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Les SSII se raccrochent aux projets de réduction des coûts

En attendant le retour des investissements informatiques, les sociétés de services misent sur l’infogérance, la TMA et sur les projets visant la réduction des coûts et la performance informatique.

” Les carnets de commandes ne se remplissent pas, ou au compte goutte. Et lorsque les investissements ne sont pas gelés, les processus de décision sont plus longs. “ Ce sont les phrases qui reviennent le plus dans le discours des SSII en ce moment. Celles-ci subissent de plein fouet le ralentissement des affaires.Si les contrats pluriannuels d’infogérance permettent à la plupart de résister encore au marasme économique, les acteurs du service informatique font tout de même les frais de la baisse des activités d’intégration de systèmes et du conseil.Des activités qui représentent, pour certaines, la plus grosse partie de leur chiffre d’affaires. Si bien que la rentabilité de ces groupes diminue et entraîne de nouvelles réductions d’effectifs, de sérieuses baisses des taux d’occupation de consultants avec des carnets de commandes de plus en plus légers, et pour certaines SSII, des difficultés supplémentaires de trésorerie.

Baisse des titres boursiers des grands acteurs

La plupart des sociétés de services informatiques qui viennent de publier leurs résultats semestriels (voir tableau) ont été marquées par le gel des investissements, une plus grande pression des prix et la prudence accrue des grands comptes à se lancer dans de grands projets informatiques.Pour les grands contrats pluriannuels, les processus de décisions sont devenus de plus en plus longs. De plus, les révisions à la baisse des résultats 2002 par certains grands acteurs du service assombrissent le tableau.L’annonce par EDS, la deuxième SSII du monde, d’un troisième trimestre en recul de 2 à 5 % par rapport à 2001, a entraîné la semaine dernière, la baisse les titres boursiers d’autres grands acteurs, comme IBM Global Services, Cap Gemini Ernst & Young, Atos Origin et autres Steria.“Le ralentissement des affaires plus important que prévu et les effets de faillite comme celle de US Airways, cet été, l’un de nos plus gros clients, explique cette révision à la baisse”, souligne le porte-parole d’EDS France. Pour ajouter qu’“une nouvelle structure baptisée Next Level a été mise en place pour tenir compte des changements du marché et répondre aux grands comptes devenus plus exigeants. En plus, nous avons simplifié notre organisation globale de cinq à quatre lignes de services. La partie outsourcing fonctionne bien aux Etats-Unis et en Europe alors que le conseil pourrait faire mieux”.D’autres que l’on voyait épargnés jusqu’ici, comme Transiciel, ont été également touchés par la baisse de la demande. Poussée par les financiers soucieux des problèmes de trésorerie qui s’accumulent dans le secteur, la SSII a dû mettre en place un programme pluriannuel nommé Mercure, destiné à résister aux aléas du marché, “à augmenter la valeur ajoutée et pour être moins exposé aux aléas des activités d’assistance technique et d’intégration de systèmes”.Mais le directeur général de Transiciel, Pierre Dalmaz, ne peut s’empêcher de mettre en garde contre la folie boursière. “On a tendance à mélanger la réalité des entreprises et la situation de la Bourse, et l’état sauvage des spéculations boursières n’arrange rien à la situation économique actuelle”.Il explique que si la moitié de ses revenus proviennent de l’intégration de systèmes, très marquée par la conjoncture actuelle, son activité d’infogérance et de conseil lui permet de continuer de progresser et d’avoir des contrats pluriannuels sur cinq à sept ans.“Certes, les affaires ont tendance à arriver au compte goutte et il ne faut pas les rater”. Il ajoute que la société a affiché une croissance organique de 15 % sur l’ensemble de ses dix premiers comptes par rapport à 2001.“On résiste mieux quand on a des positions fortes chez un grand client. En intégration de systèmes ?” une activité qui aujourd’hui ne se dégrade pas ?”, on évite de faire des prévisions à long terme et on essaie de s’adapter à la situation économique. En infogérance, nous avons signé au deuxième trimestre un contrat important. Cela aura un effet positif sur notre second semestre”.Enfin, la SSII Transiciel admet que le taux d’occupation des consultants a perdu quatre points ?” passant de 87 à 83 % ?”, mais dément les problèmes de dette soulevés dernièrement par les analystes financiers. ” Nous pouvons rembourser notre dette financière dès l’an prochain. “

Progresser grâce aux services à valeur ajoutée

Certaines SSII, comme Cap Gemini Ernst & Young, bénéficient de secteurs en croissance, comme l’énergie et les ” utilities “, la santé et le secteur public, mais souffrent de la situation plus ou moins catastrophique des télécoms, des services financiers et de l’e-business. Pour le groupe britannique Logica ?” qui réalise 60 % de son chiffre d’affaires dans l’intégration de systèmes et dans le conseil ?”, il est urgent de s’imposer dans l’infogérance et dans les secteurs en croissance comme l’électricité.“Si le secteur des télécoms est sinistré en Europe, nous avons bien fonctionné dans celui de la déréglementation de l’énergie. Témoin, notre dernier contrat avec le producteur d’énergie thermique Snet. De gros contrats se multiplient en Europe grâce à des entreprises qui veulent externaliser tout ou partie de leur système d’information. Témoin aussi notre dernier contrat signé avec le ministère de la Justice britannique qui a voulu externaliser la gestion de ses dossiers pénitentiaires”, explique Thierry Siouffi, président-directeur général de Logica France qui compte réaliser en France, dans les deux ans, 30 % de son chiffre d’affaires dans l’infogérance, contre 16 % aujourd’hui.Les services qui fonctionnent en plein marasme économique ? Tout ce qui améliore la compétitivité des entreprises. C’est-à-dire les projets liés au décisionnel, à l’EAI et bien sûr ceux qui ont trait à l’infogérance et à la tierce maintenance applicative (TMA), à l’amélioration des applicatifs existants, et les services à valeur ajoutée notamment autour des progiciels de gestion intégrés.Pour Claude Czechowsky, président de CSC France, “toutes les activités de services informatiques liées aux performances informatiques continuent à croître. Les projets d’amélioration du système d’information, de la logistique, du décisionnel, ainsi que la mise en place des systèmes d’interconnexion et d’échange de l’internet, continuent à se développer. En tout cas, les entreprises vont continuer à investir dans tout ce qui va avoir un impact sur la réduction des coûts”.En revanche, toujours pour le président de CSC, les nouveaux projets informatiques et l’assistance technique sont en panne. “Nos activités de conseil en amélioration de performances des achats, de la finance, du décisionnel, les intégrations de progiciels, les interconnexions entre les entreprises fonctionnent bien. Les contrats d’externalisations des processus et des applicatifs sont en forte croissance chez nous, avec une augmentation d’environ 25 % de prévue pour le premier semestre 2002”.Toutefois, CSC admet un taux de charge (nombre de jours facturés par rapport au nombre de jours disponibles) qui a perdu des points au premier semestre.

Les entreprisesveulent améliorer l’existant

Situation similaire pour la SSII suédoise IBS Group qui affiche tout de même une première moitié d’année en hausse. En recensant les activités en marche et en panne, Jean-Paul Patureau, directeur général d’IBS France souligne : “Nous vivons ce que nous avions prévu il y a un an ; notre chiffre d’affaires autour du PGI SAP est en croissance en 2002 alors que celui de nos solutions associées à JD Edward et Mapics SW sont en recul et nos taux de marge ont baissé. Du coup, nous gérons au coup par coup beaucoup plus de petits projets plus difficiles aussi à mettre en place, car nos consultants interviennent sur beaucoup plus de contrats qu’auparavant avec moins de temps. Cela engendre parfois une perte d’efficacité et de productivité. De plus, nous ne pouvons pas remplacer les partants et nos recrutements sont gelés. Nous ne voyons pas de reprise avant 2004 et nous n’avons pas, aujourd’hui, de plan de séparation de ressources.”

Niveau de visibilité des carnets de commande d’IBS ?

” Deux mois avec beaucoup de petits projets et une demande des clients en décisionnel en EAI et tout de même en projets internet. En tout cas, il faut savoir innover et apporter de la valeur ajoutée “, ajoute Jean-Paul Patureau, content d’avoir mise en place depuis deux ans son activité de TMA. Celle-ci représente aujourd’hui 15 % de son chiffre d’affaires.Les mises en ?”uvre de services associés aux nouvelles technologies ont soutenu les carnets de commandes comme celui de la SSII Neurones, cotée au Nouveau Marché. D’autres, comme Micropole-Univers, perdant des points au premier semestre 2002 par rapport à 2001, résistent grâce à leur activité d’intégration de solutions décisionnelles.Dans le domaine de l’EAI, certaines SSII continuent à faire progresser leur activité à l’international, comme Sopra Group au chiffre d’affaires en progression au premier semestre de 6,9 % (voir tableau ci-dessus), notamment avec sa filiale Axway, spécialiste de l’EAI, qui représente 12,2 % de l’activité totale du groupe.

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Clarisse Burger