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L’étiquette intelligente pas si maligne que ça

Le déferlement annoncé d’étiquettes intelligentes n’a pas eu lieu. Mais son apport en amont de la chaîne logistique est incontestable et les gains de productivité déjà mesurables.

Le rappel des faits. L’américain Wal-Mart, le n?’1 mondial de la distribution, annonçait en 2003 que l’étiquette radio allait remplacer le code-barres. Il sommait alors ses cent premiers fournisseurs de coller des
étiquettes-radio sur leurs cartons et palettes en partance pour ses grandes surfaces. Un projet toujours inachevé. Gillette prévoyait l’année dernière d’équiper 500 millions de rasoirs de RFID et l’allemand Metro voulait en doter ses cartes de
fidélité. Mais c’était oublier les obstacles technologiques, économiques et sociaux.


__________________Ce n’est pas demain que la RFID (Radio Frequency Identification) remplacera le code-barres. Pourtant, la RFID devait révolutionner l’industrie et la vie quotidienne. Les consommateurs ne devaient plus faire la queue
à la caisse, mais se contenter de passer leur chariot de supermarché sous un portique pour voir s’afficher en quelques secondes le montant total de leur achat. C’était aller un peu vite en besogne.‘ En 2004, nous avons survendu la RFID. La communication s’est faite sur les aspects les plus frappants comme, par exemple, les tags RFID collés sur les produits, alors qu’on en est loin ‘,
reconnaît Philippe Balayn, responsable du marketing Industrie pour HP France. 2004, au lieu d’être l’année de la RFID, a été l’année du désenchantement. Les expérimentations menées en France et aux États-Unis auront au moins permis de mettre à jour
tous les obstacles.Premier d’entre eux, la physique. Les ondes radio ne peuvent pas tout traverser. ‘ Les liquides et les métaux absorbent ou dispersent les ondes ‘, explique Alain Borel, PDG de Valorfi,
société conseil dans la mise en ?”uvre de projets RFID. Pour contourner le problème, on peut faire usage des basses fréquences (en deçà de 125 kHz), mais le taux de transfert devient alors insuffisant et il est impossible de lire un grand
nombre de tags en peu de temps. Pour augmenter les taux de transfert, on augmente la fréquence, mais ce sont les distances de lecture qui se réduisent.Autre point de blocage important : le prix du tag RFID. Selon Forrester Research, pour être appliqué aux plus chers des biens de consommation courants (2 % du marché, 20 milliards d’articles tout de même), le prix du tag
doit tomber à moins de 1 centime d’euro contre 10 à 20 cents d’euro aujourd’hui. Pour faire baisser les prix, il faut augmenter les volumes de production, donc les commandes. Les deux principaux fabricants de tags RFID, Texas
Instruments et Philips, attendent donc les achats en masse de la grande distribution. Or, c’est justement eux qui rencontrent le plus de difficultés techniques, compte tenu de la grande diversité de produits à étiqueter.

Des étiquettes soumises à autorisation

De plus, un l’étiquetage individuel des produits pose des problèmes liés à la sensibilité des consommateurs face au respect des libertés individuelles. Sur ce plan, le chantier vient à peine de commencer. La Cnil a posé les premiers
jalons : les étiquettes RFID sur les produits de consommation courantes sont assimilées à des données personnelles et donc soumises à la loi. Soit les étiquettes sont détruites au moment du passage à la caisse, soit le consommateur signe une
autorisation au marchand pour que ce dernier puisse y associer des services. Une nouvelle barrière au développement du RFID.Après quelques expérimentations hasardeuses et décevantes, les industriels sont donc revenus à des projets plus modestes. C’est en amont des grandes surfaces, dans la logistique, que la RFID se développe aujourd’hui.
‘ On étiquette des palettes ou des cartons et, déjà, on peut enregistrer des gains de productivité ‘, explique Philippe Balayn. Grâce à la RFID, Wal-Mart a découvert des flux de marchandises qui lui
échappaient et a ainsi pu optimiser sa logistique. Carrefour et Wal-Mart estiment les économies liées à la mise en place de la RFID dans leurs entrepôts à 3,5 % de leur chiffres d’affaires.Mais qui dit gain de productivité dit bien souvent licenciement. Si les caissières des supermarchés sont encore préservées, une expérimentation RFID menée dans un entrepôt Unilever en Italie a permis tout à la fois de passer de 200 à
350 palettes par jour et de réduire le nombre de manutentionnaires de 3 à 1 personne. Un rapport d’Accenture estime que les réductions sur les charges de travail sont comprises entre 25 % et 65 % selon le poste. Difficile
pour les acteurs de la distribution de résister à la tentation.*Nous avons extrait de nos archives quelques annonces tonitruantes, promesses solennelles et autres sujets ayant fait la une de l’actualité ces derniers mois. Les engagements ont-ils été tenus, les résultats prédits
obtenus ? Rendez-vous tous les vendredi durant l’été pour un retour sur l’actualité.

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Frantz Grenier