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Menacé, le musée de l’Informatique va faire des « petits »

Privée de locaux, la structure va chapeauter plusieurs espaces d’exposition en France. La première Cité numérique ouvrira à Sophia-Antipolis d’ici à l’été.

Je ne laisse pas tomber, mais je ne vais pas attendre les bras croisés. » Philippe Nieuwbourg, directeur du musée de l’Informatique, en a assez de voir que rien ne bouge dans le dossier de la fermeture abrupte de ses locaux de La Défense, qui abritaient jusque-là sa structure, ainsi que le musée du Jeu vidéo.

Après une rencontre, pour le moment infructueuse, avec le cabinet de Nathalie Kosciusko-Morizet, fin février, et face au « silence » de la Mairie de Paris, les deux musées privés ont choisi de passer à l’action, de se consacrer à l’ouverture de « Cités numériques », des espaces muséographiques, dans divers endroits de l’Hexagone, dédiés à « la transmission du patrimoine informatique et vidéoludique ». Elles seront gérées de façon centralisée par les musées, avec le soutien d’associations et de pouvoirs publics locaux, selon les cas.

« Un lieu centralisé, nous y travaillons toujours »

Le musée de l'Informatique
Le musée de l’Informatique – Le musée de l’Informatique

« Le terme de “musée” regroupe les actions de conservation et d’exposition. Il nous a semblé plus honnête de parler de “cités numériques” pour ces espaces qui ne seront que des espaces d’exposition et accueilleront chacun une exposition permanente et, en rotation, les expositions temporaires, pendant six mois chacun. On déconnecte juste la partie “front” et “back”-office », précise Philippe Nieuwbourg.

« En ce qui concerne un lieu centralisé, nous y travaillons toujours, mais je ne me laisserai pas imposer un calendrier d’inaction. L’Etat ne veut rien faire ? Dont acte, mais cela ne doit pas priver les visiteurs de l’accès à ce patrimoine », estime-t-il. « Finalement, est-ce préférable d’avoir un grand lieu à Paris, réservé aux Parisiens et aux touristes, ou de permettre aux élèves de 5 à 7 régions de France de découvrir ce patrimoine près de chez eux ? », ajoute Philippe Nieuwbourg.

La première Cité numérique ouvrira cet été à Sophia-Antipolis, près de Nice, d’abord au sein d’IEID CampusID (avant d’intégrer le CampusTIC, une fois terminé). Cet espace de 300 m², ouvert à tous, mais qui ciblera en priorité le public scolaire, comprendra une exposition permanente, avec des pièces fournies par le musée de l’Informatique (machines à calculer mécaniques, premier microprocesseur et ordinateur portable…).

La cité comptera aussi un « corner » dédié au jeu vidéo et proposera deux expositions temporaires, l’une consacrée à la naissance d’Internet et l’autre, au film 2001 : l’Odyssée de l’espace, de Stanley Kubrick. La structure a aussi vocation à présenter des prototypes et des innovations (interfaces homme-machine, par exemple).

Accueillir plus de visiteurs

Après Sophia-Antipolis, la prochaine Cité numérique pourrait ouvrir en région parisienne. Le musée de l’Informatique est en effet partie prenante, dans le cadre du Grand Paris, d’un projet lié au monde spatial qui pourrait donner naissance à un musée de la Fusée, à un musée de l’Informatique et à un musée du Jeu vidéo. D’autres lieux sont en cours d’évaluation ; les collectivités intéressées, invitées à se manifester.

Les expositions permanentes seront alimentées par la collection « de plusieurs milliers de pièces » du musée de l’Informatique, centralisée dans un entrepôt normand. « Nous disposons de suffisamment de pièces pour créer 5 à 7 expositions permanentes. Il y a un fonds commun : IBM PC, ZX81, grands systèmes des années 60, mécanographie… dont nous avons largement suffisamment d’exemplaires. Et quelques pièces uniques qui forcément devront être présentées à certains endroits en fonction des contraintes de place, de sécurité », souligne Philippe Nieuwbourg.

Selon ce dernier, l’avantage de cette organisation décentralisée est qu’elle permettra d’accueillir sans doute « beaucoup plus de visiteurs chaque année qu’un seul musée centralisé. Sophia-Antipolis nous ouvre, par exemple, à des visiteurs italiens, russes… ».

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Guillaume Deleurence