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IPcenta, à l’exemple des câblo-opérateurs

Completel, opérateur de sept boucles optiques urbaines en France, s’est doté d’une filiale IPcenta dédiée à la fourniture de services d’hébergement Internet. Son modèle de développement se calquera sur celui des câblo-opérateurs.

Pour la fourniture de services d’hébergement Internet, nous explique Jean-Daniel Fogiel, directeur général d’IPcenta France, trois positionnements sont possibles. Le premier est celui de l’éditeur de logiciels de commerce électronique, qui héberge également les utilisateurs de ses produits. C’est le positionnement adopté notamment par Integra, mais il souffre de certaines insuffisances sur le plan de la connectivité télécoms. Le second positionnement est celui de la neutralité par rapport aux opérateurs de réseaux dorsaux IP. C’est celui adopté, notamment, par Interxion. Mais la neutralité par rapport aux opérateurs IP, s’empresse de préciser Jean-Daniel Fogiel, n’est pas ce qui fait la force distinctive d’un hébergeur. Ce serait bien d’avantage la qualité des services fournis. Or cette qualité de service, malgré la profusion des offres et des annonces, laisse toujours beaucoup à désirer. Les premiers clients sont très insatisfaits et se sentent pieds et poings liés. Les incidents sont rarement traités dans les délais. A chaque imprévu, on ne cesse de leur réclamer des charges supplémentaires…Le troisième profil est celui des hébergeurs, qui au départ sont avant tout des opérateurs de réseaux IP de qualité. Dans ce groupe, peuvent être rangés Worldcom, Colt et Isdnet/Cable & Wireless. C’est également la famille, dans laquelle Completel/IPcenta accepte de se classer, mais avec des facteurs différenciateurs si prononcés qu’il incarnerait presque un quatrième profil.Completel, en effet, n’est pas un opérateur de réseaux IP transnationaux, mais de boucles optiques urbaines multiservices très classiques, puisque basées sur la transmission SDH. Les sept réseaux métropolitains qu’il a déployés en France (Paris, Lille, Lyon, Grenoble, Nice, Marseille et Toulouse) proposent ainsi des services de téléphonie commutée longue distance nationale et internationale, des services d’accès Internet hauts débits, des services de bande passante pour la transmission de données, ainsi que des services d’interconnexion point à point de réseaux locaux Ethernet au débit nominal. Et contrairement à Colt, ces boucles optiques urbaines ne sont pas interconnectées par des liaisons interurbaines exploitées en propre. Pour ce faire, l’opérateur utilise les services de Worldcom, de Global Crossing ou KPNQwest, en les mettant bien sûr en concurrence sur les tarifs.

Une stratégie d’écrémage

Sur ce créneau des boucles urbaines Completel a mis en ?”uvre une stratégie d’écrémage, qui peut être considérée comme un succès. Bien avant ses concurrents, il s’est dépêché d’affirmer sa présence dans d’autres villes que Paris. Le 1er septembre dernier, après seulement neuf mois d’activité, il pouvait ainsi revendiquer plus de mille contrats on-net dans l’Hexagone, parmi lesquels il est possible de citer IBM/AT & T ; Alstom ; Konica ; CNIT ; Cap Gemini ; le ministère de l’Agriculture et de la Pêche à Paris ; Décathlon ; Norauto et Boulanger, à Lille ; les Hospices civils ; Pasteur-Mérieux-Connaught ; les Laboratoires Mérieux ; le Conseil régional Rhône-Alpes, à Lyon ; l’Hôpital St-Joseph, à Marseille ; et Airbus à Toulouse…“Cette stratégie d’écrémage, explique Jean-Daniel Fogiel, nous voulons à présent la reproduire sur les services d’hébergement Internet. Elle consistera à être présent au bon endroit et au bon moment, car les premiers arrivés seront les premiers servis.”A l’exemple des boucles urbaines de Completel, IPcentra se dépêchera donc, après Paris, de s’implanter dans les principales métropoles régionales. Il compte ainsi être le premier hébergeur opérationnel sur Toulouse.“Notre modèle, poursuit Jean-Daniel Fogiel, sera similaire à celui des câblo-opérateurs, qui fournissent à la fois l’accès hauts débits, les contenus, l’accès Internet et le service téléphonique. Nous produirons l’ensemble des infrastructures nécessaires : logicielle, télécoms et informatique. Nous serons sans doute les seuls à offrir une gestion intégrée des réseaux, des routeurs, des pare-feu, des environnements de développement et des serveurs supportant les applicatifs Internet. Nous voulons fournir des solutions d’hébergement proches des clients, et cela sur trois cibles d’applicatifs : le commerce électronique, les intranets et les ASP. Et en matière d’ASP, nous serons très volontaristes : nous ferons en sorte que les clients de nos boucles urbaines deviennent les clients des ASP que nous hébergeons”, insiste-t-il.Le premier Internet Data Centre (IDC) d’IPcenta a été installé à Aubervillers sur un site industriel entièrement réaménagé de 7000 m2, offrant, en outre, 800 m2 de bureaux. Opérationnel depuis novembre dernier, il héberge, d’ores et déjà, le site de commerce électronique de Lafuma, la division Outsourcing, d’Unisys, ainsi que l’intranet de NC Numéricâble et de SEB.Pour le moment, ce centre est raccordé à la boucle optique parisienne de Completel au moyen de liaisons France Télécom et de faisceaux hertziens exploités en propre. Mais, dès février prochain, il y sera raccordé en direct.L’activité IPcenta résulte de l’introduction de Completel au Nasdaq. L’opérateur devait alors présenter, en effet, un projet Internet en parfaite cohérence avec ses activités de boucles optiques urbaines. Cette activité a été constituée par le rachat de deux sociétés : le concepteur britannique de sites web IPcenta et le fournisseur de solutions d’accès Internet ASI (une trentaine de personnes) à Lyon.En France, IPcenta emploie pour le moment un peu moins de 50 personnes. Avec l’Allemagne et Londres, où un autre IDC de 3000 m2 a déjà été ouvert, ses effectifs dépassent les 130 personnes, contre plus de 700 pour Completel. Pour la fin de 2001, les prévisions sont de 260 personnes en Europe.Completel, bien qu’affichant au troisième trimestre 2000 un Ebitda négatif de 25,3 millions d’euros, se flatte d’avoir un financement entièrement assuré. Au 30 septembre dernier, il disposait d’une trésorerie de 563 millions d’euros, y compris 79,7 millions d’euros de dépôts de garantie, contre 629 millions au 30 juin précédent (www.completel.com).

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La rédaction