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Le sans-fil, star de l’informatique d’entreprise au Cebit de Hanovre

Avec ses six mille cinq cents exposants, le plus grand salon informatique et télécoms mondial tente d’enrayer la morosité du secteur, du 12 au 19 mars à Hanovre.

Toujours en quête de signes d’une hypothétique reprise, les principaux acteurs de l’informatique et des télécommunications se retrouvent, comme chaque année à pareille époque, au Cebit de Hanovre.La star de cette année est sans conteste le sans-fil, en attendant les prémices d’une solide offre UMTS. Sous la poussée d’un dernier trimestre 2002 optimiste, le marché du stockage est également sous haute surveillance,
toujours dans l’attente d’une éventuelle acquisition de Legato par EMC.Même s’il dispose de son propre espace, l’open source ?” fortement soutenu en Allemagne ?” est présent de manière diffuse chez nombre de constructeurs et de prestataires de services.Enfin, la récente prise de conscience de l’importance du renouvellement rapide des équipements explique la venue des ténors de la gestion du cycle de vie des produits (PLM). Quelques annonces de matériels innovants viennent
ponctuer cette semaine dédiée à l’informatique d’entreprise.

L’ADSL sans fil et le réseau radio public popularisent le haut débit

L’année 2002 a vu l’éclosion du sans-fil. 2003 confirme cette technologie, avec l’émergence de deux nouvelles tendances. Outre l’usage classique en entreprise comme infrastructure de complément du réseau
filaire, on assiste à une pléthore d’annonces dans le secteur de l’ADSL sans fil et des réseaux radio publics (hotspot).Avant, pour accéder à Internet via l’ADSL depuis un poste fixe, il fallait connecter son modem ADSL à un routeur sans fil via Ethernet. Désormais, modem, routeur et point d’accès sont intégrés dans un même boîtier.Plus simple à mettre en ?”uvre, cet équipement s’adresse au marché des résidentiels, ainsi qu’à celui des TPE et des agences. L’exemple type est celui d’Inventel, qui annonce au Cebit son nouveau D-W 200.
Le constructeur français, champion de Bluetooth avec sa Blue-DSL, passe en effet à Wi-Fi en insérant une PC Card 802.11b dans son modem-routeur bi-interface (USB et Ethernet). Il rejoint ainsi les Netgear, Bewan et autre D-Link, dont les offres sont
déjà disponibles.Côté réseau radio public (aéroports, hôtels, centres de congrès…), la technologie se banalise et la problématique se déplace, passant de la connectivité de base à celle des services. D’où l’arrivée de nouveaux
acteurs spécialisés ?” tel Netinary ?” et d’autres qui se positionnent désormais sur ce secteur.Ainsi, Juniper dévoile-t-il ses plates-formes E-series (BRAS ou Broadband Remote Access Server) et DSX-300 (sélecteur de services), permettant aux exploitants de déployer une offre élargie de services.
‘ L’objectif consiste à réduire le coût de la connectivité de base vers Internet ou la messagerie, à fournir des services à valeur ajoutée, ainsi qu’à gérer des accès multi-opérateurs ‘,
déclare Hector Avalos, directeur technique Europe de Juniper.Précisons que l’arrivée des points d’accès 802.11g favorisera l’accroissement de la bande passante (54 Mbit/s au lieu de 11). Enfin, il manque au puzzle toute la partie sécurité, dont on attend les briques
normalisées, dans le courant de l’année.

Stockage en réseau : la quête de l’interopérabilité

L’édition 2003 du Cebit ne devrait pas être le théâtre d’annonces majeures dans le domaine du stockage d’entreprise. Seules sont attendues des démonstrations de produits récemment sortis des cartons ou encore loin
de la commercialisation.C’est notamment le cas avec HP et IBM, qui insistent sur la virtualisation. Le premier présente son architecture à deux composants : son appliance CASA, dédiée à la migration, et un logiciel de mapping, Versastor, embarqué
dans les nouveaux commutateurs de Brocade. Le second dévoile son futur système de virtualisation symétrique de blocs, baptisé Lodestone (à ne pas confondre avec StorageTank, censé virtualiser les fichiers).Mais le salon consacre surtout le rapprochement des deux principales organisations fédérant les acteurs du stockage en réseau : la SNIA (Storage Networking Industry Association) et la FCIA (Fibre Channel Industry Association). Ces
dernières y annoncent la fusion de leurs branches européennes, effective courant avril. Même si, sur le terrain, elles occupent ?” pour la dernière fois ?” des stands distincts, au sein du pavillon réunissant les principaux
acteurs du SAN.En fait, les deux structures, dont l’une se concentrait sur le stockage en réseau et l’autre sur le monde Fibre Channel, traitaient de plus en plus de problématiques communes (réplication, sauvegarde, connectivité, gestion
du stockage) ?” la standardisation des interfaces d’administration restant l’une des seules ‘ exclusivités ‘ de la SNIA.Cette fusion intervient au lendemain de la validation, par l’IETF (Internet Engineering Task Force), du protocole iSCSI, qui devrait largement pousser le stockage sur IP… Une aubaine donc pour le FCIA.Cette ratification est l’occasion de nombreuses démonstrations : HP s’emploie à interconnecter plusieurs SAN via IP ; Network Appliance met en ?”uvre les nouvelles fonctionnalités iSCSI de sa baie mixte
SAN/NAS ; et Adaptec, en partenariat avec Cisco, teste les performances de ses cartes accélératrices iSCSI. Le constructeur lance par ailleurs ses premières cartes Serial ATA, nouvelle interface série pour disque dur ATA, qui, avec iSCSI,
devrait être à l’honneur sur les stands.

Open source : services et support au c?”ur des préoccupations

Malgré la crise, le succès de l’open source ne se dément pas. Le nombre de projets répertoriés sur le site Internet SourceForge, principal relais des développeurs libres, approche désormais les 60 000, pour plus d’un
demi-million de participants inscrits.En Allemagne, où le mouvement se révèle particulièrement actif, un grand nombre d’entreprises ?” principalement dans l’Administration et dans le secteur bancaire ?” ont choisi de recourir aux logiciels
libres pour certaines applications importantes, voire pour équiper les postes de travail. C’est pourquoi le logiciel libre dispose, cette année, de son propre espace, situé dans le hall 3.Par ailleurs, un cycle de conférences est consacré à l’utilisation du système d’exploitation Linux sur des plates-formes à hautes performances (systèmes 64 bits, supercalculateurs), ou encore aux questions de sécurité
et de certification.La liste des exposants montre à elle seule combien les grands noms ne peuvent plus faire l’impasse sur la question : IBM ?” bien sûr ?”, mais aussi HP, Intel, SAP, Sun, Oracle ou encore Novell présentent
leurs solutions, sans oublier les éditeurs de distributions que sont Red Hat et Suse.Beaucoup à voir, donc, du côté des applications embarquées et du temps réel. De même pour les systèmes clusters à haute disponibilité, qui réunissent une dizaine d’exposants. Mais, comme l’implique le modèle économique du
libre, c’est sous la bannière du support et des services que se retrouve le contingent le plus important.Aux côtés des éditeurs traditionnels tels que BEA, Borland ou BMC, une soixantaine de prestataires, le plus souvent allemands, proposent des solutions clés en main (applications de gestion de la relation client et de gestion
électronique de documents, progiciels verticaux), accompagnées d’offres de support au déploiement de logiciels libres.

La gestion du cycle de vie des produits, une discipline à part entière

Cette dix-huitième édition du Cebit consacre également la gestion du cycle de vie des produits (ou PLM pour Product Lifecycle Management), une discipline qui commence seulement à émerger. En effet, ses contours techniques restent
encore à préciser et aucun leader ne s’est vraiment dégagé. Ses promoteurs ne s’aventurent d’ailleurs pas à publier de chiffres spécifiques sur leurs contrats de PLM. Cependant, le potentiel de ce marché et ses promesses de
développement apparaissent suffisamment importants pour qu’un hall entier lui soit consacré.En 2002, les ventes de logiciels de PLM se chiffrent en milliards de dollars, selon Daratech. Ce montant englobe, il est vrai, les ventes de logiciels de CAO (conception assistée par ordinateur), de FAO (fabrication assistée par
ordinateur) et de SGDT (systèmes de gestion de données techniques), entre autres.Le hall 6, estampillé PLM et ingénierie numérique, rassemble les principaux acteurs de cette discipline. Dassault Systèmes est représenté par sa filiale Delmia. La société française est également hébergée sur le stand d’IBM,
son principal partenaire. PTC, qui dans le passé a beaucoup communiqué sur le PLM avant de rééquilibrer son discours, profite du Cebit pour dévoiler la nouvelle version de son logiciel de CAO, Pro/Engineer Wildfire.Autre acteur majeur du PLM, EDS s’affiche également au Cebit. Ces trois entreprises constituent aujourd’hui le trio de tête des éditeurs de PLM. Tel est du moins l’avis de Charles Foundyller, PDG du cabinet
Daratech. Bien entendu, l’incontournable SAP, qui évolue à domicile, occupe un large espace.Malgré le nombre et la qualité des exposants, peu d’annonces majeures sont attendues. EDS dévoile toutefois de nouvelles versions de NX, Teamcenter et Solid Edge. Le Cebit 2003 se présente avant tout comme une vitrine
technologique pour les offres de PLM. C’est la principale nouveauté, mais elle est de taille.

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Jean-Pierre Soulès, Vincent Berdot, Philippe Davy, Olivier Roberget, Anicet Mbida et Pierre Landry