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Présidentielle 2012 : le Front de Gauche appelle à la révolution numérique

En total désaccord avec la politique numérique de l’UMP, Jean-Luc Mélenchon milite pour que les TIC (technologies de l’information et de la communication) soient mises « au service de l’émancipation des êtres humains ».

Le Front de Gauche prend le numérique à bras le corps. On pourrait croire que le parti du candidat Mélenchon se contente des meetings et des distributions de tracts sur les marchés. Pas du tout ! Il s’est doté d’un arsenal numérique qui se compose d’un site et d’une webApp compatible avec tous les appareils qui gèrent le HTML5. Des applis sont également en cours de réalisation. Mais, au-delà de la webcampagne, le parti a des positions tranchées sur les grands sujets liés aux nouvelles technologies.

« Un débat qui n’a jamais eu lieu »

Sophie Duvauchelle (co-responsable de la commission Numérique du Parti de Gauche) et Jérôme Relinger (membre de la direction nationale et responsable de la commission NTIC du PCF) nous ont reçus pour expliquer leur approche. « Le numérique est avant tout un choix politique, même s’il repose sur une technique. Pour preuve, les dernières révolutions se sont appuyées sur ces technologies. Nous voulons qu’ici aussi, les citoyens s’impliquent », nous explique Sophie Duvauchelle. Pour cela, un wiki a été mis en ligne pour donner la parole à ceux qui désirent la prendre. Il ne s’agit pas seulement d’alimenter une réflexion, mais « d’écrire un projet numérique ambitieux. » À ceux qui pensent que le Front n’a pas de réel projet, Jérôme Relinger répond : « Le numérique nécessite un débat qui n’a jamais eu lieu en France. Dans ce domaine, on ne peut décider à trois et imposer arbitrairement sa vision à l’ensemble de la population. »

Pour ces militants, le débat numérique n’est pas différent des autres projets sociaux : « Des partis (de droite, Ndlr) prônent la concurrence dans le matériel et la non-concurrence dans l’immatériel. Ils oublient que même dans le numérique, c’est l’humain qui prime. Il y a un rapport de force entre la société du péage et celle du partage. » Le lien avec l’Hadopi et la licence globale est fait.

S’inspirer du modèle de la Sécurité sociale

Pour le Front de Gauche, la loi mise en place par l’UMP est le « poisson pilote » d’un projet mondial de contrôle qui apparaît avec l’Acta. Quant à la licence globale, elle ne répond pas réellement aux enjeux posés. D’autres alternatives sont explorées comme l’adaptation du modèle de la Sécurité sociale à celui de la culture ou en créant un service de téléchargement public. « La culture est, comme la santé, un bien commun qui doit être accessible à tous, précise Sophie Duvauchelle. Il faudrait mettre en place un système de cotisation qui est plus juste qu’une taxe. » Pour Jérôme Relinger, il est préalablement nécessaire de « reconstruire un pôle public des télécommunications composé d’acteurs du public et du privé ».

Dans tous les cas, comme l’a affirmé Jean-Luc Mélenchon à différentes occasions, le Front de Gauche est anti-Acta, pour la protection des données personnelles, pour la neutralité du Web, pour le logiciel libre et pour la création d’une discipline scolaire adaptée aux enjeux. Cela a le mérite d’être clair !

Enfin, nous avons demandé aux deux responsables s’ils se sentent proches d’organisations comme le Parti Pirate ou les Anonymous. « Le Parti Pirate ne présente pas de candidat et ne veut pas s’engager pour l’un ou l’autre », explique Jérôme Relinger. Quant aux internautes masqués, Sophie Duvauchelle est claire : « Nous sommes parfois d’accord avec les combats qu’ils mènent, mais la plupart de leurs actions sont contre-productives, comme le blocage du site du Parlement européen. Cela ne débouche sur rien. Et puis, le temps de la révolte n’est pas celui de la révolution. » Les idées avancées par le Front sont effectivement révolutionnaires. Seront-elles reprises ou débattues par les autres partis qui, dans ce domaine, ont moins d’imagination ?

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Pascal Samama