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Le Viiv d’Intel : une appellation d’origine pas assez contrôlée

L’association entre des écrans HD Ready et des PC qui ne le sont pas plombe la nouvelle stratégie d’Intel.

C’est le 3 février dernier que Bernadette Andrietti, directrice d’Intel France, a présenté, à Paris au Grand Palais, à un parterre de près de 2 000 personnes, la nouvelle stratégie
Viiv. Une stratégie audacieuse ?” en phase avec la consommation grandissante de loisirs numériques ?”, saluée
par un auditoire constitué des professionnels de l’informatique, de représentants de sociétés fournissant du contenu numérique et de fournisserus d’accès à Internet en haut débit.A l’image de la température glaciale qui régnait sous la voûte restaurée du Grand Palais, la technologie Viiv jette un froid chez quelques constructeurs de PC. Car, en lieu et place d’une technologie, Viiv est dans les faits une sorte
d’appellation d’origine pas si contrôlée que ça par Intel. Ainsi Viiv n’est que la définition d’une plate-forme matérielle PC ne comprenant que cinq composants : un processeur double c?”ur, une interface Ethernet rapide, un système de mise en
veille et d’allumage ultrarapide, une sortie son 7.1 et le système d’exploitation Microsoft Windows Media Center 2005.Bonne et mauvaise nouvelle.
La bonne, c’est que Viiv est associée chez de nombreux constructeurs à des téléviseurs plats HD Ready (près de 3 millions d’écrans
plats devraient trouver preneurs cette année contre 1,5 million en 2005 au sein de l’Hexagone). Elle procure ainsi un accès ultrafacile à tous les contenus numériques. La mauvaise, c’est que l’AOC Viiv a besoin de prendre de la bouteille et de
vieillir en ‘ fût de chaîne d’assemblage ‘. Et ici la liste des griefs entendus est parfois édifiante.

Trois problèmes techniques à résoudre

Premier désagrément : aucune consigne n’a été donnée en terme de dissipation de chaleur et de bruit. Du coup, certains constructeurs s’apprêtent à accoler au dos de leurs écrans HD Ready un processeur Pentium D au lieu de se
tourner vers des processeurs Intel Core Duo plus adaptés (moins consommateurs d’énergie et tout aussi performants). Le résultat de cette première faute de goût a deux inconvénients. N’escomptez pas placer un tel matériel dans un espace par trop
confiné, une bibliothèque par exemple. Et surtout n’imaginez pas profiter ?” le soir ?” de la sérénité de votre salon. Exprimé en décibels, un Viiv passe ainsi de 22 à 32 décibels, voire à plus de 40 si vous regardez un DVD.
A titre de comparaison, rappelons que le moins bruyant des lave-vaisselles intégré arrive péniblement à ne pas dépasser 42 décibels.Deuxième faute, plus gênante : l’association d’un écran HD Ready avec un PC qui ne l’est pas. Plusieurs constructeurs nous ont confirmé qu’aucune carte graphique, même dotée
d’une sortie native HDMI, n’était munie d’une puce HDCP. Or c’est cette puce ?” à 1 dollar (!) ?” qui contrôle les droits numériques des films en haute
définition. Ces mêmes cartes graphiques sont également incapables d’adresser, via une entrée HDMI, la dalle d’un écran HD Ready (elles ont dans presque tous les cas de figure une résolution de 1366 x 768 pixels). Pour avoir une image
PC impeccable, c’est l’interface VGA qui est sollicitée.Troisième errement, celui d’imposer à un téléspectateur de booter Windows ou de laisser la main à son antivirus. Enfin, quid du soutien d’Intel au sujet du format HD DVD ? le fondeur est devenu subitement
silencieux, à l’heure où
la technologie Blu-Ray démontre son avance. Bref, beaucoup de soucis ?” techniques ?” à résoudre.A croire qu’Intel devrait parfois plus se préoccuper de technologies que de marketing. Même si une fois encore la stratégie d’Intel tient ?” sur la durée ?” la route.

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Thierry Derouet