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Rachat de TikTok aux Etats-Unis : la Chine veut avoir son mot à dire

Pékin vient de réviser ses règles d’exportation concernant les technologies dites « sensibles ». Pour vendre TikTok aux Américains, ByteDance pourrait devoir se munir d’un permis spécial, délivré par les autorités chinoises. 

TikTok, propriété chinoise. Alors que les négociations pour le rachat de l’application de partage de vidéos par Microsoft et Walmart ont bien avancé, Pékin durcit ses règles sur les technologies. Le ministère du Commerce chinois a élargi, vendredi 28 août, sa liste des technologies soumises à des restrictions ou interdictions d’exportation à celles destinées à « l’usage civil », y compris l’algorithme développé par TikTok. Une première depuis 2008. 

Coup de bluff ou véritable menace ? 

Selon un professeur chinois, interrogé samedi 29 août par l’agence de presse officielle du pays, Xinhua, ce changement pourrait signifier que ByteDance, maison-mère de TikTok, devra obtenir l’approbation du gouvernement chinois pour vendre son application de partage de vidéos à une entreprise américaine. Une manière pour la Chine « d’affirmer son autorité » face à Washington, écrit le New York Times qui rapporte l’information. 

Pour Scott Kennedy le conseiller principal au Center for Strategic and International Studies de Washington, spécialiste de la politique économique chinoise, le message politique de la Chine peut être lu avec « souplesse » comme : « Nous avons notre mot à dire là-dessus et nous n’allons pas être des spectateurs ». Mais d’après lui, « il pourrait s’agir d’un effort visant à bloquer carrément la vente, ou tout simplement à augmenter le prix, ou d’y fixer des conditions pour donner à la Chine un effet de levier plus tard », a-t-il tout de même déclaré au New York Times.

Interdiction d’ici le 12 novembre 

L’appli de partage de vidéos mondialement connue est depuis plusieurs semaines au centre d’une tempête diplomatique entre Donald Trump et le Parti communiste chinois. En plein milieu de l’été, le 6 août, le président américain a signé au nom de la « sécurité nationale » un décret visant à forcer ByteDance à vendre rapidement les opérations américaines de TikTok, qu’il accuse d’espionnage au profit de Pékin. Faute de quoi, l’appli serait interdite aux États-Unis à partir du 12 novembre.

En réaction à cette décision vécue comme injustice, TikTok a porté plainte, mardi dernier contre l’administration Trump. Exprimant son « profond désaccord », l’entreprise a expliqué dans sa plainte que les décisions de Donald Trump étaient motivées par des considérations politiques et financières, et non par des inquiétudes sécuritaires.

Un abus d’interprétation de la loi fédérale 

Il n’existe aujourd’hui aucune preuve de ce qu’avance le président américain, à savoir que TikTok siphonnerait les données de ces utilisateurs américains pour le compte de la Chine. Pour l’application, c’est un abus de la loi fédérale International Emergency Economic Powers Act, puisque la plate-forme ne représente pas une « menace inhabituelle et extraordinaire », a argué la firme.

TikTok connaît un franc succès aux États-Unis. Là-bas, le réseau social est utilisé par 100 millions d’utilisateurs tous les mois, soit plus 800 % de plus qu’en janvier 2018, dont 50 millions tous les jours, selon les chiffres de l’entreprise. Elle dépasserait désormais les 2 milliards de téléchargements.

Interrogé par l’agence de presse, Walmart n’a pas souhaité réagir. Walmart avait confirmé, jeudi 27 août, qu’il s’était allié avec Microsoft dans les négociations pour racheter à ByteDance l’appli de partage de vidéos. De son côté, un porte-parole de Microsoft a indiqué à l’AFP que « l’entreprise n’a rien à communiquer sur le sujet ».

Sources : The New York Times et AFP

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Marion SIMON-RAINAUD