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Faut-il craindre une mainmise russe et chinoise sur les câbles sous-marins ?

La multiplication des projets de câbles risque de modifier l’équilibre de ce terrain de jeu qui était, jusqu’à présent, sous la forte dominance des Anglo-saxons.

Les têtes pensantes de l’Atlantic Council, un think tank américain, commencent à sonner l’alarme. Selon elles, la Russie et — surtout — la Chine seraient en train de discrètement mettre la main sur le réseau des câbles sous-marins et, par conséquent, sur les énormes flux de données qu’il véhicule.

Selon un rapport que vient de publier le cercle de réflexion, ces deux pays autoritaires multiplient depuis quelques années les projets de câbles. En 2020, Rostelecom, le bras armé du Kremlin dans les télécommunications, a annoncé un programme « ambitieux » pour étendre son réseau sous-marin dans l’Extrême-Orient, notamment pour relier les îles russes au continent. La Russie se voit déjà comme un futur intermédiaire incontournable pour la transmission de données entre l’Europe et l’Asie.

44 projets de câbles chinois en 2021

De son côté, la Chine investit lourdement dans ce domaine, dans le cadre de sa stratégie des nouvelles routes de la soie (Belt and Road Initiative, BRI). Pour la seule année 2021, on dénombre 44 projets de câbles sous-marins chez les trois principaux opérateurs télécoms détenus par l’Etat chinois (China Mobile, China Telecom, China Unicom).
À cela s’ajoute des participations étatiques dans des câbles à Hong-Kong, Macao et dans les Philippines. Cette expansion massive pourrait, selon l’Atlantic Council, modifier en profondeur la topologie du réseau Internet mondial en faveur des Chinois, qui verraient de plus en plus de données étrangères traverser leurs infrastructures, en raison de la nature décentralisée de l’Internet.

Mais ce n’est pas tout. Le cercle de réflexion atlantiste s’inquiète également de l’importance grandissante des fournisseurs et prestataires de services chinois, à commencer par Huawei Marine.
Cette filiale dédiée aux câbles sous-marins aurait déjà assuré la construction ou la réparation d’un quart des câbles sous-marins déployés sur la planète. Autant d’occasions pour déployer en douce une porte dérobée dans ces infrastructures. C’est pourquoi le gouvernement américain a d’ores et déjà pris son bâton de pèlerin pour alerter ses alliés situés dans l’océan pacifique.

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Un autre risque, plus diffus, émerge au niveau de la gestion technique des câbles. Pour des raisons de coûts, ces derniers sont de plus en plus administrés à distance, au travers de logiciels spécialisés. Il y a de fortes chances que ces accès distants soient pris pour cible par des groupes de hackers étatiques. En cas de réussite, ceux-ci pourraient alors saboter l’infrastructure, modifier le routage ou collecter des flux de données.

Pour contrecarrer l’arrivée de la Russie et de la Chine dans le domaine des câbles sous-marins, l’Atlantic Council fait une série de recommandations pour augmenter la transparence financière des projets et assurer une meilleure sécurité des déploiements. Un vaste projet. 

Source : Atlantic Council

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Gilbert KALLENBORN