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La stratégie de France Telecom dans l’impasse

L’effondrement du cours de l’opérateur met à mal le déploiement de sa stratégie. Une situation qui, à son tour, pèse sur le titre…

Les résultats d’Orange ? Meilleurs que prévus. Les pertes de Wanadoo ? Réduites, malgré la poursuite de la croissance externe. L’activité téléphonie mobile ? Rassurante, aux dires des analystes. L’Ebitda (résultats avant impôt, intérêts, amortissement et dépréciations) du groupe France Telecom au premier trimestre a dépassé la moyenne des attentes. C’est peu de dire que ce faisceau de bonnes nouvelles ne s’est pas traduit positivement dans les cours. Certes, les marchés sont tendanciellement baissiers, les valeurs TMT au premier chef. Et France Telecom pâtit des conséquences de sa politique de cotation de filiales (Wanadoo, Equant et Orange), qui fait du titre un quasi-holding.

Un titre divisé par 6,5

Mais la valeur, qui a perdu environ deux tiers de sa capitalisation depuis janvier, 40 % au cours des quatre dernières semaines et a été divisée par 6,5 depuis ses plus hauts, est particulièrement pénalisée. Malgré une ” signature ” au-dessus de tout soupçon ?” en raison de la participation de l’État français ?” la faiblesse du cours de l’opérateur historique français commence à peser sur son destin. Tout nouveau projet de croissance externe devient virtuellement interdit par la faiblesse de l’action. Or, si le groupe a déjà déployé son réseau en Europe, il n’est dominant qu’en France et en Grande-Bretagne, minoritaire en Italie et à peu près absent en Espagne. En Allemagne, la prise de contrôle de Mobil Com, qu’il détient à 28,5 %, implique l’alourdissement de la dette, la société ayant payé au prix fort sa licence UMTS, pour la téléphonie mobile de troisième génération.La dette constitue le deuxième effet négatif de l’anémie boursière. La dette, ou comment s’en débarrasser. Le nettoyage de bilan des grands du téléphone européen s’opère dans l’urgence. Voire dans la panique, pour un British Telecom par exemple, qui s’apprête à donner son autonomie à sa filiale mobiles, et a même récemment reçu une offre de rachat de son réseau fixe ! Mais plus le besoin de désendettement se fait pressant, plus la valeur des actifs à céder diminue. Pour Michel Bon, la potion ne sera pas aussi amère, mais les marchés attendent néanmoins de sa part une action énergique. “ Le flou du programme de désendettement de France Telecom tient aussi à la stratégie de l’actionnaire de référence [l’État, ndlr], qui ne lui a pas permis de procéder à des augmentations de capital quand cela était nécessaire, avance Jean-Pierre Gérémy, le spécialiste des télécoms chez Wargny. De même, la question de la cession de la participation dans ST Microelectronics revêt un arrière-fond politique.

“Un excès de désamour”

Que faire pour stopper l’hémorragie et placer le titre en position de rebond ? “ Michel Bon ne peut ni jouer sur le capital, ni accélérer son désendettement. Or il est conscient de l’urgence. Plaider la bonne santé économique reste son seul levier “, conclut un observateur. Ce que le groupe s’emploie à faire, en multipliant les discours sur l’écart grandissant entre ses résultats et la sanction de la Bourse. “ À l’excès d’amour a succédé un excès de désamour. Rien, dans la conduite stratégique de l’entreprise et dans ses résultats concrets, ne justifie cet opprobre. Le marché a un effort de discrimination à faire“, dit-on à la direction de l’opérateur. Une pédagogie aussi destinée à l’interne. Massivement actionnaires, les salariés voient le titre se rapprocher de son niveau d’achat (27,7 euros, soit 150,87 francs, moins une décote de 20 %), pour la première tranche du plan d’actionnariat, qui vient à échéance en juillet 2002. D’ici là, un retournement est-il possible ? “Avant tout rebond, les sociétés américaines devront avoir brûlé leurs excédents de capital, et pour moi, cela ne se produira pas mi-2002“, prévient Eric Chaney, chef économiste de Morgan Stanley. Minutage serré…

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JMC