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Les nouvelles licences d’Oracle font peur aux entreprises

En changeant le mode de tarification de sa base de données, au coeur de nombreux systèmes informatiques, l’éditeur provoque la colère de ses utilisateurs.

Un éditeur de logiciels qui profite de sa position de force, voire de son invulnérabilité, pour surfacturer ses utilisateurs : Microsoft ? Non, Oracle, société incontournable dans le monde de la base de données, et dont la nouvelle tarification suscite la colère de nombre de ses clients.L’origine de ce mouvement de grogne remonte au récent passage de la tarification à l’utilisateur à la tarification à l’unité de puissance. Auparavant, pour calculer sa facture, une entreprise estimait le nombre maximal d’utilisateurs accédant à la base de données à un moment donné.
Dorénavant, il lui faut calculer la puissance du serveur, sur lequel est installée la base de données, et payer en fonction.

Une manière pour Oracle de s’assurer une source de revenus continue. Accroissement du nombre d’utilisateurs, ajout de nouveaux services, déploiement d’une nouvelle version : l’extension de la puissance des serveurs est une des constantes du monde de l’informatique. Donc, avec elle, l’augmentation des revenus de l’éditeur.Officiellement, Oracle propose à ses clients de choisir entre les deux modèles de tarification, voire de les faire cohabiter un temps. Mais, dans la réalité, l’éditeur tente de pousser par tous les moyens ses clients vers la nouvelle tarification. Thierry Collet, le directeur des opérations d’Oracle France, affirme ainsi que “100 % des clients qui font de l’Internet”ont adopté le modèle à l’unité de puissance. De fait, la société dispose d’un puissant moyen de pression vis-à-vis de ses clients : les remises. Traditionnellement, le prix d’une base de données Oracle dépend en grande partie de négociations avec l’éditeur.“On nous a souvent reproché une tarification complexe au client “, affirme Thierry Collet. Dorénavant, la mode chez Oracle est au simple, bref à une limitation des remises.Nouvelle tarification, politique commerciale moins souple, en faisant leurs comptes, nombre de clients ont vu rouge. A tort, selon Thierry Collet : ” Je me fais fort de démontrer à nos clients qu’on aboutit à une baisse de 20 % à 40 %. ” Des clients pas vraiment convaincus. L’Association des utilisateurs francophones d’Oracle (AUFO), quant à elle, parle poliment de ” divergence sur l’interprétation des tarifs Oracle “. Pour justifier ce différend, Thierry Collet parle de ” la peur du changement et la logique latine de la négociation, comme contraires à la logique de notre nouvelle tarification “.

Un peu court pour convaincre les membres de l’AUFO, inquiets après les estimations réalisées en interne, et qui laissent présager des hausses tarifaires faramineuses. Or un client Oracle est, au moins pendant quelques années, un client captif. Dominant leur marché, les bases de données Oracle sont au coeur de la plupart des systèmes informatiques d’entreprise et peuvent difficilement être remplacées du jour au lendemain. D’où le titre de la réunion utilisateurs-Oracle organisée par l’AUFO : ” Les problèmes posés par la tarification logicielle : y a-t-il incompatibilité entre les engagements à long terme et les modifications unilatérales ? “Si les hausses de tarifs se révèlent être à la hauteur des inquiétudes des entreprises, les utilisateurs n’auront guère d’autre choix que de se soumettre. Ou d’espérer qu’Oracle se mette à l’écoute de ses clients.

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Ludovic Nachury