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Les candidats à l’Elysée divisés sur le vote en ligne

Interrogés par la revue Profession politique, les principaux candidats à l’élection présidentielle réagissent sur la viabilité du vote en ligne et le rôle d’Internet dans la vie démocratique.

Le vote en ligne est-il l’avenir du suffrage universel ? Sur ce point, les principaux candidats à l’Elysée, répondant à une enquête du mensuel
Profession politique
, expriment des opinions très contrastées.A quelques rares exceptions, l’échiquier politique est une fois de plus divisé en deux. Si à gauche on affiche une vision prudente, parfois emprunte d’un certain scepticisme, à droite le ton est à l’enthousiasme, voire au prosélytisme.Parmi les candidats les plus réticents, on retrouve tout d’abord, en l’absence de la représentante de Lutte ouvrière, celui de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) Olivier Besancenot. Selon lui, le vote en ligne n’est “pas à l’ordre du jour”. Et de plus, puisque “la fracture sociale recoupe la fracture numérique”, il n’est pas nécessaire de créer des “exclusions supplémentaires”.

Le vote en ligne ? Oui, mais…

Même tonalité chez les Verts, dont le candidat Noël Mamère affirme que “ce n’est pas le vote en ligne qui résoudra la crise de la démocratie”. Si le parti communiste semble favorable sur le principe, son approche du vote en ligne est quelque peu technocratique. Ainsi pour Robert Hue, en préalable au vote en ligne, il faut “une réelle démocratisation des instances de régulation des télécommunications et le développement des systèmes informatiques ouverts”.Mettant en avant l’argument de ” l’égalité devant le vote” “, le Parti socialiste, par la voix de son secrétaire général, François Hollande, avoue un certain scepticisme quant à la méthode du vote en ligne. ” ll ne serait pas acceptable de voir une catégorie de personnes accéder à des faciliter que d’autres n’auraient pas “, explique ce dernier.Du côté du ” pôle républicain “, Jean-Pierre Chevènement estime que le vote électronique est “une fausse bonne idée”. Car “d’une part il s’agit d’une des modalités du vote par correspondance, qui n’est pas autorisé en France” […], et que “d’autre part, le vote électronique comporte de sérieux défis techniques et fait naître des craintes tenant à l’anonymat du vote et à la possibilité de fichage des électeurs”.

Le vote en ligne ? Oui, tout de suite…

A l’exception de Christine Boutin ” très attachée à l’isoloir “, qui n’est ” pas pour le moment “ pour le vote en ligne, le discours de la droite est tout de même nettement plus favorable. Pour Corinne Lepage, qui fut ministre de l’Environnement, c’est ” un excellent moyen de lutte contre l’abstention “.Dans le camps gaulliste, Michèle Alliot-Marie qui assimile Internet à “la reconstitution de l’agora athénienne”, voit dans le vote en ligne un moyen complémentaire des autres formes de vote. La responsable du RPR souligne par ailleurs que l’actuel président de la République a proposé que l’on expérimente un tel type de vote lors de prochaines élections.Parmi les autres” compagnons de route “ de l’opposition parlementaire, que sont François Bayrou et Alain Madelin, le vote en ligne est une solution, si ce n’est LA solution. Pour le président de la Nouvelle UDF, la technique n’est cependant pas encore au point. En revanche, se faisant le porte-parole de l’habile lobbying exercé depuis plusieurs mois sur la classe politique par la société américaine Election.com, Alain Madelin estime qu’après une expérience de vote comme celle en l’an 2000 en Arizona, ” le vote online (sic) devrait être rapidement mis en ?”uvre dans le respect des principes de confidentialité et de sécurité “.Les représentants de l’extrême droite, Bruno Mégret et Jean-Marie Le Pen, jugent pour leur part l’idée “intéressante” et “restent très attentifs aux expériences faites en la matière”.Enfin, dans une opinion aussi atypique que les idées dont il se fait le porte-parole, le candidat du parti du vote blanc, Brice Hersent-Lechatreux estime qu’avec le vote en ligne “le panachage dans les petites communes* deviendrait une opération complexe […] et que le sentiment de fraude serait inévitable”.* Possibilité dont dispose l’électeur de composer lui-même sa liste en prenant des candidats sur les listes en présence.

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Philippe Crouzillacq