Une super puce qui profite d’une toute nouvelle technologie d’amélioration des performances de toute la plate-forme : SmartShift. Petit tour d’horizon technologique de la future offre gamer d’AMD.

Ryzen H et HS : de belles promesses

Le modèle plus haut de gamme et le plus puissant de la famille Ryzen 4000 s’appelle Ryzen 9 4900H. Ici, AMD n’a pas fait dans la subtilité : il vole à Intel non seulement le « 9 » de la gamme Core i9, mais aussi le « H » final marqueur de la classe hautes performances des puces mobiles. Le contexte est clair : alors qu’il s’était limité à des Ryzen 7 pour la génération précédente, AMD attaque directement le fleuron mobile d’Intel, le Core i9 9880H (le Core i9 9980HK est encore un peu plus performant, mais sa distribution bien plus rare et exclusive que le 9880H que l’on retrouve dans la plupart des configurations gaming mobiles haut de gamme).

Si vous n’avez pas lu notre article qui décortique un peu l’architecture de la nouvelle génération de puces AMD, le Ryzen 9 4900 H fait partie d’une toute nouvelle génération de puces gravées en 7 nm embarquant à la fois un CPU basé sur l’architecture Zen 2 (ici 8 cœurs/16 threads comme l’a vu) épaulé par 12 Mo de mémoire cache, mais aussi un GPU Radeon Vega RX équipé de huit unités de calcul cadencées à 1750 MHz. Rien qu’avec cela, on doit déjà commencer à jouer sérieusement, même si le but affiché d’AMD est que son SoC soit intégré avec des cartes graphiques supplémentaires, qu’elles soient signées AMD ou Nvidia, le leader du segment.

Alors que le Core i9 9880H est gravé en 14 nm++, la puce d’AMD est gravée en 7 nm et devrait offrir une consommation inférieure au repos. Et la puce graphique Radeon RX de ce dernier est loin, très loin devant le pauvre UHD 630 du Core i9 — de quoi doper un peu les performances dans les applications qui ne tirent pas parti de la carte graphique additionnelle. Sur les slides de mesures de performances qu’AMD nous a communiqués, le Ryzen 7 4800H (qui se situe juste en dessous du Ryzen 9 4900 HS) étrille littéralement le Core i7 9750H que l’on retrouve dans beaucoup de configurations sérieuses. Et il se permet de passer légèrement devant le super Core i9 9880H. Avec +400 MHz de plus en fréquence de base et +200 MHz en boost, le Ryzen 9 4900H devrait largement dépasser les puces d’Intel.

Même si les mesures « constructeurs » sont toujours à prendre avec des pincettes, le message est clair : les Ryzen 4000 seraient enfin au même niveau de performances qu’Intel dans les configurations mobiles hautes performances. Et si elles sont effectivement moins chères que les puces Intel, les 6 % de parts de marché qu’AMD a avalé en une génération pourraient largement doubler ou tripler dans les mois qui viennent. Le CPU étant, après le GPU, le composant le plus cher des PC portables de gaming.

Du jeu et de la création

Le jeu et les applications créatives — retouche photo, montage vidéo, modélisation 3D, streaming, etc. — ont ceci en commun que ce sont des domaines qui requièrent des configurations musclées. Selon les mesures de performance fournies par AMD (nous n’avons pas encore reçu de plate-forme de test, SRAS-CoV-2 oblige), les Ryzen 4000 devraient briller dans les applications créatives, plus encore que dans le gaming. Avec un gain de performances affiché de +46 % par rapport à un Core i7 9750H, le Ryzen 7 4800H pourrait devenir la coqueluche des vidéastes et musiciens. La compression vidéo sous le logiciel HandBrake affichant même un gain de temps de 80 % !

Les fréquences supérieures du Ryzen 9 4900H devraient lui permettre d’exploser encore ces mesures, mais AMD s’est montré discret dans sa communication. Logique : sans software, le hardware n’est rien. Si les testeurs ont à cœur de faire tourner des logiciels de mesure de performances et autres maîtres étalons du milieu logiciel (Photoshop, Premiere, etc.), il faut généralement une vraie implémentation des spécifications des processeurs dans les logiciels pour que les puces puissent vraiment s’exprimer.

Nul doute qu’AMD est à pied d’œuvre pour démontrer les atouts de son architecture et les performances potentielles de ses puces aux gros développeurs logiciels. Dans le but de les inciter à prendre en charge tout le potentiel que la puce a sous le capot.

SmartShift : gestion globale de l’énergie et des performances

Jusqu’ici, les CPU et les GPU ont toujours été gérés de manière indépendante du point de vue de la dissipation thermique. Pour faire simple, un CPU disposant d’une enveloppe thermique de 45W et un GPU affichant lui aussi 45W limitent leurs performances à leur seuil propre, quoi qu’il arrive.

Prenons le cas d’une application sollicitant beaucoup le GPU, mais moins le CPU, comme un jeu en 3D sans beaucoup d’IA. Quand bien même la plate-forme totale est qualifiée pour dissiper 90W, le GPU se limite à 45W de dissipation thermique et la « marge » CPU ne sert à rien. Même constat pour une application qui utilise intensément le CPU : même si le GPU est sous-utilisé, sa marge thermique n’est pas utilisée. Chaque puce a droit à 45W. Et vice versa avec une application sollicitant 100 % du temps processeur sans faire appel au GPU : le CPU se limite à 45 W, point barre.

AMD veut changer cette donne avec une technologie annoncée au CES qui arrive pour la première fois dans les Ryzen 4000 et dans la PlayStation 5 : SmartShift. Un dispositif qui perçoit les composants non pas comme des éléments isolés, mais comme une plate-forme complète avec un « thermocrédit » global. Via le protocole de communication d’AMD appelé Infinty Fab ric, un élément du Ryzen 4000 communique en direct avec la puce graphique additionnelle pour gérer en temps réel la charge entre le CPU et le GPU. Chaque composant est toujours qualifié — ici 45W dans notre exemple, donc 90W pour la plate-forme totale — mais le CPU peut décider de repousser certaines limites en cas de forte charge sur un seul composant.

Ainsi, les Ryzen 4000 H voient leurs TDP original de 45W repoussés à 54W (limite maximale qu’AMD nous a communiquée) ce qui permet au CPU de profiter d’un surcadençage lui offrant temporairement plus de puissance. AMD n’a pour l’heure rien communiqué quant au surcadençage du GPU, mais lui aussi verrait sa limite repoussée de quelques watts pour offrir un gain de performances. La force de cette fonctionnalité, c’est que l’utilisateur n’a rien à faire : le SoC gère en temps réel ses crédits thermiques. Quand bien même il y aurait une alternance rapide entre des scènes sollicitant d’un côté le CPU, de l’autre le GPU, le Ryzen 4000 s’occupe de tout, sans jamais dépasser l’enveloppe thermique globale. Le bénéfice direct de cette technologie ? Un gain de performance non négligeable.

Smartshift : jusqu’à 12 % de performances « gratuites »

Selon les résultats communiqués par AMD, la technologie SmartShift permettrait de récupérer « gratuitement » quelques pourcents de performance, de 10 % dans le jeu The Division 2 (sollicitant fortement le GPU) jusqu’à 12 % dans un logiciel de rendu d’image comme CineBench 20 nT. Si AMD arrive à garantir ce gain de performances sur de nombreux titres, l’entreprise pourrait commencer à convaincre. Mais pour cela il va falloir dépasser deux limites technologiques.

D’une part le système de refroidissement doit coiffer à la fois le CPU Ryzen 4000 ainsi que la carte graphique additionnelle. Il faut donc revoir les plates-formes de dissipation thermique. La seconde limite est que les puces Ryzen 4000 ne communiquent pour l’heure qu’avec des puces graphiques… AMD. Et pas n’importe lesquelles, uniquement les Radeon XT Mobile qui arrivent cet été. Sans même mentionner le fait que Nvidia est clairement tout puissant chez les gamers PC mobiles (et très dominant dans les PC desktop), il faudra donc que les GPU d’AMD tiennent leurs promesses pour séduire les gamers — tant en termes de performances pures que de prix.

Car pour l’heure, garde la technologie pour lui. « Nous n’avons pas encore de plan quant au partage de notre technologie avec d’autres constructeurs », nous a expliqué Robert Hallock, responsable technico-marketing chez AMD. Logique : si la sauce prend, AMD vendrait deux puces par plate-forme. Le premier élément de validation de SmartShift pourrait arriver cet été lors du lancement du Dell G5 SE, premier PC portable annoncé avec les CPU et GPU de dernière génération de chez AMD.

La promesse de PC portables « ultimes »

Si vous avez bien suivi, vous avez lu que les puces hautes performances existent en deux versions « H » à 45W et « HS » en 35 W. Ces dernières déclinaisons sont d’ailleurs presque aussi intéressantes que les versions « H » : si le 4900 HS voit ses fréquences CPU un peu abaissés (-100 MHz de base, -300 MHz en boost) le Ryzen 7 4800 HS affiche exactement les mêmes fréquences CPU et GPU que la version H. Mais pour 10W de moins.

On va voir arriver ces puces dans des PC un peu mutants comme l’Asus ROG Zephyrus G14. Une machine avec des accents de gaming (GTX 2060, Ryzen 7 4800HS ou Ryzen 9 4900 HS, dalle optionnelle 120 Hz), mais d’un format compact (14 pouces, 1,6 kg) et affichant une endurance vidéo et bureautique autour de la dizaine d’heures. Une machine endurante et légère en déplacement (et capable d’être rechargée avec un chargeur USB C le soir), mais aussi performante une fois reliée au secteur (avec l’adaptateur secteur classique fourni). Sur le papier, un PC portable « ultime ». Et un galop d’essai pour AMD avant l’introduction des Radeon XT 5000 avec SmartShift.

De quoi remuer enfin le duopole Intel/Nvidia ? Il faut l’espérer : un peu de compétition ne peut que tirer les performances vers le haut et les prix (au moins un peu) vers le bas.

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