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Le concept de digital natives n’est-il qu’un leurre ?

Le droit au déréférencement pour les mineurs et une signalétique pour les sites Internet. Ce sont les propositions de la défenseure des enfants Marie Derain qui rend aujourd’hui son rapport sur « les enfants et les écrans ».

Victime de cyberharcèlement, Amanda Todd, 15 ans, s’est suicidée en octobre 2012 à Vancouver. Des Amanda Todd, il y en a eu plusieurs en France comme Gauthier, 18 ans, qui s’est donné la mort après un chantage sur Internet il y a quelques semaines. Et c’est à cause d’un suicide comme celui-là que la Défenseure des enfants, Marie Derain, a décidé de se lancer dans un rapport sur les écrans et les enfants qu’elle remet aujourd’hui au Président de la République. 8 % des affaires pour lesquelles, elle est saisie concernent les contenus numériques. Un chiffre en constante augmentation depuis 2009.

Eduquer les enfants, sensibiliser les parents

Téléphones, consoles de jeux vidéo, écrans d’ordinateur, télévisions ou tablettes, les écrans sont devenus omniprésents dans la vie quotidienne des petits et des adolescents. Aujourd’hui, même les bébés peuvent expérimenter dès leur première année l’usage tactile d’un smartphone. Pourtant, Marie Derain relativise aujourd’hui le concept de « digital natives » (natifs numériques) désignant les nouvelles générations nées et ayant toujours évolué dans un monde d’écrans.

Non, la maîtrise des outils numériques n’est pas instinctive. Elle nécessite une éducation et un accompagnement des parents. « Le concept de digital natives est peut-être un leurre. Les enfants de maintenant sont à l’aise avec les nouvelles technologies comme les générations précédentes l’ont été avec la télévision. C’est une question d’environnement et d’habitude. Mais l’enjeu est de les sensibiliser aux risques. D’autant plus que les parents n’en ont pas suffisamment conscience eux-mêmes », souligne Marie Derain.

La législation est devenue obsolète

Autre problème, les modalités de contrôles et de régulation classiques sont devenues obsolètes avec la convergence numérique. Par exemple, la signalétique concernant une émission de télévision ne sera pas la même si elle est vue sur une tablette. « Le système de la télévision était très protecteur et très organisé. La mise à disposition de ses contenus sur Internet pose un certain nombre de points de droit qui ne sont toujours pas réglés aujourd’hui », explique Marie Derain.

Parmi les dix propositions qu’elle remet aujourd’hui à François Hollande, l’instauration « une plate-forme de réflexion, de proposition et d’intervention rassemblant l’ensemble des acteurs publics et privés du numérique » pour harmoniser les réglementations.

Autre recommandation, la généralisation d’une signalétique à tous les sites Internet pour prévenir des contenus illicites ou comportant des comportements inappropriés. Enfin, et surtout Marie Derain propose de « faire reconnaître aux mineurs le droit à une protection renforcée de leur vie privée et au droit à l’oubli ».

 Ce n’est pas le premier rapport sur le sujet. Espérons que celui-ci ne restera pas lettre morte.

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Amélie Charnay