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La délinquance virtuelle ébranlée par une police modernisée

Grâce à un site unique, le FBI recueille les plaintes déposées par des internautes floués. Son dernier coup de filet a permis de mettre la main sur les responsables présumés de 117 millions de dollars de larcins.

Les larcins sur le réseau se multiplient, la police américaine s’adapte. Et passe au virtuel. Une vaste opération a permis au FBI (Federal Bureau of Investigations, la police fédérale américaine) d’arrêter 62 personnes et d’en inculper 88, soupçonnées d’avoir détourné 117 millions de dollars au total (137 millions d’euros) aux dépens de 56 000 internautes.Derrière ce vaste coup de filet, un seul et même site : celui de l’Internet Fraud Complaint Center, le centre des plaintes pour fraudes sur internet. Ses pages ont été mises en ligne en mai 2000 par la ministre de la Justice de l’époque, la démocrate Janet Reno, pour fournir au grand public un point unique où déclarer aisément ses misères virtuelles, par simple envoi d’un courrier électronique.

Trois cents plaintes par jour

En 1999, la FTC (Federal Trade Commission), le régulateur de la concurrence, avait recensé 18 000 plaintes virtuelles. Et la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse, recevait de 200 à 300 plaintes par jour. La ministre de la Justice a donc décidé d’agir en centralisant son dispositif sur le Complaint Center (Ifccfbi.gov) basé à Fairmont, en Virginie.Les clés de la maison ont été confiées au FBI et au National White Collar Crime Center (NW3C), le centre de lutte contre la délinquance en col blanc. Charge à eux d’analyser les tendances des fraudeurs et d’intervenir, lorsqu’ils ont accumulé suffisamment d’informations sur un voleur. Depuis le lancement d'” Operation Cyber Loss “?” nom de code de la politique mise en place ?” le Complaint Center a reçu 37,5 millions de visiteurs. 20 000 plaintes ont été enregistrées et 6 087 ont donné lieu à une enquête criminelle.Le vaste coup de filet qui vient de décimer nombre de fraudeurs de la toile a été déclenché par une armée de policiers : 28 bureaux du FBI ont été mobilisés, assistés de la poste, des impôts, de la douane, du gendarme de la Bourse et des policiers de dix États. Quelques compagnies privées, comme Microsoft, étaient même impliquées. Ensemble, ils ont mis un terme à des fraudes aux enchères, à la carte de crédit, sur les investissements boursiers, à des opérations de blanchiment d’argent et des man?”uvres marketing douteuses.

Les fraudeurs prisent les enchères

Terrain privilégié des fraudeurs : les enchères (64 % des cas). Des marchands de petites peluches (Beanie Baby) et de jeux informatiques ont ainsi allégé 200 internautes de 20 000 dollars. Les produits en question n’ont jamais été envoyés. Et le marchand, qui n’avait donné qu’une adresse e-mail ou une boîte postale, avait évidemment disparu depuis belle lurette.Durant le même coup de filet, le FBI a mis à jour la vente de boutiques désespérément virtuelles sur internet : 48 000 personnes ont perdu individuellement quelque 295 dollars. Les voleurs, eux, pouvaient revendiquer une cagnotte de 14 millions de dollars.
Le plus souvent, les victimes ont perdu de petites sommes. Près de 30 % des plaignants affichent une perte inférieure à 100 dollars. Mais certains n’hésitent pas à ouvrir les cordons de la Bourse : 2 % ont été délestés de plus de 5000 dollars.Ainsi, la vente frauduleuse de services et d’investissements high-tech sur le net nest pas rare. À San Diego, en Californie, 39 personnes, qui proposaient des placements fantômes, ont amassé 50 millions de dollars sur trois ans. Des sommes qui filaient vers des paradis fiscaux. Dans la même veine, 36 entrepreneurs ont versé 800 000 dollars à deux ” investisseurs ” qui devaient les aider à lever des capitaux.

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Caroline Talbot à New York