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L’écran plat est-il encore un composant stratégique ?

Les sociétés japonaises restructurent à tout-va en matière d’écrans plats. En Europe, rien de tel puisque nous ne disposons pas de ce type d’industrie. Faut-il s’en réjouir ?

Nous n’avons pas manqué, à la fin des années 1990, de souligner dans ces colonnes que si l’Europe n’investissait pas en écrans plats elle perdrait à terme son industrie du téléviseur. En fait, nous n’avons
pas eu vraiment raison. L’Europe a perdu l’essentiel de son industrie du téléviseur bien avant que l’écran plat soit à la mode.Une industrie française du téléviseur est certes en train de renaître, sous deux autres formes, mais toutes deux s’accommodent d’une absence de production locale d’écrans : les
‘ assembleurs ‘ de téléviseurs, d’une part, achètent de toute façon leurs sous-ensembles ?” les écrans comme le reste ?” partout dans le monde, et en particulier là où ils sont les moins
chers ; les fabricants de téléviseurs haut de gamme ?” à terme du type projecteur mais surtout rétroprojecteur ?” n’ont pas non plus besoin d’un quelconque support européen puisque l’écran fait partie
d’un système optique qu’ils produisent en partie eux-mêmes.Les fabricants européens potentiels ont donc échappé à d’énormes investissements qu’ils n’auraient pas pu amortir : pendant longtemps, le marché de l’écran plat LCD a été tiré par les moniteurs
informatiques, venant d’ailleurs. Il l’est maintenant tiré par les téléviseurs grands écrans, un marché dominé au niveau image de marque par Sharp et Sony (même si, en pratique, le consommateur moyen ne voit pas de différence de
qualité entre les téléviseurs de ces marques et ceux des autres…).Cette démission européenne, justifiée pour les actionnaires des sociétés concernées, l’est donc aussi pour leurs clients. Ce sera comme cela tant qu’il y aura une vraie concurrence sur ce marché avec une capacité de
production excédentaire. Or, à moyen terme, les Japonais, les Coréens et les Taïwanais continueront de se faire une concurrence effrénée.A échéance de cinq ans, les Chinois continentaux feront peut-être aussi partie du jeu. Les investissements actuels paraissent colossaux, éloignant toute perspective de pénurie structurelle… Les Européens n’ont
d’autre choix que de continuer à ” faire le mort “, sachant que de toute façon la technologie concurrente la plus menaçante pour les LCD, le plasma, devra a priori savoir se contenter à terme de
marchés de niche.* Directeur de la rédaction d’ Electronique International HebdoProchaine chronique jeudi 3 mars

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Jean-Pierre Della Mussia*