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Robert Aydabirian (Osiatis): ” Novecom nous apporte son savoir-faire réseaux “

Avec l’acquisition de Novecom, l’ex-Thomainfor et ancien numéro un de la tierce maintenance en France prend le virage des réseaux et des infrastructures Internet.

La société Osiatis, ex-Thomainfor, s’est, depuis quelques mois, considérablement redressée. L’entreprise a réalisé en 1999 un résultat net de 7,8 millions de francs pour un chiffre d’affaires de 560 millions. Son président depuis 1998, Robert Aydabirian, ancien dirigeant de Hewlett-Packard, puis membre du comité de direction de Bull, vient de racheter Novecom, spécialiste des architectures sécurisées de réseaux et intégrateur de technologies Internet, deux secteurs relativement nouveaux pour l’entreprise. Montant de la transaction : une trentaine de millions de francs environ pour une SSII de 120 salariés, dont 90 ingénieurs, et qui, en 1999, a réalisé un chiffre d’affaires de 80 MF.Cette acquisition permet à Osiatis de se forger une nouvelle image. En deux années, Robert Aydabirian est parvenu à insuffler à la vieille maison Thomainfor, ancien grand de la tierce maintenance et qui avait bien du mal à trouver une identité dans la nouvelle économie naissante, le dynamisme capable de la transformer en un acteur à part entière de l’informatique des réseaux. Il revient pour 01 Informatique sur son action.01 Informatique : A votre arrivée chez Thomainfor, déficitaire et héritière d’une image plutôt négative, quelles sont les premières mesures que vous avez prises ?Robert Aydabirian : Je suis resté vingt-cinq ans chez Hewlett-Packard, dont vingt à l’international. Or, dans les grands groupes internationaux, on est surtout ” porteur de slide “. On présente des transparents écrits par d’autres. C’est totalement différent chez Osiatis, où nous étions mille cinquante personnes en 1999, dont sept cent cinquante en France. Il est possible d’aller de l’un à l’autre, sans intermédiaire. Lorsque j’ai repris Thomainfor, devenue depuis Osiatis, il a fallu entièrement réinventer l’entreprise : définir une nouvelle entité, redonner confiance aux collaborateurs, maintenir notre engagement auprès des clients et lancer de nouvelles offres.Comment les salariés ont-ils acceptés tous ces changements ? Avez-vous dû faire face à une désertion ou à une démotivation de vos troupes ? Notre turn-over est aujourd’hui d’environ 10 %. Mais il nous a fallu énormément travailler l’aspect psychologique. L’équipe était traumatisée. L’entreprise ayant été vendue par le groupe Thomson à des Américains qui ont déposé le bilan trois mois après le rachat, les salariés de l’entreprise se sentaient trahis. Ils restaient, de ce fait, très attachés à leurs clients, car ils ne se retrouvaient plus leur identité ?” disparue en interne ?” que par leur intermédiaire. Ils recherchaient un projet qui leur permette de rebondir collectivement. Pendant cette période très difficile qui a duré trois ans, nous avons donc investi plus de 6 % de notre masse salariale dans la formation.Quel en est aujourd’hui le bilan ?Je n’ai pas engagé de dépenses majeures dans la restructuration. Mais j’ai investi dans tous les moyens factuels qui me semblaient à même d’inscrire l’entreprise dans la pérennité. Parmi ceux-ci, la signature d’accords avec les représentants du personnel a contribué à redonner confiance aux salariés. Nous sommes parvenus à un accord sur la participation, et j’espère que nous arriverons vite à en signer un autre sur les 35 heures. Nous proposons jusqu’à 10 % du capital de l’entreprise aux salariés, et trois cents d’entre eux en sont, dès à présent, actionnaires.Toutes ces restructurations ne vous ont-elles pas fait oublier vos clients traditionnels ? Pas du tout. Nous avons réalisé en 1999 un tiers de notre chiffre d’affaires dans le métier historique de Thomainfor, la maintenance. Les deux tiers restants proviennent de la vente de services d’exploitation, du support aux utilisateurs et de l’ingénierie d’exploitation. Mais il est vrai que nous nous orientons aujourd’hui vers les infrastructures de commerce électronique. C’est, dans le domaine de la maintenance, un virage important, qui demande de s’intéresser de plus en plus à l’exploitation des serveurs et de se centrer sur les systèmes distribués.Comment pensez-vous négocier ce virage vers le marché des infrastructures distribuées ? Nous avons, pour l’instant, misé sur la croissance externe. Nous avions déjà acheté TMM à la fin de l’année 1998. Et nous venons, ces jours-ci, d’acquérir Novecom. Spécialiste des réseaux, la société ?” cofondée il y a dix ans par son président actuel, Bertrand Duverney ?” couvre des activités et des marchés complémentaires aux nôtres. Ce spécialiste des réseaux nous apporte à la fois de nouvelles prestations et de nouveaux clients. Novecom occupe des marchés sur lesquels nous n’étions pas. Par exemple, celui des infrastructures réseaux pour les grandes entreprises ou les filiales françaises des grands groupes internationaux. De plus, nous bénéficions d’un savoir-faire réseaux que nous ne possédions pas auparavant. Nous avons donc accès à une clientèle nouvelle, tant du point de vue sectoriel que géographique. Novecom, par exemple, est très bien installée à Nantes, où Osiatis était très peu présente.Ne craignez-vous pas que cette acquisition déstabilise l’organisation ?” relativement nouvelle ?” d’Osiatis ? Les deux entreprises ont une culture très proche. Nous conservons, par ailleurs, aussi bien l’entité juridique que la marque Novecom. Et son actuel président, Bertrand Duverney, reste à sa tête. Nous voulons fédérer les ressources et les compétences des deux sociétés, sans diluer leur image. Nous comptons beaucoup sur les consultants d’Osiatis, qui iront travailler chez Novecom pour assumer la fonction d’intermédiaire entre les deux sociétés.Qu’attendez-vous de ce rachat ? Nous espérons que cette acquisition conférera à Osiatis une nouvelle image grâce à son ancrage dans l’e-business. Nous comptons aussi beaucoup sur l’enrichissement de l’ensemble de notre savoir-faire par les compétences réseaux apportées par Novecom. Nous souhaitons également bénéficier de ses partenariats avec Microsoft, Novell et Cisco, en particulier. Enfin, nous espérons créer un pôle d’attraction sur les services et les réseaux, qui nous permettra d’instaurer une politique de recrutement efficace à travers des partenariats conclus avec les écoles d’ingénieurs. Nous serons ainsi beaucoup plus percutants en matière d’embauche. J’espère que nous pourrons ainsi attirer des bacs + 5 beaucoup plus efficacement.Plus précisément, quels seront les conséquences de ce rachat pour l’activité du groupe ? Je pense que, effectivement, nous pourrons accélérer la croissance des deux sociétés. Novecom connaît depuis dix ans une croissance annuelle d’environ 30 %, et Osiatis de 15 % depuis deux ans. Nous voudrions dépasser ces chiffres. Et je pense que nous y parviendrons, puisque nos activités ne se cannibalisent pas.Vous avez évoqué à plusieurs reprises une éventuelle entrée en Bourse d’Osiatis. A quelle échéance cela est-il réalisable ? Notre croissance externe s’inscrit entièrement dans l’objectif d’une prochaine entrée en Bourse. Notre marge varie actuellement entre 2 et 3 % de notre chiffre d’affaires. Mon ambition est de gagner deux points par an, car notre type d’activité s’insère dans un marché dont les ratios sont de 8 à 10 % environ.

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Propos recueillis par Andrée Muller