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La flexibilité grâce à la supply chain collaborative

STMicroelectronics et l’un de ses grands clients gèrent leur chaîne logistique de façon collaborative. Un serveur d’intégration B to B relie les entreprises.

“Nous n’avons pas de marché captif, au contraire de la plupart de nos concurrents. Nous ne pouvons rester compétitifs qu’en collaborant étroitement avec nos clients”, expose Gilles Sanchez, responsable R&D de la chaîne logistique intégrée, au niveau mondial, chez STMicroelectronics. Et d’exprimer des contraintes contradictoires : “Nous devons à la fois conserver une flexibilité maximale et saturer nos machines. En fait, nous sommes organisés avec un goulet d’étranglement qu’il s’agit tantôt d’ouvrir, tantôt de faire accepter par nos clients.”Dès le début des années 90, il était évident que ces exigences ne pourraient être conciliées que par la mise en ?”uvre d’outils évolués. “En 1991, nous avons brossé les principes du futur logiciel SC- Planner (Supply chain planner) avec l’éditeur i2 Technologies”, précise Gilles Sanchez. Aujourd’hui, cet outil modélise de façon informatique le fonctionnement de STMicroelectronics, et manipule pour cela 20 Go de données. Cette modélisation intègre la capacité de production des usines, le calendrier, les en-cours, les données sur les produits et les demandes des clients. “Pour que ces simulations soient probantes, il faut y injecter une description fiable des demandes des clients. Et, pour cela, il ne suffit pas que les forces de vente rentrent des commandes à travers une belle interface”, insiste Gilles Sanchez.

Automatiser les échanges d’information

C’est pourquoi, dès 1997, le fondeur se lance dans une réflexion sur la supply chain collaborative, visant à automatiser les échanges d’information avec de grands clients, dont HP, Nokia et Thomson multimedia.En 2001, deux projets se sont concrétisés. Ils ne concernent, pour l’instant, que l’un de ces clients, mais l’objectif est bien de tous les intégrer. L’un des deux projets, baptisé DRP (Dynamic replenishment process), relève du concept de CPFR. Il vise une échelle de temps inférieure à quelques semaines. Il s’agit de surveiller au jour le jour l’activité de chaque usine ou entrepôt de STMicroelectronics et de son client. “Ces différents n?”uds de la chaîne logistique s’échangent des messages XML au format RosettaNet, via le middleware webMethods B2B et selon des scénarios appelés PIP”, précise Pierre-Emmanuel Nuiry, responsable des solutions techniques B to B chez ST. Ces scénarios spécifient des notifications de livraisons, des niveaux de stocks, des prévisions d’inventaires, des plans de réapprovisionnement, des en-cours de fabrication et de livraison, ou encore, des alertes.Ces informations ne sont pas exploitées au sein d’un moteur d’optimisation unique qui tenterait de procéder à une simulation globale visant à satisfaire simultanément toutes les entreprises clientes de ST. “Cette vision centralisée d’une place de marché réalisant une telle simulation n’est pas réaliste”, estime Gilles Sanchez. Partant de ce constat, STMicroelectronics a débusqué une solution nommée Leap, du jeune éditeur Saltare, qu’il a déployée sur un serveur d’applications Java. “Au lieu de s’attaquer au problème dans son ensemble, ce logiciel résout en permanence une multitude de petits problèmes, là où ils se posent”, explique Gilles Sanchez. Fonctionnant sur le principe du poste à poste, Leap définit les liens entre certains n?”uds, puis le type de message qu’ils s’échangent.

Une simulation partielle lors de chaque dialogue entre deux n?”uds

Chaque fois que deux n?”uds dialoguent, Leap réalise une simulation partielle et leur renvoie les résultats. Un exemple : à partir du niveau des stocks de deux entrepôts (l’un chez ST, l’autre chez son client) et de celui des en-cours de fabrication et de livraison les concernant, Leap calcule l’inventaire futur et ce qu’il faudra livrer. Il transmet ensuite ces résultats au système du client ?” lui-même équipé de Leap. “Dès qu’il y a consommation d’un côté, il y a réapprovisionnement optimisé de l’autre”, résume Gilles Sanchez.L’homme reste cependant omniprésent dans cette boucle. Leap fournit des éléments de décision à chaque responsable de compte, et c’est ce dernier qui arbitre les conflits entre les usines du client et celles de ST. “La formation et le choix du profil de ces responsables représentent des facteurs essentiels de réussite. Leur champ de décision doit également être bien délimité, car, en cas de conflit entre les contraintes de deux responsables de compte, l’arbitrage doit remonter d’un cran”, précise Gilles Sanchez.Ces conflits sont toutefois minimisés par une démarche en amont ciblant le moyen terme. Cet horizon est traité dans le cadre d’un autre projet reposant sur SC-Planner, d’i2 Technology. Il s’agit, cette fois, d’échanger chaque semaine avec les clients des plans sur les douze mois à venir : capacité de production pour les uns, et prévisions de demandes pour les autres. Là encore, la transmission des messages correspondants est prise en charge par webMethods. SC-Planner les exploite ensuite pour réaliser une simulation.Des points de rendez-vous mensuels ou trimestriels permettent, en outre, de comparer les résultats avec ceux des simulations des clients, et, éventuellement, de générer des alertes. Il est ainsi possible de vérifier que ces plans sont réalisables et, le cas échéant, de prendre la décision d’installer de nouvelles machines, voire de procéder à des embauches.

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Thierry Lévy-Abégnoli