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Le modèle de location d’applications hébergées peine à décoller en France

Liaisons à haut débit insuffisantes, approche commerciale inadaptée, manque de visibilité… Le démarrage de la location d’applications en ligne se fait attendre.

Louer une application plutôt que l’acheter, ne se soucier ni de son déploiement ni de son évolutivité. Séduisant sur le papier, le principe de la fourniture d’applications hébergées (FAH) n’a toujours pas convaincu les entreprises françaises. Selon une étude conjointe de Cesmo et de Cap Gemini Ernst & Young estampillée ASP Forum, ce marché atteindrait seulement 129 millions de francs cette année. Le décollage interviendrait, au mieux, en 2002, et atteindrait la maturité en 2004 avec un chiffre d’affaires de 1,12 milliard de francs, soit une estimation conforme à celle d’IDC (1,4 milliard en 2004). A noter que cette analyse ne prend en compte que les prestations destinées aux PME-PMI, principales cibles des FAH. “Sur le long terme, les offres grands comptes pourraient représenter jusqu’à cinq fois ce chiffre “, rectifie François-Xavier Pons, consultant Cesmo.

Un certain retard lié au marché français

Pour ce dernier, le retard à l’allumage serait dû aux spécificités du marché hexagonal. “Le manque de connexions à haut débit pénalise le développement d’applications de type GRC et décisionnel, voire bureautique. Attendre vingt minutes pour rapatrier un fichier, c’est rédhibitoire. Les équipes commerciales des FAH ont mal appréhendé le marché Les PME sont plus sensibles à la ” prédictibilité ” des coûts, à la rapidité de déploiement et à la création d’espaces collaboratifs partagés qu’aux simples économies réalisées.”En ce qui concerne les freins inhérents au mode locatif, l’étude montre qu’il s’agit moins de la dépendance aux fournisseurs que des ambiguïtés contractuelles : problèmes de propriété des données, questions sur la facturation, la sécurité ou la continuité de service, par exemple. Pour survivre, les FAH devront non seulement se doter des instruments légaux à même de rassurer leurs clients. Conscients de ce manque de visibilité, l’Aspic France et l’ASP Forum – organisations représentatives des FAH – se sont récemment engagés à fusionner. Le premier, émanation de l’ASP Industry Consortium, apportera sa dimension internationale, et le second ses moyens financiers. Comme aux Etats-Unis, on devrait assister, dans les prochains mois, à une concentration du marché. Dans la course à la taille critique, des partenariats se sont noués entre SSII, éditeurs, opérateurs et fournisseurs d’infrastructures, afin de couvrir toute la chaîne de valeur : application, intégration, hébergement et connexion. Jean de Chambure, net analyste à l’Atelier BNP Paribas, donne gagnants les hébergeurs qui éditent leur propre solution. De préférence en mode web natif, les architectures en client allégé, de type Citrix, ne faisant que “rajouter une technologie à une technologie.” La FAH est déjà une affaire complexe d’un point de vue commercial. Il ne faudrait pas, en plus, qu’elle effraie par ses technologies.

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Xavier Biseul