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Pourquoi les Raspberry Pi sont introuvables et hors de prix

La pénurie de composants, le retard des commandes de 2021 et la grande popularité du Raspberry Pi le rendent introuvable. Le grand public ne peut plus mettre la main sur ces mini ordinateurs « à bas coût » à moins de les racheter à prix d’or.

Le nombre d’articles qui font mention de la pénurie des Raspberry Pi et des éventuelles alternatives au plus célèbre des SBC (Single Board Computer) ne faiblit pas. Car la tendance ne faiblit pas : le mini-ordinateur à bas coût à destination de l’éducation et des bidouilleurs est introuvable. Pour se convaincre de cette pénurie générale, il suffit de se rendre sur rpilocator, un site qui référence tous les revendeurs officiels. Six pages de références, une moyenne de 70 références par page… Et à l’heure actuelle, seuls 10 références sont en rayon : des Compute Model professionnels sans Wi-Fi et un vieux Raspberry Pi 3 avec 512 Mo de RAM.

Si vous voulez mettre la main sur un Raspberry Pi 4 B (la carte « classique ») avec 2 Go, 4 Go ou 8 Go de RAM, armez-vous de patience : il n’y en a plus. Et les raisons de cette pénurie sont nombreuses.

La pénurie de composants est toujours là

Comme l’a répété le fondateur du projet Eben Upton, la pénurie de composants et l’explosion de la demande sont les principaux responsables. Dans une interview pour The Verge, il expliquait « avoir vendu le même nombre d’unités que l’an dernier, mais avoir entamé l’année dernière avec un arriéré de commandes d’un demi-million d’unités pour finir l’année (2021, ndr) avec plusieurs millions d’arriérés de commande ».

Mis à part en Chine et au Japon, l’essentiel de la production des Raspberry Pi provient de l’usine de Sony au Pays de Galles. Et même si elle sort une carte complète toute les 3,1 secondes, sa productivité n’est pas extensible. Et elle doit affronter la pénurie de certains composants et pas forcément les plus avancés. Dans un billet d’avril, Eben Upton expliquait que la fondation n’avait aucun souci pour sourcer la puce principale, le SoC de Broadcom (BCM2711) gravé en 28 nm. Mais souffrait pour mettre la main sur les puces secondaires gravées en 40 nm.

Priorité aux pros

Jadis lancé avec l’éducation et l’éveil à l’électronique en tête, le projet Raspberry Pi a pris des tournants professionnels. Au point de développer des versions industrielles de sa carte, appelées les Compute Modules (CM). Des cartes qui reprennent l’essentiel de la partie technique du Raspberry Pi classique, mais dans un format facilement interchangeable (comme une barrette de RAM) et avec quelques certifications professionnelles en plus.

Et entre les versions classiques, Zero ou CM, le Raspberry Pi a fait son chemin dans le cœur d’un public qui est devenu de plus en plus professionnel. Et c’est ce public « dont le business dépend des Raspberry Pi » que la fondation a décidé de servir en premier. Au détriment de l’essentiel de la base communautaire grand public traditionnelle. Le mot « essentiel » est ici important puisque la version éducative Pi 400 intégrée dans un clavier reste plus facilement disponible, notamment pour les écoles et les cours de techno. La raison étant que la fondation a maintenu une production dédiée pour la carte mère de ce produit.

Les prix flambent : une chance pour la compétition ?

La hausse de la demande de ce SBC, qui peut devenir aussi bien une console rétrogaming que la tête pensante d’un projet robotique ou encore un NAS complet fait exploser les prix. Sur les plates-formes d’e-commerce, on peut voir des cartes atteindre des prix inédits. Comme cette version haut de gamme (8Go) qui s’affiche tranquillement à 200 € sur Amazon. Voire 289 € dans une version avec le boîtier en plastique, une carte mémoire, etc. Des bundles que l’on trouvait moitié moins cher il y a seulement 12-18 mois. Et qui sont les seuls « en stock » actuellement. De quoi refroidir ceux qui ambitionnaient de faire des projets avec cet ordinateur jadis abordable et désormais difficilement trouvable ou hors de prix.

La situation n’est pas sans espoir et l’arriéré de commande devrait se réduire d’ici au courant… 2023. En attendant, certaines alternatives comme les Orange Pi, Banana Pi, les Asus Tinker Board, Rock Pi et autres Pine Rock 64 sont plus facilement disponibles. Elles ne contenteront que les plus aguerris d’entre vous, les développeurs, etc. Car les communautés et compatibilités logicielles de ces cartes sont largement inférieures à celle du Raspberry Pi. Mais cet afflux d’intérêt pour des alternatives pourrait, au moins partiellement, palier cette déficience chez un ou deux de ces concurrents. En attendant l’avènement, dans les mois qui viennent, de la première carte RISC V de chez Pine64 ?

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Adrian BRANCO