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Le studio Frogwares accuse l’éditeur français Nacon d’avoir piraté The Sinking City, son dernier jeu vidéo

La guerre entre les développeurs de The Sinking City et son ancien éditeur Nacon (anciennement Big Ben Interactive) prend un nouveau tournant. Le studio ukrainien accuse, preuves à l’appui, son ancien partenaire d’avoir piraté son jeu pour le mettre à disposition sur Steam.

Les accusations sont graves. Dans un long et technique billet de blog, le studio Frogwares – notamment célèbre pour ses excellents jeux d’enquête Sherlock Holmes – s’en prend violemment à son ancien éditeur, le français Nacon, et l’accuse à la fois de piratage et de vol.

Les deux entreprises mènent depuis des mois une âpre bataille juridique autour du plus récent jeu de Frogwares, The Sinking City. Un titre lancé en 2019 avec l’aide de Nacon.
Mais depuis, le torchon brûle entre les deux entreprises. Frogwares accuse notamment Nacon de ne pas avoir honoré ses obligations financières et même de vouloir s’approprier le jeu. Le studio a unilatéralement résilié le contrat qui le liait à l’éditeur français. Nacon, lui, s’appuie sur une décision de la Cour d’appel de Paris, qui a jugé fin octobre que cette résiliation était « manifestement illicite », et estime donc qu’il peut continuer à le distribuer.

https://twitter.com/Frogwares/status/1365385278140133378

Après une première tentative avortée fin décembre, Nacon a ainsi publié The Sinking City le 26 février dernier sur Steam, plate-forme concernée par le fameux contrat… mais sur laquelle le jeu n’était pas encore disponible. C’est cette copie du jeu qui pose de gros problèmes au studio, qu’il estime piratée. 

« Nacon […] a demandé à certains de ses employés, que nous avons identifiés, de cracker, de hacker et de pirater notre jeu, d’en changer le contenu pour le commercialiser sous son propre nom » peut-on lire au début de son communiqué.

Une version modifiée du jeu disponible sur Gamesplanet

Frogwares a en effet analysé le jeu proposé sur Steam et a découvert qu’il s’agissait d’une copie modifiée de la version commercialisée sur le site Gamesplanet.com, une plate-forme avec laquelle il a un accord de distribution en bonne et due forme. Le studio en apporte la preuve par de nombreuses captures d’écran ainsi qu’une vidéo (voir ci-dessous).

Le studio a notamment constaté que Nacon avait remplacé le logo de Gamesplanet par le sien au lancement du jeu, tout en conservant un nom de fichier… qui fait bien référence à Gamesplanet. Les modifications apportées au code ne s’arrêtent pas là. Nacon a aussi supprimé un encart publicitaire pour les jeux Sherlock Holmes ainsi qu’un dispositif antipiratage, qui vérifie l’authenticité du jeu sur un serveur tiers.

« L’exécutable du jeu a un nom similaire mais sa taille diffère par rapport à toutes nos propres versions, ce qui implique une modification du fichier » analyse par ailleurs le studio.

https://www.youtube.com/watch?v=VYTSt5oOr5g

Pour Frogwares, la conclusion est sans appel : « Nacon n’avait qu’une seule solution pour effectuer tous ces changements : décompiler ou hacker le jeu en utilisant une clé secrète créée par Frogwares, puisque l’intégralité du jeu est archivée avec un système de chiffrement d’Unreal Engine. […] Pour être clair, c’est un hack, et quand le hack a pour objet de voler un produit et de gagner de l’argent avec, on appelle cela du piratage et de la contrefaçon. »

Le studio ukrainien espère désormais que cette découverte pèsera dans le litige qui l’oppose à l’entreprise française.

Nacon n’a pas encore réagi aux récentes accusations de Frogwares. Toutefois, dans un message publié un peu plus tôt sur Steam, l’entreprise explique que le jeu « est une version officielle et complète », même si le manque de coopération avec le studio lui interdit certaines fonctions spécifiques de la plate-forme, comme le décrochage de succès ou la sauvegarde dans le cloud.
Elle dit aussi « regretter que Frogwares persiste à perturber la sortie de The Sinking City. » Et précise avoir déjà versé 10 millions d’euros au studio. « Il est facile de jouer la victime, mais nous cherchons juste à ce que Frogwares respecte ses engagements à la fois contractuels et envers les tribunaux ». 

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Eric Le Bourlout