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L’innovation, la grande Arlésienne de la campagne électorale

Bertrand Diard, PDG de Talend

Dans quelques jours, les Français voteront pour la présidentielle. Si la plupart des sondages mettent en avant des préoccupations centrées sur l’emploi et le pouvoir d’achat, il semble que les candidats délaissent une dimension majeure de la croissance : l’innovation. En tant qu’entrepreneur français, je pense être bien placé pour leur rappeler que l’innovation a un rôle important à jouer dans le retour de la croissance en Occident. Et quand j’écris croissance, je pense création d’emplois, car il est bien clair que l’innovation, plutôt que de détruire des postes via des délocalisations, doit être mise au service de l’intérêt général de la nation en créant de nouveaux gisements d’emploi dans toutes nos régions.

Le numérique, générateur de richesse

Des études récentes montrent le rôle de plus en plus essentiel joué par l’économie de l’immatériel, c’est-à-dire le numérique, dans la croissance de l’économie globale. Facebook aurait ainsi, selon l’université du Maryland, contribué à engendrer environ 200 000 emplois directs aux Etats-Unis et, selon Deloitte, 232 000 en Europe (dont 22 000 en France) avec une création de richesse de près de 2 milliards d’euros. De façon plus générale, McKinsey a évalué l’apport du numérique en France à 60 milliards d’euros et à 20 % de la croissance entre 2004 et 2009, soit 1 million d’emplois concernés.Ceux qui douteraient encore du rôle de l’innovation dans la croissance d’un pays étudieront avec soin l’histoire d’Apple ? dont la capitalisation boursière équivaut aujourd’hui au PIB de la Pologne et dont les ventes ont grimpé de 75 % en une seule année ? qui aura créé plus de 500 000 emplois aux Etats-Unis en quelques années.Si l’économie numérique est longtemps restée spécifique, elle innerve désormais tous les secteurs de l’économie traditionnelle ainsi que toutes les activités de l’entreprise, et est devenue le passage obligé de toute collaboration. Parmi les plus récentes innovations, certaines vont contribuer activement à la croissance mondiale des prochaines années : le cloud computing qui abat les barrières au développement ; le big data qui ouvre d’immenses perspectives analytiques ; l’internet des objets qui enracine le numérique au plus profond des activités du monde physique ; l’open source et le Saas (Software as a Service) qui démocratisent l’accès aux technologies, etc. Ces dernières, combinées à notre système universitaire, à la créativité et au savoir-faire de nos ingénieurs, et à notre écosystème d’investisseurs, forment un atout que nous ne pouvons délaisser.

Un catalyseur de création d’emplois

Pourtant, les technologies restent trop souvent des outils d’optimisation (oserais-je dire d’austérité ?) qui, loin de générer des emplois, contribuent à leur destruction. Le moment est venu de prouver, comme le suggérait Alfred Sauvy dans les années 80, qu’elles forment un formidable catalyseur de création d’emplois. C’est ce que l’association d’entrepreneurs CroissancePlus a entrepris de démontrer dans le manifeste qu’elle a publié dernièrement.Le débat public considère trop peu l’innovation comme un atout pour notre pays. Pourtant, nous autres entrepreneurs, sommes convaincus que nous disposons de toutes les cartes pour retrouver la croissance qui nous manque cruellement actuellement. Et nous appelons l’ensemble des candidats à replacer l’innovation au cœur de leur campagne ? et au-delà, de leurs premières réformes ? afin de répondre enfin aux demandes essentielles de nos concitoyens.

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Bertrand Diard