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L’Irlande ne votera plus sur des machines électroniques

Le pays avait investi dans 7 500 machines commandées en 2002. Elles n’ont servi qu’une fois et posent des problèmes de fiabilité.

Les élections européennes approchent mais ce n’est pas à cette occasion que l’Irlande va utiliser ses machines à voter. Les 7 500 appareils achetés en 2002 à la firme néerlandaise Nedap ont servi lors des législatives du 20 mai 2002 dans trois circonscriptions. Et ce sera tout. Elles seront bientôt mises au rebut à la suite de nombreuses polémiques sur la fiabilité du vote et face aux inquiétudes quant à des possibilités de piratage.

Le ministre de l’Environnement irlandais John Gormley a annoncé à la fin du mois d’avril dernier qu’il mettait en place un groupe de travail pour décider du sort de ces machines. Mais il a d’ores et déjà été exclu de les reprogrammer pour les destiner à un autre usage que le vote. Cette opération coûterait 28 millions d’euros. Or, l’investissement initial était déjà de 51 millions d’euros et le stockage des appareils en a coûté encore 3,5 millions. Soit 54,5 millions pour rien.

Ce fiasco s’explique par de nombreuses contestations et notamment par un rapport de 2004 de la Commission sur le vote électronique qui estimait très facile de contourner les systèmes de sécurité et de prendre le contrôle des machines. Pour, par exemple, modifier le comptage des votes. La Commission reprochait aussi aux appareils choisis de ne pas pouvoir fournir de trace sur papier des votes effectués, ce qui aurait permis un contrôle.

Machines « hackées » en direct

Du coup, le projet de déployer le vote électronique dans tout le pays pour les scrutions locaux et européens de 2004 a été suspendu. Même chose pour les législatives de 2007.

Parallèlement, les Pays-Bas ont décidé d’abandonner définitivement leur propre projet, alors qu’ils avaient utilisé les mêmes machines Nedap, l’an dernier. Et en mars 2009, le vote électronique a été jugé anticonstitutionnel en Allemagne par le tribunal constitutionnel. En France, les choses sont moins claires, mais le Sénat a rendu en 2007 un rapport sceptique sur l’efficacité de ce genre d’équipement. Mais le réquisitoire le plus notable doit certainement dater du mois d’octobre 2006 quand un groupe de hackers néerlandais a fait la démonstration, en direct à la télévision (et en vidéo sur YouTube, voir ci-dessous), qu’il était possible de trafiquer les résultats d’une machine à voter. Une machine de la même marque que celles choisies par le gouvernement irlandais…

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Arnaud Devillard