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Les réseaux locaux coupent le cordon

Encore émergent, le marché mondial des réseaux locaux sans fil pourrait exploser d’ici à deux ou trois ans. Une perspective qui attise la rivalité entre l’Europe et les États-Unis.

La communication sans fil, popularisée par les téléphones portables, devient un atout de flexibilité et de productivité pour l’entreprise. Les salariés étant de moins en moins statiques, il importe qu’ils puissent se connecter de l’endroit où ils se trouvent sans pour autant traîner un câble d’une longueur kilométrique derrière eux. Cette tendance technologique porte un nom : le WLAN, Wireless Local Area Network, ou réseau local sans fil. Un marché encore émergent, mais qui devrait représenter quelque 2,1 milliards de dollars (2,31 milliards d’euros) en 2002, selon l’institut américain In-Stat, et 4,5 milliards de dollars d’ici à 2005. Face à une telle manne financière, la concurrence n’a pas tardé à s’éveiller, en particulier de part et d’autre de l’Atlantique, coupant littéralement la planète en deux.Outre-Atlantique, le marché est centré sur la norme définie par l’IEEE (Institute of Electrical and Electronics Engineers), référencée 802.11 et actuellement utilisée par l’ensemble des WLAN en version ” b “, avec un débit théorique de 11 mégabits par seconde (Mbs) sur une fréquence de 2,4 gigahertz (GHz). Sa version évoluée, la 802.11a (54 Mbit/s sur 5 GHz) est en cours d’achèvement. Du côté du Vieux Continent, son rival, issu de l’Etsi (European Telecommunication Standard Institute), se nomme HiperLAN2 (54 Mbit/s sur 5 GHz). Il s’agit d’une génération directement ultérieure au 802.11b et dont la commercialisation ne sera effective que d’ici à 2002-2003.

Agent de flexibilité

Toutes ces normes fournissent le même service de base : la possibilité de se connecter à un réseau local, au sein d’une même société, en se passant de tout système de câblage. L’objectif de fond de la communication sans fil est d’optimiser la productivité des cadres par une flexibilité sans cesse accrue et une chasse frénétique aux temps morts. “On se rend compte aujourd’hui que les entreprises changent très rapidement de taille et de physionomie. Elles grandissent, leurs effectifs évoluent, remarque Alain Raison, responsable Europe du Sud du centre de compétences PC et portables pour Dell. Et cela coûte très cher à chaque fois de devoir recâbler.” D’où la nécessité d’une souplesse grandissante dans la gestion des locaux, avec des bureaux de moins en moins fixes pour des employés de plus en plus nomades. “ Le sans fil est un moyen parfait pour eux de travailler immédiatement sur le réseau, quel que soit leur emplacement dans la société.” Cette solution, adoptée par les grands campus américains, devrait rapidement s’étendre aux lieux publics, comme les salles d’attente des aéroports.Son principal intérêt réside dans sa rapidité de mise en ?”uvre. Des ordinateurs portables munis chacun d’une carte WLAN et quelques bornes d’accès fixées aux murs suffisent. L’installation et le paramétrage d’un point nécessitent une trentaine de minutes. Deux éléments de base sont cependant à prendre en considération pour une utilisation optimale : le rayon d’action maximum de chaque borne ?” 25 mètres environ en champ fermé ?” et l’effectif total devant être connecté sans fil au réseau : la charge moyenne d’un point est de l’ordre de 15 à 25 personnes pour une bande passante performante. Une fois connecté, le système bénéficie à la fois de fonctions d’Interopérabilité et de Load-balancing.Mais ce qui fera la différence entre l’HiperLAN2 et la version évoluée du 802.11b, le 802.11a, c’est la notion de qualité de service : un service réseau dont la qualité sera garantie, à l’opposé d’internet. Pourquoi est-ce important ? “Parce qu’on considère qu’un réseau qui sera capable de fournir de la qualité de service sera multimédia “, estime Serge Fdida, professeur au Lip6 (unité mixte de recherche informatique entre l’Université Paris 6 et le CNRS). “ Il pourra servir des données aussi variées que voix, images, ou vidéos“. Autant de fonctionnalités indisponibles avec le standard IEEE.

L’Europe réserve ses fréquences

Une victoire européenne en vue ? Rien n’est moins sûr au c?”ur d’un domaine où, paradoxalement, le meilleur produit ne rafle pas toujours les plus grosses parts de marché. Pour Serge Fdida, il s’agit surtout d’une question d’opportunités. “ Aujourd’hui, le 802.11 a pénétré cette fenêtre d’opportunités, et plus il va s’installer, plus il va acquérir une position dominante. ” Peu importe alors que le standard HiperLAN2 soit plus sophistiqué, il risque fort d’arriver trop tard. “ Le problème étant que s’il n’arrive pas à se développer à échéance raisonnable, il se verra peut-être complètement supplanté. ” D’où un protectorat européen imposé par l’Etsi sur la fréquence des 5 GHz, réservée à l’HiperLAN2. Ce qui n’empêchera pas les premiers produits compatibles 802.11a de voir le jour sur le reste de la planète… avec six mois à un an d’avance.

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Kim Le Quoc