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Premiers tests : Apple MacBook Pro 15 pouces, il a parfois trop chaud pour travailler…

Rapide et puissant, le MacBook Pro haut de gamme l’est assurément. Il est capable d’afficher des résultats assez incroyables. Néanmoins, l’arrivée des processeurs six cœurs amplifient un problème préoccupant, le throttling, qui limite les performances de la machine quand celle-ci chauffe trop.

Après une période de doute, Apple semble avoir entendu les demandes des professionnels. L’iMac Pro en décembre dernier en était une première illustration, ce dernier MacBook Pro 15 pouces également. Les équipes de Tim Cook ont décidé d’opter pour des configurations solides, qui prennent le meilleur de ce que leurs partenaires ont à offrir. On trouve ainsi des modules SSD ultrarapides, jusqu’à 32 Go de mémoire vive DDR4 et, au firmament, un Core i9 à six cœurs contre un Core i7 à quatre cœurs précédemment ! Une première dans un MacBook Pro, rendue possible grâce aux progrès d’Intel en la matière. De quoi se frotter les mains, a priori.

Dans le modèle que nous avons reçu pour test, le processeur retenu est le Core i9-8950HK, la référence qu’il est possible de choisir en option sur les deux 15 pouces. Il est cadencé à 2,9 GHz avec un Turbo Boost plafonné à 4,8 GHz. Les 32 Go de mémoire sont évidemment de la partie. La carte graphique est la Radeon Pro 560X avec 4 Go de mémoire, évolution de celle présente dans le modèle que nous avions testé en 2017, et qu’on trouve de série dans le modèle 15 pouces haut de gamme. Cette configuration pousse la facture totale de ce MacBook Pro à 5559 euros pour un prix de départ de 3299 euros. Excusez du peu.

La puissance des chiffres

Avant de se lancer à corps perdu dans une série de tests, il est toujours bon de défricher un peu les alentours en lançant quelques outils de bench, normés. Ils fournissent une idée générale des performances et de la puissance mobilisable, à défaut de définir avec précision ce que donnera la machine à l’usage.

Geekbench est évidemment l’outil roi pour ce genre de première approche. Il attribue un double score au processeur, le premier évalue un seul cœur, le second l’ensemble des cœurs embarqués dans la puce. Sans surprise, le Core i9 à six cœurs s’impose largement face à ses aînés. Si on s’amuse à remonter au premier MacBook Pro 15 pouces avec Touch Bar, sorti en novembre 2016, le score multicoeur est presque deux fois supérieur. Le nouveau venu est également presque 1,6 fois plus performant, sur ce point, que le modèle sorti en juin 2017.

Remarques générales

Armé des promesses d’Apple et d’Intel ainsi que de nos espérances, nous avons lancé nos différents tests. Première constatation générale, à l’usage, même quand on le sollicite beaucoup, le clavier et le dessous de son boîtier ne deviennent pas trop chauds. Ils le sont, c’est entendu, mais rien de vraiment gênant. Encore que nous ne nous soyons pas amusés à le poser sur nos genoux en portant un short.
Deuxième constatation, le MacBook Pro 15 pouces ventile assez vite et longuement mais pas trop bruyamment dès qu’on lui demande de faire un peu jouer ses muscles. Un petit encodage, une application de séries d’effets dans Final Cut Pro, des filtres sur une grosse image dans Photoshop, un petit tour dans un jeu vidéo, et c’est parti…

A croire que l’enveloppe thermique de 45 W du Core i9 se sent un peu à l’étroit dans le boîtier inchangé du MacBook Pro 2018, dont le système d’évacuation de la chaleur est lui aussi identique à celui du modèle 2017.

Il a vite chaud

De fait, sans aller chercher très loin, une fois nos tests terminés, nous les avons recommencés en gardant à l’œil le Power Gadget, un petit outil fourni par Intel qui permet de contrôler la température et la fréquence du processeur.

Quand l’épreuve à laquelle on soumet le MacBook Pro est courte, on voit le Turbo Boost tenir gentiment le cap au-delà des 4 GHz et venir à bout de la tâche demandée avec un joli gain de temps à la clé.

Par exemple, avec Cinebench 15, le test qui sollicite le processeur se solde en 48 secondes là où il prenait 62 secondes sur le MacBook Pro 2017. Un joli gain de performances. Dans un même esprit, la conversion vidéo avec Handbrake gagne un peu à être effectuée sur le modèle 2018. On pourrait également citer un encodage un peu lourd avec GarageBand, qui est presque 1,4 fois plus rapide.

01net.com – Quand tout va bien, le processeur n’a pas trop chaud et donne le meilleur de lui-même.

Néanmoins, quand l’effort commence à durer, on sent que le cœur de ce MacBook Pro craint le chaud. Autrement dit, il est victime de ce qu’on appelle le throttling : le processeur réduit sa vitesse de fonctionnement pour ne pas rendre l’âme. Cela passe d’abord par une suppression du Turbo Boost, schématiquement l’accélération supplémentaire au-delà de la fréquence de base, puis par une réduction de la fréquence nominale des cœurs.
Notre processeur cadencé à 2,9 GHz se retrouve alors à reprendre son souffle à 1,6 GHz (son niveau le plus bas observé), reprend l’effort, remonte, puis redescend. Tant que sa température ne s’éloigne pas des 100°C, il va osciller de la sorte, et parfois même décrocher. Evidemment, cela signifie que les performances optimales espérées ne sont pas au rendez-vous.

01net.com – Quand la température maximale commence à être atteinte, les baisses et pics de performances se succèdent, le temps de restreindre l’échauffement.

Meilleur malgré tout, avec quelques ratés

Deux cas de figure se rencontrent. Premier cas, le plus fréquent, le MacBook Pro 2018 se réfrène mais fait mieux que son aîné. Cela a été le cas lors de notre test de rendu dans After Effects. La ventilation s’est rapidement lancée, et le processeur a peu à peu perdu de sa superbe, sa température bloquée à l’extrême. Dans ce contexte, le MacBook Pro 2018 a été 2,5 fois plus rapide que son homologue de l’année dernière

Nos tests en 4K avec Final Cut Pro et Compressor aboutissent également à une logique domination du MacBook Pro 2018, qui se montre 1,2 fois (seulement) plus rapide. On apprécie évidemment ces petits gains.

Second cas, le MacBook Pro 2018 chauffe trop et finit par faire moins bien que le modèle qu’il remplace. Cela ne nous est pas arrivé à de trop nombreuses reprises mais suffisamment pour être notable.

Cela a été notamment le cas avec iMovie, alors que le MacBook Pro 2018 est plus de trois fois plus rapide que son aîné pour l’exportation d’un fichier HD, il s’effondre quand on lui demande la même tâche avec un fichier 4K. En l’espèce, le modèle 2017 est 1,4 fois plus véloce. Bien entendu, nous avons répété l’opération à plusieurs reprises, espacées dans le temps, pour nous assurer qu’il ne s’agissait pas d’un cas isolé.

Un vrai gain mais…

S’il est impossible de nier le gain en performances offerts par le Core i9 2,9 GHz à six cœurs, on doit également reconnaître qu’on atteint – un peu comme avec l’iMac Pro en décembre dernier – les limites d’un facteur de forme. Dans ce boîtier fin et donc contraignant pour la dissipation thermique, sans évolution du système de refroidissement, le Core i9 chauffe tellement qu’il se trouve rapidement à se brider et à ne pas offrir la pleine promesse de sa puissance. C’est regrettable mais pas totalement nouveau. Le Core i7 à 2,9 GHz (quatre cœurs) qui équipait le MacBook Pro 2017 souffrait déjà de throttling mais, proportionnellement, le problème était moins frappant.

Et la partie graphique ?

L’enveloppe thermique est à l’étroit dans le boîtier du MacBook Pro 15 pouces, c’est entendu. Mais est-ce que cela a un impact sur les performances graphiques de la machine ? Sans doute un peu. Qu’est-ce qui nous pousse à le croire ? Après l’avoir fait beaucoup travailler (avec Final Cut Pro), nous avons immédiatement lancé l’outil de bench intégré à Rise of the Tomb Raider.

Avec une définition de 1920×1080, une majorité des réglages fixés sur Elevé, le filtrage anisotropique à x8, nous avons obtenu 21,56 images par seconde. Légèrement moins que les 26,9 ips obtenues avec le MacBook Pro 2017. Nous avons reproduit le même test après avoir laissé la machine se reposer un peu, elle a affiché à plusieurs reprises une moyenne de quasiment 31 images par seconde, avec les mêmes réglages. Qu’il s’agisse du processeur seul ou du processeur et de la carte graphique, la chaleur n’est décidément par leur amie.

Néanmoins, la petite mise à jour du côté du GPU se manifeste positivement. Le MacBook Pro 2017 que nous avions testé embarquait la Radeon Pro 560 (avec 4 Go de mémoire) contre une Radeon Pro 560 X (avec 4 Go toujours) pour le modèle 2018.

Avec Unigine, le nouveau portable d’Apple affiche un léger gain en images par seconde et voit son score attribué croître. Comme nous l’avons vu, avec Rise of the Tomb Raider, même constat. On gagne en fluidité et quelques frames en fonction de ce qui est demandé, mais pour autant le MacBook Pro 2018 n’est pas une machine ultrapuissante en la matière et surtout ne fera pas tourner les jeux trop gourmands en poussant la qualité d’affichage.

Même avec GFXBench Metal, qui juge les performances de la carte avec l’API graphique développée par Apple, les gains restent timides. Ne cherchez donc pas de révolution du côté de la carte graphique, sauf si vous n’aviez pas un modèle équipé d’autant de mémoire vidéo.

En définitive, pour le MacBook Pro 15, l’eGPU pourrait également s’avérer la bonne solution pour ceux qui ont besoin d’une forte puissance de calcul graphique, de manière permanente ou ponctuelle.

Etat des lieux

Le MacBook Pro 15 pouces est une bonne machine, évidemment. Puissante, elle l’est sans l’ombre d’un doute. Toutefois, l’arrivée des processeurs à six cœurs accroît le problème de la dissipation thermique et limite en définitive les performances qu’on est en droit d’attendre. En l’occurrence, Intel est la cause principale de cet état de fait. Apple n’y est pour rien, même si son entêtement à chercher la finesse et la compacité ne font qu’amplifier la chose.

Si on voulait simplifier et forcer le trait, on pourrait presque dire, en faisant un parallèle avec ce qui s’est passé au moment de la bascule des puces PowerPC vers celles d’Intel, qu’Apple est limité d’une certaine manière par les progrès de la firme de Santa Clara. De là à imaginer que cela pourrait être un argument pour basculer vers des processeurs ARM maison…

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Pierre FONTAINE