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Le Drian déclenche le Branle bas de combat numérique

La patrie numérique est menacée. Sans céder à la paranoïa, le gouvernement passe à la vitesse supérieure et lance son pacte de cyberdéfense. Un milliard d’euros d’investissement et des premiers résultats attendus fin 2016.

C’est au cœur de l’Ecole militaire des transmissions à Rennes que le ministre de la Défense Jean Yves Le Drian a présenté ce matin la stratégie de cyberdéfense française. « C’est une priorité nationale. Nous subissons des menaces dont la gravité est réelle » affirme le ministre. Son administration confirme d’ailleurs avoir été la cible de près de 800 incidents significatifs en 2013 contre 420 en 2012. « On peut même imaginer un jour le piratage informatique d’une tourelle de char d’assaut », détaille le ministre.

Une croissance exponentielle des cyberattaques qui justifie donc le lancement ce matin du Pacte Défense Cyber 2016 présenté devant un parterre de militaires hauts gradés par Jean Yves Le Drian. Plus qu’un plan, c’est un véritable branle-bas de combat numérique qu’a lancé le ministre de la Défense. L’investissement est de taille : un milliard d’euros, soit trois fois le montant précédemment investi. Un montant que l’on peut juger important si on le compare au budget équivalent américain qui se monte lui à 5,5 milliard de dollars. Cette dépense devrait s’étaler sur trois ans avec un premier bilan attendu fin 2016. Il va aider à mettre en place six axes forts orchestrés autour de cinquante mesures concrètes. « Elles vont nous accompagner au plan de l’anticipation, de la réactivité et de l’expertise », explique Jean Yves Le Drian.

“Il y a une urgence de souveraineté”

Ce pacte, Jean Yves Le Drian le présente aussi comme l’acte de naissance d’une véritable communauté nationale de cyberdéfense. Il s’agit de travailler en bonne intelligence avec l’Anssi, le ministère de l’Intérieur, des partenaires privé, voire des citoyens réservistes spécialisés. Le ministère de Fleur Pellerin est curieusement absent de cette initiative, « mais il est bien entendu partie prenante » rétorque Jean Yves Le Drian, lorsque la question lui est posée. « Ne nous méprenons pas, il y a une urgence de souveraineté. Il ne s’agit pas d’un enthousiasme technologique partagé. Je souhaite une véritable prise de conscience de la part de tous les acteurs sur l’importance de l’enjeu ».

Parmi les six axes de développement retenons le renforcement du système d’information du ministère de la Défense et de ses partenaires, sur le territoire national et en dehors. « Nous devons maintenir notre autonomie en utilisant des solutions et des logiciels souverains », précise le ministre. Le pacte prévoit également de multiplier par six les effectifs du centre d’analyse en lutte défensive (calid), passant de 20 à 120 experts, de créer une force de renseignement d’intérêt cyber. « Nous devons aussi réfléchir au cadre juridique. Celui-ci doit être clair par rapport notamment à la définition des pouvoirs règlementaires du Premier Ministre, du lien avec les acteurs industriels tels que Orange ou encore de la capacité de la France à se défendre et à riposter au niveau de ses entités opérationnelles.

Une réflexion stratégique avec les USA

Le deuxième axe porte sur l’intensification de la recherche. « Il faut préparer l’avenir, indique jean Yves Le Drian, et encourager les étudiants et les centres de recherche ». Le ministère de la Défense va ainsi soutenir deux fois plus de thèses qui portent sur la cybersécurité. Il s’associe également à la création de chaires cyber dans les écoles de Lanvéoc (Marine), Salon (Armée de l’air) ; des initiatives qui viennent se rajouter à celle déjà en place à StCyr. Il s’agit enfin d’augmenter de 25% les dispositifs d’innovation mis en place l’innovation avec des PME/PMI. « Je veux enfin accroître nos relations en matière de cyberdéfense avec des partenaires étrangers. Je suis d’ailleurs en pleine réflexion stratégique avec les américains ».

La formation constitue le troisième axe du Pacte Cyber Défense 2016. Conscient de la rareté des ressources RH en la matière, Jean Yves Le Drian souhaite que soient mis en place des projets pour identifier les profils les plus adaptés et rendre les parcours professionnels attractifs. Des parcours qui reposent sur des échanges croisés avec d’autres ministères ainsi qu’avec le monde de la recherche.

La Bretagne, terre d’accueil de l’annonce du pact de Cyberdéfense constitue le quatrième axe. Le pole d’excellence breton s’appuie sur trois composantes : la formation, la R&D et la vocation opérationnelle et la capacité de projection et d’intervention. Cela se concrétisera par des conduites communes de projets entre des centres d’expertises, des écoles de la région (St Cyr, Ensta Bretagne, DGA, Ecole Navale. « Nous sommes d’ailleurs en train de déployer une plateforme de simulation commune », souligne le ministre. Ces efforts devront profiter aux grands groupes pour créer un » Breizh Cyber Cluster ». ajoute amusé Jean Yves Le drian. Le reste des mesures porte entre autres sur l’optimisation des relations avec des partenaires internationaux tels que l’Otan.

Avec ce pacte, le gouvernement souhaite véritablement faire émerger une communauté nationale de cyberdéfense

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De notre envoyé spécial Frédéric Simottel à Rennes