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L’indice de réparabilité va fêter sa première année d’existence : quel est son bilan ?

Lancé au début de l’année, l’indice de réparabilité est, en théorie, un outil précieux pour choisir un appareil que l’on pourra réparer en cas de panne. Mais a-t-il parfaitement rempli son objectif de fournir toutes les informations nécessaires aux consommateurs ?

Depuis le premier janvier 2021, un nouveau critère vous guide dans le choix de certains appareils : l’indice de réparabilité. Comme son nom l’indique, cet indice vous indique si l’appareil pourra être facilement réparé en cas de panne. Il concerne actuellement cinq catégories de produits : les smartphones, les PC portables, les téléviseurs, les lave-linge à hublot et les tondeuses à gazon.
L’indice est une note sur 10, calculée en fonction de cinq critères, avec les mêmes pondérations :

  • Disponibilité de la documentation pour le démontage et la réparation 
  • Facilité d’accès aux pièces à remplacer et besoin d’outils spécifiques 
  • Disponibilité des pièces détachées
  • Prix des pièces détachées
  • Critère spécifique à la catégorie d’équipement concernée
     

L’indice est fourni par les constructeurs. Pour l’instant, il ne fait l’objet d’aucun contrôle, mais cela va changer le 1er janvier prochain. À partir de cette date, la DGCCRF (Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes) pourra effectuer des contrôles. Elle sera également en mesure de verbaliser les marques qui ne publient pas les valeurs de leurs nouveaux appareils ou indiquent de fausses informations. Pour les constructeurs, l’indice de réparabilité peut devenir un argument commercial important, à condition que leurs produits obtiennent d’excellentes notes.

1 – Les constructeurs jouent-ils le jeu ?

Les constructeurs établissent les indices de réparabilité de leurs produits, mais il est encore difficile de les trouver sur leurs sites Web, en allant par exemple dans les caractéristiques.
Par exemple, chez Apple les indices sont regroupés dans une page spécifique du site, peu visible, mais qui donne accès à toutes les notes des sous-critères.
Ce n’est pas le cas chez Samsung, qui communique bien les indices, mais se contente de montrer une grille de calcul générique, sans indiquer les valeurs des sous-critères pour chaque smartphone.

Ainsi, on constate qu’il est difficile de trouver le détail du calcul sur les sites des constructeurs. Par exemple, nous aurions aimé pouvoir cliquer sur l’icône de l’indice pour accéder aux sous-critères.
Heureusement, il existe le site indicereparabilite, lancé par la société d’aide à la réparation Spareka, qui permet de trouver facilement l’indice d’un produit, ainsi que ses sous-notes. Spareka nous précise qu’il y a désormais sur la plate-forme 1 100 notes référencées, contre 450 au mois de juin dernier. Le site compte 458 smartphones (note moyenne de 6,53/10), 120 téléviseurs (note moyenne de 6,23/10) et 87 ordinateurs portables (note moyenne de 5,87/10).

Les indices de réparabilité sont également présents dans les grands sites de vente en ligne tels que la Fnac, Darty ou Boulanger, mais n’apparaissent pas forcément dans les listes de produits.
Pour les trouver, il faut aller sur la fiche du produit et, souvent, il n’est pas possible d’avoir les sous-notes. Boulanger nous a signalé qu’actuellement 93% des produits concernés ont un indice de réparabilité affiché dans les magasins et sur le site, et que l’enseigne atteindra sans difficulté les 100% d’ici à la fin de l’année. Par ailleurs, l’indice de réparabilité fait désormais partie des critères de sélections possibles sur le site.

2 – Quelle est l’influence de l’indice sur les achats des clients ?

L’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Energie) nous a indiqué que les premiers retours montrent que l’indice est parlant et connu par les consommateurs.
De plus, les modes d’achats des clients vont évoluer pour prendre en compte cet indice dans les critères de choix. Fin août, une étude menée par Opinionway pour Samsung et l’ADEME révèle que la notoriété de l’indice de réparabilité progresse auprès des consommateurs français : 76% des interrogés en ont déjà entendu parler (contre 71% en mars 2021) et 47% voient très bien de quoi il s’agit (contre 38% en mars 2021).

L’étude donne également des indications sur l’influence de l’indice sur les achats. Ainsi, 90% des sondés l’estiment très utile pour choisir les produits les plus durables et 88% indiquent qu’ils le prendront en compte pour leurs prochains achats.

L’étude révèle également que 83% des sondés seraient prêts à acheter des produits d’une marque qu’ils n’avaient pas envisagée si elle présente un meilleur indice de réparabilité. En outre, 79% des personnes interrogées seraient prêts à renoncer à leur marque préférée si l’indice n’est pas suffisamment élevé.

Enfin, la réparabilité du produit est désormais un nouveau critère d’achat et arrive en quatrième position, derrière la fiabilité et les performances. Le prix reste toutefois le premier critère d’achat.

3 – Quels sont les points faibles de l’indice ?

Le premier point faible de l’indice est qu’il est calculé par les constructeurs, ce qui peut poser des problèmes d’objectivité. Ensuite, les différents critères ont la même pondération (20% de la note finale), sans note éliminatoire.

Comme l’indique Anna Lamy, chargée de mission Environnement et Transport chez UFC-Que Choisir, un prix élevé des pièces détachées va empêcher le client d’envisager une réparation. Ce sous-critère devrait ainsi comporter une note éliminatoire ou bénéficier d’une pondération plus importante. 

Elle regrette également que certains critères ne soient pas plus stricts. Par exemple, un sous-critère dans le calcul de l’indice des smartphones note l’information que donne le constructeur sur le type de mises à jour proposées pour le terminal (sécurité, nouvelles fonctions). Mais il ne tient absolument pas compte de la durée pendant laquelle ces mises à jour seront publiées.
Ce manque d’exigence peut entraîner de la confusion chez le consommateur, qui pense qu’une note supérieure à 5 sur 10 est forcément bonne, alors que ce n’est pas toujours le cas.

A découvrir aussi en vidéo :

 

4 – Quelles sont les évolutions attendues pour l’indice ?

L’indice ne devrait pas subir de modifications dans sa conception, mais va s’ouvrir à de nouvelles catégories : les tablettes, les aspirateurs, les lave-vaisselles, les machines à laver avec chargement par le dessus, et les nettoyeurs haute pression.
Il faudra attendre 2024 pour une refonte en profondeur avec l’arrivée de l’indice de durabilité, qui pourrait prendre en compte des éléments tels que le service après-vente ou la fiabilité de l’appareil.
Il est également possible que l’Union européenne s’inspire de l’indice français pour mettre en place un indice européen, même si cela va se révéler compliqué de trouver un consensus au sein de tous les pays membres.
L’association HOP (Halte à l’obsolescence programmée) est actuellement en train de réaliser une étude afin de faire des propositions pour les prochains produits concernés et pour l’extension de l’indice en Europe.

L’indice de réparabilité actuel peut donc être considéré comme un « premier jet », certes imparfait, mais qui a le mérite d’exister. Dans ce domaine, la France fait office de précurseur par rapport aux autres pays. Pour l’ADEME, les premiers retours sont plutôt encourageants dans la prise en compte de l’indice dans la conception des produits du côté des fabricants, ou dans le mode d’achats du côté des consommateurs. Il faudrait toutefois améliorer la connaissance de l’indice par tous les consommateurs et compléter la formation des vendeurs pour de meilleurs conseils lors des ventes. L’ADEME suggère aussi de faciliter l’accès aux grilles de notation pour les consommateurs, par exemple en plaçant un QR code sur les étiquettes de prix.

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François BEDIN