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La nouvelle Livebox 5 d’Orange est-elle vraiment plus écolo ?

Coque en plastique recyclé, design contraint et composants limités pour réduire son impact environnemental, le boîtier aligne de sérieux arguments. Un bon début qui peut donner l’exemple aux autres opérateurs… mais la vraie solution serait de renouveler moins souvent ce type de matériel.

« Booster Internet en se souciant de la planète », c’était l’un des principaux arguments mis en avant par Orange lors de la présentation de sa nouvelle Livebox 5 ce 9 octobre. La Directrice Générale d’Orange France Fabienne Dulac a même appelé de ses vœux une certaine « frugalité » du numérique dans le futur, sans oublier de préciser que son groupe se fixait l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Le message était clair : Orange fait désormais de l’environnement l’une de ses priorités.

Une véritable paradoxe pour un opérateur ! Obligé de renouveler son matériel et ses services pour suivre les évolutions technologiques et ne pas se faire distancer par la concurrence, chaque acteur du marché est aujourd’hui prisonnier d’un cycle court de renouvellement de ses box. La Livebox 4 est sortie en 2016 et Orange propose déjà un nouveau modèle, incitant donc ses abonnés à en changer et de nouveaux clients à l’adopter. Or, parmi tous les usages numériques, l’acquisition d’un nouveau matériel est le pire qui soit, car sa fabrication engendre un impact énorme sur l’environnement. S’abstenir de lancer un nouveau boîtier ou retarder le plus longtemps possible son lancement aurait donc été la meilleure solution. Le discours d’Orange peut-il pour autant être qualifié de greenwashing ? La réponse est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Passons en revue les éléments apportés par l’opérateur.

L'infographie vantant les mérites environnementaux de la Livebox 5.
Orange – L’infographie vantant les mérites environnementaux de la Livebox 5.

Des progrès en matière de design

Le premier, c’est que la coque de la Livebox 5 est fabriquée entièrement avec du plastique recyclé. Orange a aussi supprimé le ventilateur pour une ventilation passive, ce qui a contraint le design. Il a également pris la décision d’intégrer moins de composants électroniques, de supprimer l’écran et de ne plus teindre en orange son logo. Plus légère et compacte, la box peut être transportée en plus grand nombre d’exemplaires sur les palettes.

Orange revendique ainsi une empreinte carbone réduite de 29% et une baisse de la consommation électrique de 17 %. Malheureusement, ces chiffres n’ont pas de valeur. « On ne doit pas parler d’empreinte carbone, mais d’un ensemble de gaz à effet de serre à exprimer en kg équivalent CO2 », fait observer Frédéric Bordage, fondateur de la communauté GreenIT.fr et auteur du livre La Sobriété numérique. Par ailleurs, les économies d’électricité sont loin de pouvoir compenser les impacts associés à la production d’une nouvelle box.

Il aurait fallu connaître l’analyse du cycle de vie

Même si Orange est parvenu à réduire son bilan GES (gaz à effet de serre), cela ne signifie pas pour autant que l’impact global de la Livebox 5 soit inférieur à celui de la Livebox 4. « Il y a de très nombreux autres critères à prendre en compte : épuisement des ressources abiotiques, eutrophisation, acidification, éco-toxicité, etc.. Seule une Analyse du Cycle de Vie (ACV) multicritère permet de témoigner d’une réduction globale », nous précise encore Frédéric Bordage.

Le porte-parole de Sagemcom qui fabrique la box en Tunisie avec des composants venant pour la plupart de Chine nous a toutefois assuré que l’ACV avait bien été calculé et que les progrès étaient réels entre les deux modèles de box, sans transfert de pollution dans un autre domaine. Nous attendons les informations complémentaires promises par Orange à ce sujet.

Dans l'usine de reconditonnement de Ingram Micro à Montauban.
Orange – Dans l’usine de reconditonnement de Ingram Micro à Montauban.

Tri et reconditionnement au préalable

Orange n’a pas trouvé en France de partenaire capable de transformer son plastique, car la demande n’est pas encore suffisamment forte dans notre pays. Il a fallu aller jusqu’en Autriche, où la société MGG Polymers se charge de récupérer les coques des vieilles box d’Orange et de les réduire en petites billes qui seront coulées dans les moules des nouvelles. Évidemment, le choix de l’Autriche n’est pas idéal, mais toute la filière est à construire.

Cela a aussi nécessité de mettre en place préalablement un processus rigoureux de recylage des box. Après le tri, le reconditionnement d’une partie d’entre elles se fait à Montauban chez Ingram Micro. Concernant les box non reconditionnables, le plastique part donc en Autriche et les composants, dont les métaux rares, sont traités par Morphosis au Havre. Ils ne sont malheureusement pas tous réutilisables.

Malgré nos réserves, il faut reconnaître qu’Orange fait preuve d’un volontarisme certain et qu’il est le premier à pousser le curseur aussi loin en France pour la fabrication de ses box, et peut-être même en Europe. Espérons que cela crée une émulation et que les opérateurs français se fassent aussi concurrence dans ce domaine !

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Amélie Charnay