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On a testé les fonctions photo du smartphone Kodak Ektra

Malgré ses caractéristiques et son nom prestigieux, le smartphone Kodak Ektra ne remplit pas vraiment son contrat. On attendait une interface logicielle répondant mieux aux usages de la photo familiale. 

Les smartphones ont tué les appareils photo compacts, on le sait. A ce titre, le Kodak Ektra est un double appareil photo : en tant que smartphone d’une part, mais aussi en tant que produit estampillé Kodak, marque emblématique de la photo du XXe siècle. Démembré à la suite de sa mise en faillite en 2011, ce géant voit son nom utilisé par plusieurs entreprises que cela soit Asia Optical pour les appareils photo et les actioncams, ou l’anglais Bullit pour les téléphones.

Après une tentative infructueuse il y a deux ans, avec le smartphone Kodak IM5 qui ciblait les seniors, Bullit revient avec l’Ektra, un appareil qui revendique de vraies prétentions photographiques.

À lire : Test : Kodak Ektra, le meilleur smartphone photo du marché ?

Technique soignée, électronique médiocre

Commençons par le positif : les résultats photographiques de ce premier smartphone siglé Kodak sont corrects. Les images en plein jour montrent que les algorithmes de correction sont efficaces, le piqué de l’optique au centre de l’image est plutôt bon et la chromie assez juste, de même que la mesure de la lumière, ce qui n’est pas toujours le cas chez les marques B. Les résultats sont donc tout à fait décents en plein jour et on sent la bonnes volonté de l’équipe de développement.

Le problème pour elle, c’est que les composants ne sont pas à la hauteur de ses ambitions. Le capteur de 21 Mpix est trop dense en pixels ce qui entraîne des clichés très bruités en basses lumières. Le processeur, de moyenne gamme, n’offre pas assez de puissance pour profiter de tous les raffinements en matière d’autofocus – sans être une limace, l’Ektra est bien plus lent que les ténors du segment. Bon point cependant, le mode panorama par balayage fonctionne très bien.

Pour son lancement dans l’arène, la marque a répondu à des besoins marketing purs : proposer beaucoup de mégapixels à pas trop cher. Manque de chance, c’est LA chose à éviter à tout prix quand on cherche à briller en photo. Les modules caméra de qualité sont moins denses en pixels, plus lumineux. Et aussi plus chers.

Ergonomie logicielle à côté de la plaque

Premier appareil de sa lignée et positionné dans le milieu de gamme, l’Ektra avait pour nous une mission : capturer de belles photos, le plus simplement possible. Une promesse gravée dans l’ADN de Kodak : la marque de Rochester a une consonance familiale très forte, son héritage est lié à des appareils photo grand public faciles d’utilisation (Brownie) ainsi qu’à des pellicules de caractère.

De ce côté-là, l’approche logicielle est un échec. Loin de la simplicité dont la marque est un synonyme – clic-clac-kodak – l’Ektra propose un parcours de développement des images trop complexe. Si l’application gratuite de retouche photo Google SnapSeed a très bien été intégrée, l’idée de base était mauvaise : SnapSeed est trop complexe pour Mr Untel et Mme Michu. Il s’agit d’un vrai laboratoire de développement numérique. Il eut été plus malin de ne proposer qu’une seule application qui réunisse, au sein d’une même interface, la prise de vue photo/vidéo, le chargement des pellicules (a priori ou a posteriori), la galerie d’images et l’envoi vers les réseaux sociaux ou le service d’impression. Au lieu de ça, on a droit à 4 applications dont le grand public n’aura que faire.

Kodak Ektra, la roue des modes.
01net.com – LM – Kodak Ektra, la roue des modes.

Donnons tout de même une mention spéciale à l’application de prise de vue, dont la roue des modes (ci-dessus) rappelle furieusement celle d’un appareil photo et s’avère agréable à utiliser… par les photographes experts !

Loin de respecter son héritage argentique

La dernière déception concerne les simulations de pellicules, une fonctionnalité que nous attendions avec grande impatience. Loin d’être anecdotique, c’est notamment cette approche qui explique le succès des hybrides de Fujifilm : offrir des Jpeg qui changent du look numérique traditionnel et qui profitent d’une palette de couleurs de caractère et d’un grain argentique naturel.

Hélas, les développeurs de la solution logicielle se sont perdus. Les simulations des célèbres pellicules de Kodak – T-Max, Tri-X, Ektachrome, etc. – existent bien et sont enfouies…  dans l’application vidéo Super 8. Mais pourquoi ? Et manque de chance, elles sont tout à la fois déplaisantes à utiliser et complètement ratées. L’application rappelle furieusement Hipstamatic avec une fenêtre de visée ridiculement petite et une interface envahissante. Quant au traitement numérique, il n’est pas encore au point : pas de consistance des tons, pas de génération de grain argentique, pas de subtilité dans les défauts optiques simulés.

Ce dont nous rêvions

À lire : CES 2017 : Kodak ressuscite l’Ektachrome 100, une pellicule légendaire

Qu’attendait-on de l’Ektra ? Un appareil photo rapide, d’une définition de 8 à 12 Mpix, efficace en basses lumières, doté d’un logiciel de prise de vue simple proposant un sélecteur de pellicules opérationnel aussi bien en photo qu’en vidéo. En clair : un appareil simple, rapide, qui permette d’obtenir de belles photo avec un rendu de caractère. Avec éventuellement, pour les vrais passionnés de photo, Snapseed pré-installé (il est gratuit !) et la production de fichiers RAW autorisant un vrai développement numérique. 

L’Ektra ne répond pleinement à aucun de ces deux publics ce qui est dommage. Mais il ne s’agit que d’un premier modèle. Si Bullit/Kodak poursuit ses efforts en simplifiant le parcours et en s’appuyant sur son héritage, la marque pourrait marquer des points.

Si la concurrence lui en laisse le temps…

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