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Robot Cache veut détrôner Steam en vous faisant miner sa cryptomonnaie pour acheter vos jeux

Un nouveau service de vente en ligne de jeux vidéo PC est en passe de voir le jour. Son nom : Robot Cache. Une plate-forme qui avance deux arguments, la revente de vos jeux dématérialisés et le minage de cryptomonnaie pour les acheter.

Steam, le plus grand supermarché du jeu vidéo PC, va devoir bientôt composer avec un nouveau concurrent, Robot Cache. Une plate-forme de vente de jeux PC en ligne, actuellement en alpha et attendue pour l’automne, créée par Brian Fargo, le CEO d’inXile Entertainment et fondateur d’Interplay et présidée par Lee Jacobson (Virgin Games, Midway Games, Atari).
Deux vétérans de l’industrie vidéoludique qui se sont entourés de quelques autres personnes de talent afin de mettre un grand coup de pied dans la fourmilière et de changer les habitudes de consommation des joueurs PC.

Robot Cache
Robot Cache – L’interface de Robot Cache se veut plus dynamique et dans la veine de ce que peuvent proposer Twitch ou Netflix.

Leur idée est de proposer un nouveau supermarché de jeux, qui respecte à la fois le travail du « producteur » et le rétribue correctement, sans oublier de soigner les consommateurs, en leur offrant des services jusqu’ici inédits.

Sur Robot Cache, on achète…

Sur le papier, le principe de fonctionnement de Robot Cache est enfantin. En vous inscrivant gratuitement sur le site Web, via un simple navigateur, vous avez accès à un catalogue de jeux à acheter et installer sur votre PC. Le nombre de 1000 titres disponibles est évoqué pour la sortie finale de Robot Cache. En revanche aucune date précise n’est avancée.
Parmi les studios ayant fait d’ores et déjà confiance à la plate-forme, on peut mentionner 505 Games (Assetto Corsa), inXile Entertainment (Wastelands), Microid (Syberia), Paradox (Cities Skylines) ou encore THQ Nordic (Darksiders).

Une fois achetés, les titres sont répertoriés dans votre bibliothèque et vous appartiennent. Jusque-là, rien d’extraordinaire. Là où la donne change, c’est qu’il est possible de revendre vos copies numériques à d’autres utilisateurs de Robot Cache.

…on revend ses jeux…

Marre de jouer à un titre ? Ou alors vous l’avez retourné et exploré dans tous les sens ? Pourquoi ne pas vous en séparer et le vendre ? Un prix d’occasion est fixé par les développeurs et les éditeurs, libre à vous de l’accepter ou non et de mettre votre jeu en vente. Vous acceptez, le jeu est identifié comme en vente, vous pouvez toutefois continuer d’y jouer tant qu’il n’a pas trouvé acquéreur.
Lorsque vous réalisez une vente, le jeu disparaît de votre bibliothèque et vous, vous touchez le fruit de votre vente sur votre portefeuille numérique. Les transactions et la migration de licence d’un compte à un autre sont entièrement gérées par le procédé de la “blockchain”. C’est la colonne vertébrale du service, celle qui crypte les données des transactions financières réalisées d’un bout à l’autre. C’est aussi elle qui fait transiter les numéros de licence (des contrats) des jeux, sans détérioration ou vol possibles. C’est encore elle qui permet à la crypto-monnaie de Robot Cache, le Iron, d’exister et d’être utilisée pour régler des transactions.

…ou on mine pour s’en acheter encore plus

Enfin, le dernier atout/service offert par plate-forme, c’est la possibilité de miner des Iron. Ainsi, lorsque vous ne jouez pas ou n’êtes pas devant votre ordinateur, vous pouvez rester connecté au service et choisir de mettre à disposition la puissance de calcul de votre carte graphique afin de miner de la monnaie.

Robot Cache
Robot Cache – Un classement des meilleurs mineurs sera disponible sur le site, afin de motiver les plus plus réfractaires à se laisser tenter par le minage.

Si vous enclenchez le processus de minage, un petit robot avec une pioche apparaît sur la fenêtre de l’interface, un compteur commence à tourner, indiquant que l’extraction est en cours.
C’est Robot Cache qui choisit quelle crypto-monnaie vous minerez (Ethereum, Pascal, etc.) Sur la quantité ainsi extraite par Robot Cache, une partie est convertie en Iron (avec une équivalence qui veut qu’un Iron soit à peu près égal à un euro) et est reversée au joueur. Cette somme doit lui permettre, à moyen terme, de pouvoir s’offrir quelques jeux en sus. L’autre partie est conservée par Robot Cache. « Du gagnant-gagnant » d’après les créateurs, même si le ratio de répartition des gains n’est pas communiqué pour l’heure.

La copie dématérialisée est presque devenue la norme

Rencontrés à l’occasion de la GamesCom de Cologne, Lee Jacobson et l’un des autres membres de Robot Cache (RC) nous ont expliqué comment l’idée de créer une telle plate-forme est née et, surtout, comment elle fonctionne sur un plan financier. Mais avant d’entrer dans le vif du sujet, ils ont tenu à nous expliquer quelles étaient leurs visions du marché de la distribution de jeux PC actuellement.

Aujourd’hui, les ventes de jeux physiques sur PC sont en baisse. Les principaux canaux d’acquisition sont donc devenus les portails Steam, Uplay, Origin, Battlenet ou encore Galaxy/GoG.com. Sans oublier les sites marchands qui ne vendent que des clés comme GamesPlanet, Instant Gaming, etc.

Pour qu’un jeu autre que celui de l’éditeur soit vendu sur Steam par exemple, les développeurs doivent s’acquitter d’un petit ticket d’entrée pour être référencés. Puis, Valve touche un pourcentage « assez élevé » sur chaque vente de copies que le jeu soit en promotion ou non.

Enfin, les joueurs achètent des jeux mais, une fois qu’ils s’en sont lassés, ils ne peuvent plus rien en faire puisque leur clé est liée à leur compte, protection numérique oblige. Seul GoG.com fait office d’exception en matière de DRM mais il n’en demeure pas moins qu’il n’est pas possible de revendre des jeux sur cette plate-forme non plus.
Bref, les joueurs n’ont aucun moyen de revendre leur jeu PC dématérialisé comme ils peuvent échanger ou se séparer de leurs titres consoles dans certains magasins spécialisés (Micromania en France, GameStop aux Etats-Unis, etc.) ou en les revendant sur la Toile par exemple.

Plus de revenus pour les développeurs, aussi bien sur le neuf que l’occasion

L’état des lieux étant dressé, voici ce que Robot Cache propose pour chambouler le marché.

Premièrement, une meilleure rétribution des développeurs et des éditeurs en ne touchant qu’une commission assez faible sur chaque copie neuve vendue. Valve rétribue les développeurs ou les éditeurs à hauteur de 70% et touche donc une commission de 30% sur chaque titre écoulé, Robot Cache, lui, est prêt à offrir 95% aux créateurs de façon fixe.
Dans le cas de la revente de copies numériques entre utilisateurs, là encore, les développeurs toucheront un pourcentage de la transaction. Les porte-parole avancent le chiffre de 70%, RC conserve ses 5% et, enfin, le joueur obtient le reste de la somme, soit 25%.

Une petite révolution dans l’industrie de la copie numérique pour les studios qui vont pouvoir ainsi obtenir des revenus tant que leur jeu existe et est référencé sur la plate-forme, neuf ou d’occasion.
Bien entendu, les créateurs de Robot Cache n’entendent pas faire dans la philanthropie. Le service compte aussi sur sa fonction de minage de crypto-monnaies pour s’assurer une rentrée d’argent supplémentaire et compte bien pousser les joueurs à utiliser celle-ci plutôt que de l’argent pour acheter des  jeux. Dans tous les cas, les joueurs auront le choix entre l’Iron ou leur carte bancaire…

Voilà en partie pourquoi pour Robot Cache, le troisième gagnant de l’aventure, c’est le joueur. Il peut revendre ses jeux pour en financer de nouveaux, neufs ou d’occasion, en fonction de ses envies et de ses moyens. Une belle proposition.

Accès anticipé en octobre

Novateur, ce service va devoir proposer un solide catalogue de jeux pour connaître un réel succès et ce, dès sa sortie officielle prévue en octobre. En outre, et de notre point de vue, Robot Cache risque plus de séduire les nouveaux venus, les jeunes joueurs PC, plutôt que les utilisateurs de la première heure de Steam, Uplay et consorts. Et pour cause : eux ont déjà une belle collection de jeux, bien établie, fournie et qui représente des centaines voire des milliers d’euros d’investissement sur tous ou partie de ces services. Il sera donc difficile de les convaincre de migrer sur RC et d’abandonner leur précieux trésor de guerre, constitué patiemment année après année.

Pour les convertir à sa cause, il faudrait que RC parvienne à convaincre les éditeurs et les développeurs que toute copie achetée sur Steam puisse aussi être validée rétroactivement sur Robot Cache, sans frais, au lancement du service ou dans les moins qui suivront. Une possibilité envisageable et envisagée, a priori, d’après ce qui nous a été dit pendant notre échange avec Lee Jacobson. Les équipes de Robot Cache sont sans doute sur le coup.

Actuellement, il est possible de s’inscrire sur le site Web de Robot Cache afin de faire partie des premiers testeurs/utilisateurs de la plate-forme. L’accès anticipé est prévu pour le mois d’octobre et les joueurs participant à l’aventure se verront gratifier d’un statut de “membre fondateur”. Cela leur permettra d’avoir des récompenses et des offres inédites au lancement définitif du service.

Robot Cache n’a pas encore vu le jour mais ses créateurs pensent déjà aux évolutions possibles. Parmi elles, par exemple, la possibilité de vendre un jeu, le contenu additionnel (DLC, skins d’armes, etc.) mais aussi les éventuels succès obtenus, sous forme d’un pack, valorisé à la fois par la plate-forme mais, aussi, par le détenteur du jeu. Un moyen de gagner de l’argent, qui aura toutefois de quoi heurter la sensibilité des “complétistes” et “grinders” acharnés… 

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Aymeric SIMÉON