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Quatre sociétés au moral bien trempé

Leurs managers tempêtent ou s’insurgent, mais tous gardent la foi. Car, malgré le repli des investisseurs, ils savent que leur entreprise a du cash, des clients, du potentiel.

Duran Duboi

Jusqu’à l’auto-OPA

Ils furent la fine fleur de la french touch à Hollywood, les compagnons de Caro & Jeunet, les employeurs de Pitof ?” le superviseur d’effets numériques des années 1990 ?” les entrepreneurs de la France technologique qui gagne. Sur le plan boursier, ces magiciens de l’audiovisuel, dont la société fut introduite sur le Nouveau Marché en mai 1997, ont aussi tutoyé les étoiles.En mars 2000, juste avant le krach, le titre pesait encore plus de 133 millions d’euros, après avoir subi le désamour des investisseurs pour une incursion hasardeuse sur le net. L’abandon de cette diversification, en 2001, n’arrête pas le carnage. La crise économique et financière fait le reste : le petit groupe ne vaudrait plus que 700 000 euros. “Absurde”, proteste Pascal Herold, cofondateur et PDG de l’entreprise. Il met en avant les 8 millions d’euros de fonds propres (au 31 mars) et la propriété d’un immeuble “estimé par des cabinets indépendants à 9,5 millions d’euros. Nous sommes l’un des 5 leaders mondiaux dans les effets spéciaux cinéma, leader européen des studios son, un des acteurs qui comptent dans le monde des images 3D”.Que craint le marché ? Duran Duboi doit faire face au remboursement d’obligations convertibles, au 1er janvier 2003, pour 5,2 millions d’euros. “Cette échéance est une priorité. Après, si dans les 6 mois le marché ne nous suit pas [en faisant remonter les cours, ndlr], je lancerai une OPA sur ma propre société”, lâche Pascal Herold. Avec ses 15 % du capital en direct et les participations d’alliés et d’associés, il dit contrôler 43 % des droits de vote…

JMC

Itesoft

La valeur baisse, le chiffre d’affaires grimpe


“Nous sommes entrés en Bourse pour une seule raison, le rachat de sociétés à l’étranger. Nous l’avons fait l’an passé en Grande-Bretagne, nous continuons aujourd’hui en Allemagne”, explique Philippe Lijour, DG d’Itesoft.
Créée en 1984, la PMI gardoise, qui emploie 130 personnes, revendique la première place ?” de loin ?” sur le marché français de la capture et du traitement de documents, et se situe au 3e rang européen. La valeur boursière, elle, continue sa descente ininterrompue depuis février 2001, date de l’introduction sur le Nouveau Marché. À moins de 1 euro l’action, la société pèse désormais à peine 5 millions d’euros. “Cela n’a plus aucun sens, notre trésorerie à elle seule représente l’équivalent d’un cours à 1,3 euro”, s’insurge Philippe Lijour.Malgré ce dur apprentissage, on fait le gros dos. Itesoft fait partie des inscrits de la première heure de Next Economy, le segment des “bons élèves” d’Euronext. “L’expérience boursière est finalement très positive. L’environnement ?”clients, prospects, journalistes?” sait que nous sommes astreints à une vérité des annonces et des prix, et cela fait un grand bien à l’entreprise”, commente le DG. Faire ce que l’on dit, dire ce que l’on fait. Itesoft vient donc d’acquérir 100 % de Forms Consult Software GMBH, société de Hambourg, de taille plus que modeste (0,7 ME de CA), mais qui ouvre le marché allemand, double de son pré carré français. Et le business ne va pas mal. En juin dernier, les prévisions 2002 établies en mars ont été intégralement renouvelées : un chiffre d’affaires de 16 ME, en croissance de 38 % (+13% à périmètre constant) et un retour aux bénéfices.

JMC

Hubwoo.com

La marge plutôt que la com’

Il a vécu l’enfer du Nouveau Marché mais ne le regrette pas. “Nous avons acquis une notoriété qui fait que nous sommes désormais estampillés du label “première place de marché horizontale B to B cotée en Europe””, résume Yves Cousin, directeur financier de Hubwoo.com. Fort bien. Mais quid de la valeur de l’entreprise ? Valorisée 40 millions d’euros lors de son introduction en septembre 2000, elle ne vaut désormais pas plus de 6,2 millions d’euros. Yves Cousin justifie sa stratégie : “Notre chiffre d’affaires semestriel est en hausse de 131 % alors que la perte nette se limite à 5,58 millions d’euros.”Certes, il déplore que la communauté financière délaisse les valeurs du Nouveau Marché. “Comme ils ne viennent plus nous voir, je consacre 90 % de mon temps à améliorer la marge de l’entreprise plutôt qu’à faire de la communication financière, qui finalement ne sert à rien.” L’ingratitude des marchés financiers ne le tracasse pas trop. “Même si le Nouveau Marché est déprimé, les fonds levés à l’introduction nous permettent encore de disposer de 12 millions d’euros en cash.” Avec en ligne de mire un point d’équilibre pour 2003. “Le Nouveau Marché ne nous a pas suivis, mais il aurait été illusoire en 2000 d’espérer un autre financement.” Dont acte.

JPS

LDLC.com

Silence, croissance !


“À ce rythme-là, nous allons en 3 ans multiplier par 10 notre chiffre d’affaires “, claironne Olivier de la Clergerie, PDG fondateur de LDLC.com, site de vente de produits multimédias haut de gamme. Ce discours ne date pas du temps du gonflement de la bulle internet, début 2000. Il découle de l’excellence de la croissance que le site marchand lyonnais vient d’enregistrer en septembre : une progression de 82 % en un an !Le mois dernier, 10 500 commandes ont transité par ce site et, en un an, le panier moyen par internaute est passé de 199 à 230 euros. Mais d’un point de vue boursier, la déception est grande. Introduite au Marché libre en avril 2000, la société a, d’entrée de jeu, été valorisée à hauteur de 34 millions d’euros. Aujourd’hui, elle n’en vaut plus que 5 ! ” Pourtant, nous n’avons pas de dettes et nous connaissons une forte croissance. Ce n’est pas si courant par les temps qui courent “, relève, un brin désabusé, Olivier de la Clergerie pour qui, à l’origine, le Marché libre n’était qu’un tremplin vers le Nouveau Marché.Regrette-t-il son introduction et la division du cours de son titre par 7 ? ” Notre entrée en Bourse nous a permis de lever 30 millions d’euros. Mais, aujourd’hui, plus aucun analyste financier ne daigne nous suivre. Nous sommes totalement ignorés. “


JPS

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Jean-Michel Cedro